
chissable dans l’Allemagne, formant l’avant-garde de
cette immense armée de la civilisation, qui aurait pour
corps de bataille l’Angleterre, la France, l’Espagne,
l’Italie, et pour réserve la grande Amérique du Nord.
§ V. L A N G U E S R O M A N E S .
Si la France veut conserver en Europe son antique prééminence
il faut quelle resserre étroitement les liens qui
l’unissent aux peuples de langue romane, et qu’elle augmente
par des services moraux et scientifiques l’ascendant
légitime qu’elle possède aujourd’hui dans tout l’Orient
; il faut que les peuples de l’Asie aient un moyen
prompt et facile de s’initier à l’étude des langues de
l’Occident. La philologie comparée nous indique un puissant
moyen d’amélioration, qui a parfaitement réussi
dans l’Indoustan et dont nous pourrions faire une heureuse
application à l’étude des langues romanes.
Suivant le traité de rhétorique de Manicya Chandra,
radjah de Tirhout, suivant Colebrooke, Ellis et M. Lassen,
il y a six dialectes populaires ou dialectes prâcrits, lesquels
en suivant l’ordre de leur plus ou moins de ressemblance
avec le sanscrit sont: 1° le pràkrita (pracrit
propre) dont se servent les Mahàrâshtrici (Mahrattes),
et qui fut autrefois parlé par les Saraswates et régna pendant
de longues années dans tout le sud et l’ouest de
l’Indouslan ; 2° le çaurâseni, langue des Suracènes du
pays de Matthura ; 3° le màgad’hî ; 4° le paiçachî des
provinces de Kékaya et de Pàndya, son dérivé ; 3° le
chùlika-paiçachi, propre au Gàndhara, au Népal et au
Kountala ; 6° l’apabrança des habitants du pays d’Abhira
sur les côtes occidentales de l’Inde.
Ces divers dialectes prâcrits ont chacun pour la formation
de leurs vocables, leurs règles étymologiques et leurs
habitudes particulières de permutations alphabétiques.
Les grammairiens Hindous ont donné la méthode à suivre
pour transformer un texte sanscrit pur en pracrit. Ils ont
de même déterminé les principes d’après lesquels un
dialecte donné du pracrit se transforme en un autre et
toujours d’après un système régulier d’altérations. Plusieurs
philologues allemands et français ont déjà essayé
quelque chose de semblable pour les langues teutoniques.
On a dressé des tableaux synoptiques des mots similaires
qui se trouvent dans les langues persanne, moeso-
gothique, islandaise, suéo-gothique, allemande, suédoise,
danoise, anglo-saxonne, anglaise, alémanique ou francique,
haut et bas-allemande ; il serait encore plus facile
de trouver la règle des transformations et des permutations
pour les mots latins, romans, provençaux, espagnols, portugais,
italiens, français, et même anglais, car 29,854 de
ces derniers sur 45,000, procèdent directement de radicaux
latins. Les résultats pratiques de ce travail seraient
d’une haute importance, puisque le français prend chaque
jour une extension nouvelle et tend à devenir la langue
des classes lettrées de l’Europe, de l’Orient et de l’Amérique
du Sud. Puisque l’italien est parlé dans presque
toute l’Italie et les iles de la Méditerranée, dans une