
Ils peuvent être lus dans toutes les langues comme les
signes algébriques, les caractères chimiques, les ligures
de géométrie ; ils peuvent aussi fournir des dates certaines
à l’histoire des sciences et des arts, aux événements
de la plus haute antiquité, aux états successifs de la civilisation
à la Chine, et dans les contrées voisines. Quelques
savants d’Europe ont voulu contester à la Chine son
empereur Iao ; mais leurs objections tombent devant ce
fait, que, depuis nombre de siècles, son nom est placé à
côté de plusieurs symboles, images et caractères même
déjà formés de son temps, pour les déterminer à un
sens plus avantageux. Ainsi à côté du symbole de parole
(parole d’Iao) pour signifier discours saint et religieux
; à côté de l’image de soleil pour dire (lumière
d’Iao) savoir éminent; à côté de celle de pierre (solidité,
roc d’Iao) pour très-solide, inébranlable; à côté du caractère
aliment pour exprimer (nourrir le peuple comme
Iao.) Les statues d’Alexandre et de César ne sont plus,
le nom d’Iao ainsi lié aux caractères, perpetueia son
souvenir et sa gloire d’âge en âge. (Amyot, Fourmont.)
Pourquoi l’écriture chinoise ne peut devenir universelle.
De tous ces faits, l’on doit conclure que le système
graphique des Chinois renferme déjà, bien que sous une
forme imparfaite, enfantine et compliquée, les éléments
précieux de la véritable écriture philosophique, de la caractéristique
universelle de Leibnitz, et que si elle ne 1 emplit
pas exactement les six conditions indiquées par le
(
génie de Folii, elle en approche au moins beaucoup plus
qu’aucune des manières actuelles de peindre la pensée.
Fourmont a osé dire que l’écriture chinoise pourrait
devenir celle de tous les peuples, de façon qu’on entendit
à Paris, en Français, ce qu’un Suédois aurait écrit
dans sa langue à Stockholm et un Moscovite dans la
sienne à Moscou. En parlant ainsi, Fourmont oubliait
que l’habitude du langage prosaïque et découpé des
peuples parvenus aux dernières limites des systèmes
analytiques et phonétiques ne leur permet pas de se
faire une idée de la concision, de la clarté, de l’énergie
de la grâce pittoresque de l’algèbre psychologique de
cette langue écrite, où la plus vaste synthèse s’unit
partout aux détails minutieux de l’analyse ; mais il oubliait
aussi qu’à côté des qualités admirables que nous avons
signalées, l’alphabet chinois présente d’immenses difficultés
et des défauts considérables.
§ XIV. D I F F I C U L T É S E T D É F A U T S D E L ’ É C R I T U R E C H I N O I S E .
1° Cette écriture si ingénieusement inventée a ses inconvénients,
elle demande une main légère et exercée
au dessin pour avoir un aspect agréable ; 2° elle exige
des proportions si régulières dans l’ensemble des images
qu’on ne saurait jamais les tracer avec la rapidité de pinceau
que demande l’impétuosité du génie et la chaleur
de l’imagination ; 3° elle occupe trop de place ; elle ne
peut sans confusion dans la forme, sans altération du
sens, être réduite en caractères cursifs, et par là elle