
§ XY I. D I F F I C U L T É S Q U E P R É S E N T E L A R F .C I I E R C I I E D ’ U N
C A R A C T È R E C H IN O I S D A N S L E D I C T I O N N A I R E .
Tout dictionnaire hiéroglyphique étant nécessairement
divisé en classes, rien de plus aisé que de chercher l’explication
d’une figure, quand cette figure représente fidèlement
un objet, quand elle est facile à retenir, quand
elle a une valeur invariable. Ces qualités qui rendent extrêmement
simple l’usage du dictionnaire égyptien de
Champollion manquent totalement aux meilleurs dictionnaires
chinois. Les radicaux chinois ont perdu pour la
plupart leur valeur figurative ; ils ont perdu le pouvoir de
parler aux yeux ; il est difficile de fixer dans la mémoire
leurs formes bizarres et compliquées; leur signification
varie suivant la place qu’ils occupent dans les groupes.
La recherche d’un caractère chinois dans un dictionnaire
est une opération assez embarrassante pour les
commençants, quand même ils auraient de l’instruction
et l’aptitude nécessaire pour apprendre les langues.
Lorsqu’en traduisant on rencontre un caractère dont
on veut connaître la prononciation et la signification, on
doit, pour y parvenir, examiner d’abord quelle est la clef,
la chercher ensuite dans la table des clefs, et enfin dans
le dictionnaire parmi les caractères dont les traits sont en
nombre égal aux traits du caractère qui est joint à la clef.
Par exemple dans le groupe 1 dont on ne sait
ni la prononciation, ni la signification, il faut premièrement
découvrir la clef de deux traits qui est
chercher ensuite dans la table des deux cent quatorze
clefs, sous les clefs de deux traits, la clef jîn , qui renvoie
à la page 8 du dictionnaire, dans lequel parcourant, sous
cette même clef jin , les caractères de sept traits, nombre
égal à celui du caractère, on trouvera, page 17,
n° 224 (du han tsè sy y de Guignes), le groupe cherché
qui se prononce P1ÉN, qui signifie commode, avantage.
11 y a donc trois opérations à faire pour trouver la prononciation
et la signification d’un caractère :
1° Reconnaître la clef ouïe radical;
2° Compter les traits qui y sont ajoutés afin de pouvoir,
si la classe est nombreuse, le trouver promptement parmi
ceux qui ont le même nombre de traits ;
3° Enfin trouver le caractère cherché, et choisir parmi
ses acceptions, souvent très-variées, le sens qui convient
le mieux au texte.
Je reviendrai sur cette dernière difficulté, occupons-
nous d abord des deux premières. La clef n’occupe pas
dans le groupe hiéroglyphique une place fixe comme
celle du déterminatif égyptien. S’il y a des radicaux qui
sont presque toujours à la même place dans les dérivés,
il y en a d’autres qui se mettent tantôt en haut, tantôt en
bas, tantôt à gauche, tantôt à droite dans les caractères