
Deux botanistes éminents, M. de Siebold et M. Hoffmann,
disent en parlant de la Chine et du Japon : a Si
ces pays étaient occupés par des barbares, nous nous
contenterions de ce que les voyageurs y découvriraient
et nous communiqueraient, mais les indigènes de la
Chine et du Japon jouissant d’une très-ancienne civilisation
, et ayant examiné et déterminé la végétation
du sol, se sont créé une littérature indigène, sur le
règne végétal. Cette littérature nous offre une ample
moisson de notions intéressantes sur la patrie, la migration,
la distribution géographique, l’usage des plantes
cultivées, et nous promet, outre la connaissance de cette
Flore, les notions les plus intéressantes sur l’industrie et
les arts ; témoin le ver à soie du chêne. Pour faciliter
l’accès de ces sources, il nous faut un lien qui unisse la
littérature botanique de ces peuples avec les recherches
et les découvertes de nos savants ; il nous faut une
synonymie enfin, où, à côté du nom systématique donné
par nos naluraÿstes, soit rangé le nom chinois. Notre
travail est un pas vers ce but % et M. Hoffmann établit
d’après soixante-quatre botanistes, cette synonymie pour
630 plantes Sino-japonaises. Le dictionnaire du Père
Bazile de Glemona en mentionne un grand nombre, que
M. de Guignes est dans l’impossibilité d’indiquer en
français autrement que par ces mots : espèce d arbre,
sorte de plante. Par exemple, qu’est-ce que le nân-mou,
ce mélèze incorruptible que les architectes chinois préfèrent
au marbre et à la pierre?
Au point de vue zoologique, les naturalistes chinois
signalent aussi plusieurs anomalies qui se rattachent à des
questions d’histoire universelle et d’anthropologie dignes
d’attirer l’attention des savants de l’Europe. Que doit-on
penser de l’oiseau des glaciers (tcha-kèou), de l’oiseau
jsuif, du syryrn, ce dernier est-il un dinornis ou un condor?
la Chine aurait-elle pu conserver jusqu’aux temps historiques,
et peut-être jusqu’à nos jours, des chevaux, des
chiens, des ours et des renards d’une grandeur prodigieuse,
dont les analogues n’existeraient plus en Europe
qu’à l’état fossile? ( Kiâo, lay, ngâo, ouan-yên?J Les
Chinois primitifs ont-ils pu rencontrer dans les plaines
brûlantes et inondées de leur pays, des individus échappés
à la destruction des grands sauriens des époques
antédiluviennes ?
Quand nous comparons les anciennes traditions du
Japon, de la Chine et de l’Inde, elles s’accordent à nous
dire que l’Asie Orientale était autrefois habitée par deux
races puissantes qui s’en disputaient la possession. La
première de ces races était noire, anthropophage, et d’une
taille colossale, la seconde était petite, agile et velue
comme les singes, dont elle avait le museau proéminant.
Le noir Ravana, le ravisseur de Sita ne serait pas un être
allégorique, mais un personnage réel, chef des noirs Var-
varas de Lanka. Hanouman et Sougriva, ces deux princes
des singes ne seraient pas non plus des personnages mythologiques
; mais les anciens chefs d’une nation qui a
vécu sur le continent asiatique. La construction de ce