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i l a en total 2 pieds T de hauteur, fur 5 pieds 2 pouces de largeur &
9 pouces d'épaifleur , & pefe plus de cent trente livres : on y voit, d'une
• maniéré très-diilin£le , entre les couches de pierre calcaire, un lit de 5
pouces de hauteur , d'un bafalte très-noir , pur, 6c contenant ieulemenc
quelques atomes de fchorl noir , en très-petite quantité. Ce bafalte eft
exadement adhérent à la matiere calcaire quin'en a reçu aucune efpece
d'altération &i qui fait une forte eifervefcence avec les acides : la couche
fupérieure a 9 pouces de hauteur & l'inférieure 16 j la couleur de cette
pierre eft grife en général, mais d'un gris inégal, mêlé de blanc-jaunâtre
dans certains endroits : non-feulement ces bancs font entièrement
calcaires, mais ils contiennent quelques corps marins j j'ai deux belemnites
qui en ont été cirées. Ce bafalte, entre des bancs calcaires, fe
trouve dans les environs de Villeneuve-de-Berg en Vivarais.
chcs''de"ara°ië 57' morceau non moins intéreflant de 5 pouces de longueur,
dans la pierre fur J i de largeur, fcié & poli d'un côté, où l'on voit fix différentes
petites couches de bafalte entre la pierre calcaire. La plus grande a 9
lignes de largeur, une autre ena 8,une autre 5, & les trois autres une
ligne 6< demie j le tout étroitement lié à la matiere calcaire qui eft faine
& intade. Ces accidens nous démontrent combien le bafalte en fufion
doit avoir de fluidité pour avoir pu former entre les joints calcaires
des zones moins épaifîes d'une ligne, qui, malgré cela, font diilinÛes
& très-remarquables. Ce bel échantillon a encore une iîngularité curieufe
, on y voit entre deux couches de bafalte une fiflure de 2 pouces
de longueur , fur 5 lignes de largeur , qui eft entièrement remplie de
ipath calcaire d'un blanc légèrement jaunâtre, à demi-traniparent : des
environs de Villeneiive-de-Berg.
^îafaite entre 58. Un lit de bafalte dé 3 pouces moins 2 lignes de largeur, fur
ca?re""av""u 5 pouccs d'épaiiTeur , entre deux couches de pierre calcaire d'un
«rutieicdans blanchâtre j morceau des plus inftruâifs, en ce qu'on remarque dans
Jajave. _ l'intérieur même du bafalte , des fragmens irréguliers de la même pierre
calcaire , qui y font encaftrés & intimement liés. Cet accident aide à
réfoudre un grand problême : il n'eft point de naturalifte à qui on préfente
des échantillons ifolés de bafalte entre des couches calcaires , qui
ne dife au premier afpeft : voilà pluiieurs éruptions fucceflives qui reculent
dans un éloignement effrayant l'époque de ces volcans : la premiere
couche de pierre calcaire , pofée par banc, annonce un féjourlong
Se permanent des eaux de la mer fur la terre ; le lit de bafalte qui vient
après , nous démontre un des principaux phénomènes volcaniques qui a
fuccédéàcette éruption diluvienne : nouvelle couche dematierecalcaire:
nouveau retour & autre féjour long des eaux de la mer: enfin, fécond lic
de bafalte, & ainiî des autres alternativement j & on fe perd dans l'immenfité
des temps. Mon idée n'eft certainement pas ici de trop rapprocher
ces époques; il eft d'autres caufes qui indiquent leur très - grande
antiquité ; mais l'énoncé dans l'exaélitude des faits , eft un devoir inviolable
pour moi.
Je ne blâmeroispas certainement le naturalifte qui, envoyant les morceaux
que j'indique , & en les voyant ifolés , tireroit les conjeâuref
dont je viens de faire mention. Ces morceaux font fi frappans, il fauc
l'avouer, ils portent tellement tous le caradere d'une fuite de révolutions
qui
S U R L E B A S A L T E .
qui paroiflentn'avoirpu s'opérer que par des fucceflions de temps lentes
& reculées, qu'il feroit injufte d'exiger qu'on penfât différemment. J'ai
eu moi-même d'abord cette idée lorfque ces morceaux frapperentpour
la premiere fois ma vue ; mais ravi de trouver un objet d'étude auflj intéreflant,
je ne négligeai rien pour obferver toutes les circonftances locales
, & ma conclufion fut que c'étoit un ruiffeau ^ lave venu d'une
montagne voifine , qui s'étoit frayé une route à travers les rochers calcaires,
qui en avoit féparé les lits, qui avoit coulé dans les fiffures, dans les
joints des couches j ce qui fe remarque fur les lieux d'une maniere évidente,
ainiî que je le développe plus au long dans une lettre à ce fujet,
inférée dans l 'ouvrage, à laquelle j e renvoie. L'échantillon qui fait l'objet:
de cet article, annonce feui que le bafalte a foulevé avec effort les bancs
calcaires, opération qui n'a pas pu fe faire fans qu'il y eût disjonñion ÔC
rupture dans certaines parties ; la lave s'emparoit en coulant de tous
les débris, de tous les fragmens qui fe trouvoient fur fa route : ce
font des éclats pareils qu'on voit dans le morceau dont je parle ;j'ea
ai pluiieurs autres dans mon cabinet, qui portent le même caraftere,
dont je ne ferai pas mention ici, pour éviter d'entrer dans de trop longs
détails.
59. Bafalte noir, dur Scfonore , avec un gros noyau de granit blanc,
de deux pouces de diametre : du pavé du pont de Rigaudel en Vivarais, donti«rchoriefl
entre Vais ^ Entraiguë. Ce granit vu à l'oeil nud , offre tous les carac-"
teres d'un granit frais & fain ; confidéré à la loupe, il eft tout différent;
on voit qu'il eft compofé d'un affemblage de petits rhombes de feld-fpath
& de fchorl noir, fans mica : le feld-fpath paroît un peu altéré, & femble
être à demi-vitrifiéj le fchorl eft prefqu'entiérement fondu , & s'étanc
amalgamé avec le feld-fpath qu'il environnoit , il a formé une efpece
d'émail d'un bleu verdâtre , un peu poreux, & légèrement tranfparenr.
Ceci nous montre combien nos yeux, quelque bons qu'ils foient, nous
induifent en erreur : le naturalifte ne fauroit fe paflèr de loupe, plus
particulièrement pour les pierres que pour les autres objets d'hiftoire
naturelle ; la loupe eft pour lui ce qu'eft le télefcope pour l'aftronome.
60. Autre bafalte avec feld-fpath un peu rofacé , mêlé de feld-fpath Avec m
verdâtre; le fchorl dont cette efpece de granit lans mica étoit rempl i , a ajíérj'^''''"''^®^
perdu fou éclat, & reflemble exadement à du bafalte noir : du pont au
Bridón près de Vais.
61. Un morceau de bafalte du plus beau noir, fcié & poli, contenant
une plaque de granit , d'un pouce & 9 lignes dans fa plus grande
face , également fciée & polie. Ce granit qui eñ blanc , mêlé de beaucoup
de fchorl noir non altéré , eft fi intimement joint & lié au bafalte,
que malgré le poli qui en fait reflbrtir tous les effets , la ligne de jonction
n'eft pas remarquable, tant la matiere eft étroitement unie & comme
amalgamée dans le bords; ce qui avoit fait regarder de pareils morceaux
à quelques naturaliftes, comme la preuve du paflàge du granit à l'étal:
de bafalte , parle moyen de la fufion : ils penfoient que les granits étoienc
des reftes de cette pierre qui n'avoient pas encore été fondus ; mais
l'examen attentif de plufieurs de ces morceaux, vus fur place, détruifent
entièrement cette afl'ercion : des environs de Vais.
62. Rare Sccurieux échantillon, où l'on voituneplaque de granit adlié-
-ivec granit
>i3tic nuUetnsjiE
illeré.