
peut être représentée par des signes dont la valeur philosophique
est opposée. Ainsi tel nom boudhiste est
figuré, chez les sectateurs deFo, par un groupe de caractères
dont le sens est très-flatteur; chez les lettrés, par
un groupe dont le sens est injurieux et ridicule ; et ces
deux signes contradictoires n’auront qu’une seule et même
valeur phonétique. Les noms bibliques, les noms des
peuples modernes semblent écrits au hasard sans autre
pensée que celle d’indiquer les sons.
On serait tenté de croire que tous les caractères qui
représentent des cris, des sons, des voix, doivent être
phonétiques ; il n’en est rien ; gloussement et aboiement
sont indiqués par des caractères qui signifient : cri
d’oiseau, cri de chien.
On dit qu’une des causes de l’usage des valeurs phonétiques
a été la nécessité d’indiquer les signes caractéristiques
des animaux. Cependant, pour un grand nombre
de ces noms, on a procédé, autant que possible, par définition
; les résultats sont satisfaisants. Il n’est pas difficile
de savoir ce qu’on entend par ver porte-feu, insecte
chanteur des prairies, oiseau parleur, poisson blanc, le
plus grand des pachydermes, l’oiseau qui mange les
oiseaux domestiques et sauvages.
Parmi les noms reconnus pour être idéo-phonétiques,
il en est sans doute dont la signification peut être obtenue
directement par l’analyse des caractères. Prenons pour
exemple quelques-uns des caractères cités par un sinologue
éminent dans son traité : Sinico-Ægyptiaca, page 52.
Le signe tchî qui représente et signifie seul une
mesure, diviser, joint au signe déterminatif générique
FEMME ü signifiera femme publique ; parce que, dans
la langue parlée, on exprimait l’idée de femme publique
par l’articulation khi. — Jointau signe déterminatif générique
COEUR Jl* : il signifiera sentiment de haine, de■
répugnance, de violence, parce que, dansla langue parlée,
on exprimait cesentiment par l’articulation tchî. —Joint au
signe déterminatif EAU -y ; il sera en même temps idéographique
et phonétique, et il signifiera une division ou-
une ramification d’un ruisseau; adjoint au signe déterminatif
ESPRIT f r il exprimera le mot félicité, bon-
heur|
Dans ces quatre cas, nous pouvons arriver directement
à l’intelligence du groupe chinois ; il suffit pour le traduire,
d’écrire à la suite l’un de l’autre les noms français,
de chaque signe ; ainsi adoptant pour le mot tchî la signification
générale qui se partage, nous avons pour le
pemier caractère, femme qui se partage; pour le second,
eau qui se partage; pour le troisième, coeur qui
se partage, l’opposé du groupe qui signifie coeur entier,
ou de tout coeur ; pour le quatrième, esprit, génie qui
se partage, qui fait participer à ses attributs : nous
avons donc quatre définitions exactes de la courtisanne,
du ruisseau qui se sépare en deux branches, d’un coeur
qui se sépare d’un autre, et de l’état d’une âme unie à
un être surnaturel. C’est surtout quand il s’agit de rendre
le sens des caractères analogues à ce dernier, qu’un Eu