
patente sont transcrits lettre pour lettre ; cette transcription
est toujours facile, puisque les alphabets sémitiques
sont très-riches ; l’alphabet turc, par exemple, a en réalité,
56 caractères; il a le p qui manque à l’alphabet
arabe, le j et le z, le x, l’o bref, et l u qui manquent
à l’alphabet sanscrit. Mais comme l’alphabet romain
employé par les Français, représente le même son par
plusieurs lettres, il faudrait convenir d’un moyen de
distinguer j de g doux, s de c, k de q et de c dur.
Il faudrait ne jamais représenter une lettre romaine par
un point voyelle, comme on l’a fait dans gazeta, parce
que les Occidentaux ne pourraient plus aussi facilement
ramener le mot transcrit à la forme originale, surtout
si on avait négligé, comme il arrive souvent aux^ Turcs,
d’écrire le point voyelle. De leur côté les Occidentaux,
quand ils veulent transcrire des noms, des lieux et des
personnages célèbres de l’Orient, doivent prendre garde
de ne jamais représenter une lettre étrangère par plusieurs
lettres romaines, dont rien n’indique le groupement;
ils doivent aussi s’interdire de représenter le
point voyelle par une lettre, car ils détruisent dans les
langues qui portent encore la trace du groupe hiéroglyphique,
la définition qui résulte de la combinaison des
caractères. En représentant le point voyelle par des lettres
on rend très-difficile la découverte du radical, et tel
mot dont les consonnes sont restées semblables en hébreu,
en chaldéèn, en arabe, en turc et en persan,
paraîtra sous cinq formés différentes, parce qu’il aura été
ponctué différemment. Cependant il est impossible,
comme le voulaient Capelle, Mascelf, Bergier, Lacour et
tant d’autres,de supprimer les points voyelles. Ainsi pour
ne parler qne de l’hébreu dont ces savants désiraient
simplifier l’étude, les points voyelles n’y servaient pas
seulement à indiquer toutes les variétés de prononciation
que le temps avait introduites ; mais ils servaient encore
à représenter une foule de modifications importantes de
genre, de nombre, de temps. Ainsi DBR composé de
trois consonnes variera selon les points voyelles qui l’accompagneront,
et fera dâbâr, parole; dâbar, il a parlé;
dâbèr, parle ; débér, destruction; dober, pli ou pâturage.
Cette observation s’applique aussi aux autres alphabets
asiatiques, à l’aide dësquels on peut facilement transcrire
les noms européens, parce qu’à l’exception du sanscrit,
ils peuvent tous représenter par une lettre au moins,
chacune des lettres de l’alphabet romain, toujours à
l’exception de l’u adouci allemand ou l’u des Français.
L’alphabet mongol a l’u, mais il manque de j. Quant au
syllabaire japonais et aux signes chinois pris phonétiquement
ils ne s’appliqueraient que difficilement et à
l’aide de conventions spéciales, à la transcription des
caractères européens ; il faudrait par exemple y introduire
un signe de mutisme semblable à celui qui indique
dans le syllabaire sanscrit qu’une consonne est muette,
c’est-à-dire qu’elle n’a pas l’a bref avec elle. L’alphabet
arménien avec ses 47 caractères, en comptant les diph-
thongues, est celui qui se prête le mieux à la transcription