
chaque jour, les relations politiques et commerciales de
la Grande-Bretagne, ainsi que ses nombreuses missions
évangéliques vont le porter dans toutes les contrées du
globe ?
La stérilité et l’impuissance relative de l’anglais doivent
être attribuées à son orthographe incertaine, toujours en
désaccord avec la prononciation ; plus encore à l’obscurité
de ses voyelles, au sifflement de ses consonnes, au
grand nombre des monosyllabes durs et saccadés du
vieux saxon, à l’anéantissement des syllabes après celle
qui est affectée de l’accent. Ces difficultés sont-elles insurmontables,
doivent-elles subsister aussi longtemps que
la nation? Je ne le pense pas, des langues plus saccadées
et plus dures encore que l’anglais, se sont assouplies, et
déjà, dit-on, aux Etats-Unis, aux Antilles et dans l’Inde
anglaise, la prononciation est plus uniforme et plusdouce
que dans la mère patrie.
Enfin, les étrangers ne rencontreront plus dans l’étude
de l’anglais des obstacles sérieux, dès qu’on aura
adopté un moyen d’indiquer à la fois l’orthographe étymologique
et la prononciation réelle.
§ III. L A N G U E S F I N N O I S E S .
Dans les vastes régions de la zone circumpolaire, nous
ne trouvons aucune nation puissante. Les Esquimaux
sont encore sauvages;legroënlandais n’offre rien de remarquable
sous le rapport philologique, si ce n’est la
richesse de ses formes grammaticales qui lui permettent,
à l’aide des modifications et des flexions dont chaque
mode et chaque temps sont susceptibles, de conjuguer un
verbe de 180 manières différentes. C’est en comparant
cette opulence et celles de plusieurs peuples barbares à
la simplicité des conjugaisons de l’anglais, du copte et
du chinois, qu’on est arrivé à penser que le luxe des
formes verbales n’était pas un signe certain de civilisation.
— Sous la même latitude vivent des peuples antiques;
Lapons, Finnois, Estoniens, Permiens, Biarmiens,
Samoïedes, Votiaks, Yogouls, Osliaks d’Obi, Tchouva-
ches et Tcheremises, tour à tour opprimés par les Scythes
royaux, les Golhs, les Huns,les Mongols et les Busses.
Ils n’ont jamais pris une part directe aux affaires de
l’Europe; ils n’ont pas encore de littérature, et cependant
c’est une chose bien remarquable que la disposition
innée des Finlandais pour la poésie et pour la musique.
Souvent dans l’intérieur du pays un village misérable,
caché au fond des bois et des marais, voit naître dans son
sein un poète populaire, dont les chants rustiques sont
pleins de verve, de sentiment et d’esprit. La musique
joue dans les légendes finnoises un rôle intéressant. On
y voit les sables du rivage se transformer en diamants,
les meules de foin accourir d’elles-mèmes dans la grange;
les flots de la mer se calmer, les arbres se mouvoir en
cadence et les ours s’arrêter avec vénération aux accents
de la lyre de Waina-Moïnen, qui, saisi enfin lui-même
par le pouvoir de sa magie, tombe dans une douce extase
et verse au lieu de larmes un torrent de perles. Qui