
ropéen comprend l'impossibilité de traduire par un seul
mot français la définition donnée par les groupes chinois.
Ainsi dans le seul chapitre consacré à la clef chî, esprit,
dans le dictionnaire de Guignes, quinze groupes chinois
sont représentés successivement par le seul mot bonheur ;
tandis que l’analyse des signes hiéroglyphiques nous
montre que les Chinois attribuent, à l ’intervention des
âmes bienheureuses des ancêtres, tous les genres de
bonheur, tous les états prospères, toutes les chances favorables.
C’est le lar familiaris qui fait participer ses
enfants à l’existence supérieure, c’est lui qui dirige le
glaive du héros; chasse les démons et les tigres, donne
ici-bas la stabilité, l’impassibilité de la vie éternelle, la
santé, la richesse et les bonnes inspirations.
Je pourrais continuer cet examen, et montrer que parmi
les exemples cités dans le Sinico-Ægyptiaca, presque
tous donnent des définitions assez claires, mais les limites
de ce mémoire et le manque de caractères chinois ne
me permettent pas ces développements.
Suivons ici les inductions de l’analogie, avec d’autant
plus de raison qu’on ne peut plus douter de la formation
similaire des écritures chinoise et égyptienne, signalée
par les missionnaires de Péking, par de Guignes le père,
et démontrée scientifiquement par M. Pauthier.
Parmi les hiéroglyphes égyptiens, de nombreux signes
doivent avoir aussi tout à la fois une valeur idéographique
et une valeur phonétique, représenter un sens
et un son complet, en ce cas; l’intelligence du sens peut
être obtenue directement, par la seule interprétation des
figures.
M. Lepsius signale à ce sujet, chez les Egyptiens, une
tendance primitive et continuelle, à ne pas renoncer aux
signes symboliques. En effet, dit-il, dans sa lettre à
M. Rosellini, cette écriture symbolique, propagée de
génération en génération depuis tant de siècles, s’était
trop identifiée avec la religion, les mythes, les coutumes
des Egyptiens, pour pouvoir être remplacée par le système
uniforme sans attrait pour l’oeil ni pour la fantaisie,
d’une écriture purement phonétique. Qu’on se figure
ces milliers d’inscriptions brillantes, imposantes par la
variété des objets, qui couvrent les temples, les palais,
les obélisques et les statues, transformées dans une répétition
monotone de ces vingt ou trente lettres de notre
alphabet.
Les signes employés symboliquement figurent souvent
comme un éclaircissement d’un groupe alphabétique, de
sorte que l’on a en même temps et la prononciation du
mot et une métaphore qui s’y rapporte.
Je reviendrai plus tard sur celte question. Dans la
première partie de mon travail, je ne m’occuperai pas
des langues mortes, je ne dirai rien non plus des langues
nombreuses qui disparaissent chaque jour en Afrique et
en Amérique, au contact des langues conquérantes et des
hybrides dont j’ai fait l’énumération. Ces langues présentent
certainement, surtout celles de l’Afrique, plus d’un
point de vue intéressant; ainsi que l’esquimau, le groen