
s’attendrait à trouver en Finlande une image plus poétique
peut-être que l’Orphée et l’Amphion des Hellènes?
Mais les Finnois furent jadis les voisins de la Grèce, leurs
frères habitent encore aujourd’hui aux bords du Tanaïs,
et le Caucase recèle le dernier débris de la puissante
nation des Huns, chez les Lesghi-awares, on retrouve encore
fréquemment le nom d’Attila, celui de sa fille Eska,
de son frère Bleda, ou Boudak, et d’autres noms des
familles Hunniques, Ouldin, Eslak, Dingilsik, Leel, Tsolta,
Zarolta, Almous et Balamir.
§ I Y . L E F R A N Ç A I S / ' l ’ a l l e m a n d E T L E S L A V E .
Trois langues, le français, l’allemand et le slave se
disputent le continent européen. Propagée par les chefs-
d’oeuvre de notre siècle littéraire et par les conquêtes de
la République et de l’Empire, la langue française est devenue
la langue des sciences, de la discussion, de la politique
et de la diplomatie, elle a su faire oublier sa pauvreté,
sa monotonie ; elle est fière de sa clarté ; et l’on va
jusqu’à prétendre que la marche simple et régulière de
sa construction est tellement conforme aux principes de
la logique et de la raison, que rarement elle admet deux
manières d’exprimer une idée, et que souvent il suffit
d’énoncer en français une proposition qui paraissait juste
dans une autre langue pour en faire voir immédiatement
la fausseté. La langue française domine en Belgique,
dans le duché de Luxembourg, l’archipel Anglo-Normand,
dans les cantons suisses de Berne, de Neufchâtel,
de Fribourg, de Vaux, de Genève, dans le Bas-Valais,
la Savoie et le val d Aoste ; elle pénétré lentement dans
l’Algérie ; elle règne encore dans les colonies que nous
avons perdues, à l’ile de France, aux dessous le Vent, à
Saint-Domingue, au Canada, dans la Louisiane et chez
les sauvages de 1 Ouest. Sur la carte philologique la
France occupe une^ place assez considérable, mais ce
qu’on ne peut indiquer sur une carte, c’est l’importance
dont elle jouit dans presque toute l’Europe, comme la
langue de la haute société, elle semble par là toucher à
la monarchie universelle. Sans doute elle aurait fait
d’immenses progrès, si elle n’était pas arrêtée du côté de
l’Est par une rivale qui joint à une opiniâtreté extrême
une grande force de propagation. Depuis bientôt deux
siècles, la langue allemande résiste, dans une partie de
la Lorraine et dans toute l’Alsace, aux efforts du gouvernement
français. Elle cherche a dominer en Belgique et
en Hollande, mais c’est surtout aux idiomes slaves qu’elle
fait une guerre acharnée. La Prusse orientale et la Prusse
occidentale sont conquises ; des seize cercles de la Bohême,
le slave n’en conserve que trois ; les peuples de la
Hongrie, de la Transylvanie et de la Moravie commencent
à oublier leur langue nationale. On dirait que l’Allemagne
alarmée des théories ambitieuses du Panslavisme frappe
le colosse dans sa base, en détruisant la communauté des
idiomes, en arrachant, chaque jour, des rameaux et des
branches a la grande souche Slavonne j cette guerre pacifique,
ce triomphe de l’intelligence sera peut-être le
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