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ICircher s’empara dé cette idée qui fut reproduite de
nos jours sons le titre de Manuel interprète des correspondances,
par Cambry.
M. Demaimieux donna ses essais de pasigraphie et de
pasilalie.
M. de Pariés Firmas chercha, en 1811, à les appliquer
au télégraphe, dans son livre de la Pasitélégraphie.
Enfin, en 18S5, M. l’abbé Bonifacio Sotos Ochando,
docteur en théologie, ancien membre du conseil de l’Instruction
publique de l'Espagne, publia un projet de
langue universelle.
Les pasigraphes étaient, presque tous, des hommes
d’un esprit ingénieux, d’une immense érudition, d une
patience infatigable.
Presque tous ont réussi à classer les idées, à combiner
logiquement des signes simples à simplifier les formes
grammaticales. Leibnitz leur rend ce témoignage.
Dudiirn egrcgii quidam viri excogitaverint linguam
quamdam seu characteristicam universalem, quâ n o -
tiones et res omnes pulchrè ordinantur et cujus auxilio
diversoe naliones animi sensa communicare et quoe
scripsit alter in suâ quisque linguâ legere queat.
§ X . C A U S E S D E L ’ IM P U I S S A N C E D E S P A S IG R A P H E S .
Mais toujours ces ingénieuses combinaisons sont tombées
devant l’indifférence publique, elles ont péri sans
laisser de trace. Elles n’ont pas même pu s’établir comme
idiome scientifique.
La raison de cette impuissance est facile à reconnaître.
Une langue arbitrairement construite sur une base fournie
par la science, ne peut représenter qu’un moment
déterminé de la vie scientifique. Si le monde savant
avait adopté au xvn® siècle la pasigraphie de Dalgarno ou
celle de Becher, comment pourrait-elle représenter les
nomenclatures de notre époque? Comment une pasigraphie
inventée aujourd’hui suffirait-elle aux idées nouvelles
qu’amèneront demain les conquêtes inévitables de
la science? Les langues scientifiques ne sont que des
classifications utiles au présent, mais sans cesse augmentées,
détruites, renouvelées, changées complètement.
D’ailleurs une langue, non plus qu’une religion, ne
peut être le résultat d’une invention individuelle; pour
avoir un avenir il faut qu’elle ait un passé. Sous le chaos
apparent des langues mortes et vivantes, il n’existe pas
une racine qui n’ait sa source profonde dans le triple et
mystérieux rapport de Dieu, de l’homme et du monde.
Les premiers rayons de la science du langage ne sont
pas encore descendus jusqu’à la foule, et cependant cette
foule qui ne peut soupçonner l’unité et la fécondité des
racines adamiques, sent instinctivement qu’il y a dans
son langage même le plus inculte un principe supérieur
aux opérations artificielles, aux conventions ingénieuses
des savants.
A quelques esprits timorés, l’espoir de créer une
pasigraphie semble inspiré par un orgueil satanique.
Faire une langue, disent-ils, c’est empiéter sur l’oeuvre