
térature orientale ; le bon goût et la raison attestent
qu’aucun fond d’instruction solide, ni de science positive,
n’existe en ses productions. L’histoire n’y récite que des
fables, la poésie, que des hyperboles* la philosophie n’y
professe que des sophismes, la médecine que des recettes,
la métaphysique que des absurdités, l’histoire naturelle,
la physique, la chimie, les hautes mathématiques
y ont à peine des noms ; l’esprit d’un Européen ne peut
que se rétrécir et se gâter à cette école. Il est vrai, di-.
sait-on, que les peuples chinois ont connu des siècles
avant nous la poudre à canon, l’imprimerie, la porcelaine,
la'boussole, les puits forés, que nous appelons artésiens,
l’éclairage au gaz hydrogène et le fond de cale à
compartiments. Suivant le père Amyot, ils auraient
même autrefois possédé l’art de diriger les ballons. On
doit reconnaître que leur industrie est encore florissante,
qu’ils ont exécuté d’immenses travaux pour la construction
des canaux et l’aplanissement des montagnes.
On ne saurait leur refuser un certain talent dans la
disposition de leurs jardins ; mais ils semblent n’avoir
précédé les autres nations dans toutes ces découvertes,
que pour rester stationnaires.
La croyance qu’il n’y avait rien à apprendre de l’Orient
détournait les Européens de l’étude du chinois, plus encore
que sa réputation d’insurmontable difficulté. Aujourd’hui
l’orgueil occidental commence à comprendre
l’injustice de ces accusations d’immobilité qui se prêtaient
si bien à la période et à l’antithèse, on s’aperçoit que la
Chine n’est pas seulement un marché de 400,000,000
de consommateurs, pesant déjà de tout son poids dans
la balance commerciale du monde ; un vaste champ ouvert
à l’ambition politique, à l’exploitation industrielle, à
la propagande religieuse; un nouveau peuple que la
guerre et la vapeur font entrer malgré lui dans le courant
européen. On commence à savoir quel prodigieux
travad se faisait, depuis des siècles, au fond de cette vieille
société si calme, si apathique à sa surface. L’association
du ciel et de la terre (Tien ti wei), celle de la Triade, les
sociétés de secours mutuels, et plus tard, les clubs minaient
sans relâche la puissance de l’empereur Tartare,
et les superstitions des Bonzes, en préparant cette vaste
synthèse où la Bible et les Chou-King, Iê-Sou et Kong-
Tseu sont unis au nom de l’antique divinité nationale, le
Chang-Ti ou souverain suprême (1) ; tandis que le prince
de la paix universelle, Taï-Ping-Wang, arrivait aux
portes de Pé-king, l’émigration Chinoise jetait 20,000
âmes à San-Francisco, et ses essaims féconds de laborieux
cultivateurs, se répandaient dans les régions du
Tropique, jusqu a ce jour mal exploitées par le Nègre
esclave et l’Espagnol indolent.
Un témoin digne de foi, le père Hue, attribue tous les
maux de la Chine à la dynastie Tartare. La fausse poli-
(1) Locution défendue aux Chinois ctaholiques, depuis Benoît XIV
qui décida qu’on donnerait à Dieu le titre de Tien-tchou, maître
du ciel.