
plus nombreuses que dans lout autre idiome, les inter
jections y abondent, et leur signification, comme partout
ailleurs, varie selon des nuances d’intonation que l’écriture
ne peut rendre.
Le fond de la langue chinoise est un véritable langage
de cris et d’imitations naïves des bruits des voix de la
nature. C’est un curieux monument de cette époque reculée
où l’intelligence humaine commençait à mêler
à l’emploi spontané des cris et des gestes naturels, les
premières conventions traditionnelles d un langage articulé.
Un idiome qui renferme un aussi grand nombre d’éléments
primitifs, ne pouvait pas être transcrit par les
syllabaires grossiers, qui se dégagent lentement des grands
systèmes hiéroglyphiques. Le passage du caractère mixte
au caractère purement phonétique, l’oubli du sens idéographique
de l’hiéroglyphe transformé en lettre, la simplification
arbitraire de sa figure première sont des faits
généraux qui se retrouvent en Egypte, au Mexique, partout,
dans l’histoire de l’écriture. Les Chinois ont depuis
longtemps altéré la nature de leur système graphique ;
ils ont écrit les idiomes provinciaux, ils ont représenté la
prononciation des noms étrangers par des caractères figuratifs
qui ne représentent pour eux que des syllabes ;
ils ont changé la forme de ces caractères, au point de réduire
chacun d’eux à un seul coup de pinceau ; mais ils
ne sont pas encore parvenus à transcrire d’une manière
reconnaissable les mots étrangers. Ainsi Christus est def
venu Ki-li-ssè-tou ; Spiritus Sanclus Se-pi-li-tou Su-
na-ko-tou ; français fa-lan-saï ou fo-lan-sai.
Il est difficile de représenter exactement par un mot
les caractères chinois composés.
Quant à la représentation des caractères philosophiques
par le langage parlé, elle est devenue impossible. Le nombre
des syllabes radicales varie de 300 à 629 suivant les
différents systèmes de transcription ; tandis que le nombre
des caractères est fixé à 63,165 par le dictionnaire
composé, en 1054, par Sse-ma-Kouang, et s’élève selon
quelques auteurs jusqu’à 80,000, ce qui ne serait pas
trop dit le P. de Mailla, si on avait égard à tous ceux qui
ont été faits sans modèle et sans règle, » et surtout au nombre
infini qui peut résulter de la combinaison régulière
des clefs pour la représentation des idées nouvelles que
produiront les rapports de la Chine et de l’Occident.
§ XII. D I S T IN C T IO N D E S H O M O P H O N E S P A R L E S T O N S .
Pour obvier à cet inconvénient, les Chinois ont imaginé
un système assez ingénieux d’accentuation, le ton
sur lequel une syllabe se prononce la distinguant d’une
autre, composée d’ailleurs des mêmes éléments alphabétiques,
et formant d’une seule syllabe autant de mots différents
qu’il y a de tons. Mais l’addition de ces tons
n’ayant donné que 1,445, ou, suivant certains auteurs,
1,525 prononciations différentes, ces prononciations
n’ont pu suffire à rendre tous les caractères. Aussi en