
le nombre de la bête, car c’est un nombre d’homme, et
son nombre, est 666. Mais tous les Pères reconnurent
pleinement la divinité de la langue hébraïque : saint
Clément d’Alexandrie, saint Jérôme, saint Augustin,
Origène, saint Ambroise, saint Grégoire de Naziance,
saint Athanase, saint Basile, saint Hilaire ont laissé de
celte croyance des témoignages formels.
Mcmsit lingua per Adam primitùs data, nous dit
Origène, dans son Homélie XIe, sur les Nombres, lingua,
quoe non pars alicujus angeli sed quoe Dei portio p e r-
mansit.
Saint Jérôme va plus loin encore : Initium oris, et
commuais eloquii, et hoc omne quod loquimur hoebream
esse linguam quâ vêtus testamentum scriptum est, u n i-
ver sa antiquitas tradidit. (Epître à Damasus.) Nosse
possumus linguam hebraïcam omnium liguarum esse
matricem. (Sur Sophonie, chap. 3.)
A ces témoignages imposants vinrent se joindre plus
tard deux allégations d’ordre scientifique ; on a dit :
tous les noms bibliques sont significatifs, les noms hébreux
des animaux expriment la nature et les propriétés
de chaque espèce, plus exactement que les noms de
toute autre langue. Ces faits établissent l’originalité absolue
de l’hébreu. Parmi les nombreux partisans de cette
doctrine nous citerons seulement les plus distingués :
Guichard, auteur des harmonies étymologiques; Gaspard
Neumann et Fabre d’Olivet qui vont jusqu’au cabalis-
nie;Buxtorf, Bergier et son éditeur de 1837. Ce dernier
cherche dans la science moderne des arguments favorables
à sa cause. Dansvson essai de grammaire générale,
il dit, après avoir cherché à fonder sur la philologie l’unité
de 1 espèce humaine : Si l’humanité comme le langage,
est une dans son origine, elle n’est pas née en même
temps sur tous les points du globe; en Grèce et à la
Chine, en Afrique et au Canada ; elle a dû apparaître
d abord dans une seule contrée, d’où elle se sera ensuite,
et de proche en proche, répandue sur toute la surface de
la terre. Quel pays a donc été habité le premier? quelle
est la patrie du genre humain ?
L’élude comparée des langues me fournira, peut-être,
des lumières sur ce curieux problème :
1° Un phénomène singulier attire mes regards, et fixe
mon attention. Toutes les langues autrefois parlées en
Syrie, en Arabie, en Chaldée, même au pied du Taurus
et du Caucase, portent, autant que nous pouvons en
juger par les monuments qui nous sont parvenus, les
caractères d’une commune physionomie, dont le type
originel paraît devoir être fixé au centre même des contrées
que nous venons de parcourir, sur les bords de
1 Euphrate, à Babylone. En effet, à mesure que les
langues, par leur position géographique, se rapprochent
de la Chaldée, leurs traits de ressemblance semblent
augmenter et devenir plus frappants, ils s’altèrent au
contraire et diminuent à mesure qu’elles s’en éloignent.
Toutes les langues, la face tournée vers Babel, semblent
regarder leur mère patrie, et comme autant de rayons