
serait quelquefois difficile aux Occidentaux d’en saisir
la portée ; s’il est aisé de comprendre que jî tseù, l’enfant
du soleil, signifie le jour, que le matelot est le bras
du navire, que l’homme en qui réside la raison primordiale
est un religieux sectateur du Tao, il sera moins
facile de deviner une hirondelle sous le titre pompeux de
thiânniù, fille du ciel, ou de reconnaître un préfet dans
le nom bizarre de foù youân, jardin de la ville. Suivant
le père Amyot et les missionnaires de Péking, cette objection
n’aurait pas une grande portée. Le savant auteur
des recherches sur les caractères Chinois dit à cet égard :
les définitions empruntées aux sciences exactes, aux évé-
ments historiques, aux moeurs de 1 antiquité, à la fable
de Fo, ne sont pas, à beaucoup près, aussi difficiles à retenir
qu’on pourrait le croire. 11 en cite plusieurs à l’appui
de cette assertion.
Pensées, sentiment de l’esclave, signifie haine; pensée
dejugement, le coeur qui se juge, conscience; pensée de
Dieu, humilité; coeur de tigre, avidité, convoitise, rapacité;
coeur entier, zèle, application; tenir le fanal de
la barque, gouverner, éviter les écueils pendant la nuit;
ôter la vase du puits, découvrir le mal caché; la main
qui transmet, Xhistorien; maladie de jeune fille, mal peu
sérieux; l’art est à la nature comme la hache à la perle,
l’art est toujours bien imparfait; démon pesant sur
quelqu’un, cauchemar, incube; parole des anciens, proverbe,
discours instructif; l’époux de la terre cultivée,
l'homme, l’agriculteur.u>
La plupart des expressions poétiques et symboliques
ne perdraient rien à être ainsi traduites textuellement et
telle figure qui est inintelligible dans l’isolement serait
expliquée par le texte.
Quant au petit nombre de caractères qui font allusion
à des coutumes particulières, ils demandent sans doute
un vocabulaire spécial ; mais leur intérêt historique les
grave dans la mémoire. En voici quelques-uns : La
main qui lient le balai, la femme de ménage, la maîtresse
de la maison; la fille debout, la femme de second ordre
qui ne peut s’asseoir dans les assemblées de famille ; la
terre du cachet de pierre précieuse, le fie f impérial;
l’homme qui plane au-dessus de la montagne sacrée,
l'immortel.
Reste donc la difficulté de comprendre, à l’aide de la
décomposition, les caractères kiai-in, c’est-à-dire, phonétiques
ou idéo-phonétiques.
Quelques-uns de ces caractères sont bien réellement là
représentation d’un son. Tous ceux qui sont destinés à
transcrire les noms propres étrangers, renfermés ou non
dans un cartouche, appartiennent réellement à cette
classe, tels sont Ièsou, Màlià, Pi la to, fei-li-p è.
Cependant il y a des noms propres étrangers significatifs,
tels sont : lâ tsèu, l’enfant des batailles, le tartare ;
Si îânjînn, l'homme de l’Occident, l’Européen. Le nom
d'liôa-kî, Américain, rappelle la bannière étoilée des
Etats-Unis. Comme il y a pour chaque son plusieurs caractères
de sens différent, la meme valeur phonétique