
fameux pont de Rama, qui unissait la côte du Dékan à
celle de Ceylan ne serait plus une fable. L’ethnographie
moderne a constaté d’une manière certaine à Sumatra et
à Iesso, l’existence de plusieurs peuplades, dont le corps
est entièrement couvert de longs poils. A la nouvelle
Galles, aux environs delà baie des Verreries, on a rencontré
des sauvages dont la grosse tête se rapproche, par
la forme et le peu d’ouverture de 1 angle facial et de la
disposition des protubérances, de celle des orangsf d’une
manière bien plus frappante que chez les nègres. Suivant
Collins, l’intelligence bornée et presque nulle de ces êtres
d’ailleurs très-velus et très-agiles à grimper sur les arbres,
les place à peu de distance des singes. S’ils sont les descendants
du singe héroïque du Ramayana, ils n ont rien conservé
du génie de leurs pères, ou bien les poètes de
l’Inde abusent de leurs privilèges, quand ils nous représentent
Hanouman qui dispute à une Gandharva le prix
du luth et du chant.
Ce serait encore Sumatra qui recèlerait les derniers débris
de cette race, autrefois nombreuse dans l’Asie centrale,
à laquelle une tête énorme sur un corps chétif
donne l’apparence des pygmées. Les anciens Chinois
mentionnent encore l’existence de plusieurs peuplades,
éteintes ou dispersées qu’ils ne pouvaient rattacher à
aucune des cinq figures de 1 homme ; car, depuis un
temps immémorial, ils ont ainsi divisé l’espèce humaine :
race gris bleuâtre, race jaune, race rouge, race blanche
et race noire ( Tsing, hoang, lchè,pè, h é ).
Iao (2,557 av. J.-C.) semble avoir eu bien de la peine
à résoudre celte question : où commence l’humanité dans
la chaîne des êtres? 11 trouva enfin cette réponse : l’homme
se reconnaît à trois caractères distinctifs : l’idée du devoir
dans les relations sociales, l’amour paternel stable, et l’institution
du mariage. C’est par là que les trois grandes
puissances, le ciel, la terre et l’homme (tien, li, jînn) sont
unies dans l’oeuvre de Dieu. Ainsi, malgré les apparences,
le kourilien d’Iesso, le singe du Dekan et le noir
de Malicolo sont des hommes, mais le Kio ( qui mulieres
rapit et ex illis filios générât) n’est cependant qu’un
animal, dont la ressemblance avec l’homme est tout
extérieure. Une étude sérieuse des historiens chinois
jetterait aussi de grandes lumières sur les questions relatives
à la formation des langues, à l’invention et à la
propagation de l’écriture; car l’histoire est, après la
philosophie morale, la science à laquelle les Chinois ont
accordé le plus d’attention. Si leur littérature est la
première de l’Asie par le nombre,, l’importance et l’authenticité
des monuments, leurs annales forment le corps
le plus complet et le mieux suivi qui existe dans aucune
langue. L’ethnographie a été cultivée avec beaucoup de
soin, et a donné naissance à d’excellents ouvrages, à des
traductions nombreuses des livres sanscrits sur la religion
et la psychologie. — Dans le dernier siècle on a commencé
l’impression d’une collection encyclopédique d’ouvrages
choisis, en 180,000 volumes, dans lesquels, grâce
aux index détaillés que l’Europe abandonne, il est facile