
simples,autour desquelles lafoule innombrable des langues
devenues instantanément intelligibles pour tous, et pour
toujours, viendraient se grouper dans un ordre admirable.
Et les savants constateraient avec étonnement que les
langues les plus antiques et les plus récentes, les langues
mortes et les langues qui naissent de nos jours portent
l’empreinte du type nécessaire, et sont soumises dans
leur formation à des lois immuables. Ils posséderaient la
plus éclatante démonstration de ce grand principe reconnu
et proclamé par les plus illustres sages de l’antiquité
et de nos jours par Schelling, Linnée, Goethe et le
grand Cuvier.
« Une même loi règne à la fois dans le monde intellectuel
et dans le monde physique ; c’est celle du développement
progressif de l’esprit et de la matière, c’est celle de
la multiplicité provenant de l’unité.
» Ce qui paraissait exception, c’est la règle même ; ce
qui semblait désordre, c’est un ordre plus savant ; partout
la simplicité de la cause triomphe dans la complica-«
tion infinie des effets (1). » (R. Collard.)
(1) Aussi la grande question de l’origine du langage n’a-l-elle
pas encore reçu sa démonstration scientifique.
Dans l’antiquité, Platon déclare la parole d’inspiration divine ;
Diodore, Vilruve, Horace, Lucrèce, Cicéron la croient d’institution
humaine. Lord Monboddo et Adam Smith partagent cette
dernière opinion. Jean-Jacques Rousseau cherche au contraire à
établir la révélation de la parole.
M de Mérian et Klaproth admettent l’existence de la langue
§ VIII. É C O L E A N A L Y T IQ U E O U S C I E N T I F IQ U E .
Scientia nexuum notionum et formarumque huma-
num sermonem constituant. Hoec altiore etiam nomine
Metalingujstica nuper dicta est.
primitive, ils veulent qu'on se représente le langage comme ayant
commencé sur un point du globe pour se répandre ensuite partout.
Condillac et Dugald Stewart, sans discuter la question de fait,
admettent que l'homme, par le développement naturel de l’exercice
de ses facultés, était en étal d’arriver de lui-même à la grande
opération de la formation des langues.
Enfin il y a des savants qui déclarent hautement que l'homme
est l’inventeur de la parole. Ils raisonnent ainsi : Signalons
d’abord deux grandes erreurs ; l’une qui fait remonter l’origine du
langage à une révélation de Dieu, et l’autre, conséquence ou non
de la première, qui a égaré les savants dans la recherche d’une
prétendue langue primitive. La raison la plus spécieuse qu’on
allègue en faveur de la première opinion, c’est que Dieu, en se
révélant à l’homme dans la pensée, devait d’abord se révéler à
lui dans les moyens de la manifester. Mais cette intelligence, cette
véritable et unique révélation de Dieu dans l’homme n’élait-elle
pas elle-même, pour ce dernier, un moyen : 1° d’appliquer l’agilité
de ses membres, l’adresse de ses doigts à la confection d’instru-
tneuls propres à une satisfaction plus prompte de ses besoins ;
2° d’employer son organisation vocale à établir une communication
plus prompte, plus intime et plus expansive avec ses semblables;
3° de se perfectionner dans l’un et l’autre cas, en raison des
nouvelles perceptions qu’il devait acquérir par l’observation de ce
qui l’entourait? Si rien, ensuite, n’indiquait dans la conformation
physique de l’homme qu’il dût faire un usage naturel de la parole,