
Malabar, sur les côtes de Coromandel, dans l’Inde Brahmanique.
Chaque jour en Afrique il étend son domaine
aux dépens du copte et du berbère ; il règne en Nubie,
en Abyssinie, il pénètre dans les Oasis du Sahara, il se
propage avec l’Islamisme dans les royaumes du Kordo-
fan, de Darfour, de Bornou, de Borgou, il envahit l’Afrique
occidentale jusqu’au Niger, et s’étend vers l’est
jusqu’au pays des Caffres. A mesure que la race éthiopienne
abandonne ses fétiches pour le Dieu d’Abraham,
la prépondérance de l’arabe est assurée. Non-seulement,
c’est à lui qu’on emprunte les signes des idées nouvelles,
mais on l’étudie, le prophète l’a voulu, apprends l’arabe,
disait-il, c’est la langue du Paradis ; c’est elle, qu’au jour
du jugement Allah doit parler à ses serviteurs.
Si, négligeant les intérêts futurs, nous voulons nous
contenter de l’étude du passé, combien de renseignements
précieux l’histoire peut demander à ces Maures
d’Espagne, qui furent au moyen âge les instituteurs de
l’Occident. Après avoir vu dans l’histoire ancienne la
civilisation passer de l’Inde en Perse, en Egypte, en
Chaldée, en Grèce, en Italie et dominer le monde païen
sous la forme hellénique, pouvons-nous laisser une lacune
dans les annales du monde, et ne pas connaître les nobles
et patients efforts qui nous ont transmis les trésors de
l’antiquité? Comment ne pas suivre avec intérêt dans les
auteurs arabes, les progrès de l’art de la guerre, l’ingénieux
emploi du naphte, du feu grégeois, la propagation
de la poudre à canon, qui devait anéantir la puissance
féodale. L’esprit des règles de cette architecture que nous
admirons aujourd’hui, n’aurait-il pas son utilité ? N’est-
il pas étonnant, comme le dit dans son Vicende delle
Littere, le savant Dénia, de trouver chez les Mahométans
les doctrines et les titres mêmes d’une foule d’ouvrages
théologiques, sur la nature de Dieu, la liberté, la vie éternelle,
qui furent enseignées pendant des siècles dans les
écoles chrétiennes.
II est même plus d’une science qui pourrait gagner à
l’étude des auteurs arabes. Ainsi, leur logique est à la
fois plus simple, plus puissante que la nôtre, elle a quelque
chose de l’algèbre, ses procédés n’ont d’analogue
en Europe que dans la méthode socratique. Les Sémites
semblent avoir reçu, comme un don naturel, cette
logique que nous trouvons dans les livres de Job, des
prophètes et dans le Coran lui-même. Au contact des
formes aristotéliques le génie arabe reçut une excitation
féconde, et les travaux successifs d’Al-Kindi, d’Al-Farabi,
d’Avicenne, d’Àl-Gazel et d’Averrhoës sur l’analyse et
les méthodes portèrent l’art de raisonner à un haut degré
de perfection.
§ VII. L E T U R C .
Le domaine de l’antique race des Turcs s’est étendu
depuis les bords de la mer glaciale et les bouches du
Volga jusqu’aux frontières du Maroc et aux sources du
Nil. La langue turque est encore parlée dans sa simplicité
primitive par les Oïgours Usbecks du Turkestan in