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200 L E T T R E A M I L O R D HAMILTON,
térifent le fer j la feconde eft que la couleur verdâtre de ces laves n'eft
qu'un produit du fer lui-même, & voici comme je croirois que cette
operation pourroit être envifagée. Les fumées qui s'élevoient du bas en
haut devoient frapper avec plus de vigueur dans la partie de la montagne
qui fert de bafe aux laves blanches , à celles qui ont moms
été altérées ou qui ne l'ont pas été du tout : non-feulement les matieres
volcaniques de cette bafe devoient être fortement altérées & converties
en argille , mais cette argille étant remaniée & continuellement expofée
à des courans acides, éprouvoit néceflairement un grand degré de divifion
; le fer , qui s'y trouvoit auparavant combiné, avoit le même fort,
èc devoit flotter dans le liquide qui tenoit le tout en diflblution.
Comme ce bafalte décompofé, comme cette argille volcanifée contient
encore quelques molécules calcaires , il eft à préfumer qu'il s'y trouvoit,
à l'époque de fa formation primitive, des fragmens confidérables de
pierre calcaire : on feroit fondé de penfer encore que les eaux de la mer,
qui recouvroient cette montagne, y avoient entraîné des débris de corps
marins. Cesfubftances alkalefcentespouvoient très-bien former un alkali
phlogiftiqué naturel j & ce dernier rencontrant les molécules ferrugineufes
des laves tenues en fufpens & en diflblution dans les eaux imprégnées
du principe acide , devoit les précipiter fous la forme de bleu
de Prufle, couleur qui pouvoit facilement pafler à l'état verdâtre , ou
par la furabondance d'alkali, ou par d'autres moyens fur lefquels je ne
m'étendrai pas pour ne pas me jeter dans de trop longs détails.
I l eft temps que je finifle cette lettre, dont je vous prie de vouloir
excufer la longueur.
Je fuis,
M I L O R D ,
Votre très-humble & très^
obéiiTant ferviteur,
F A U J A S,
R E C H E R C H E S
R E C H E R C H E S
S U R LA P O U Z Z O L A N E V
N E terre volcaniiee propre à faire un ciment, dont là
réputation s'eft foutenue depuis des temps très-reculés
jufqu'à nous ; une terre que les Romains , qui excelloient
dans l'art de bâtir, avoient toujours regardée comme
l'ameScla bafe de lafolidité de leurs conftruaions, & que
Vitruve reconnoiflbic comme propre à opérer des chofes
admirables , genus pulveris quod efficit naturalitcr res
admirandas , méritoit fans doute de faire l'objet d'un mémoire détaché.
L ' i n t é r ê t national, celui des particuliers, m'obligent d'entrer dans des
détails fur cette terre : nous la pofl'édons en France ; elle y eft abondante
; elle peut j circuler facilement à l'aide de pluiîeurs grandes rivieres.
Quelle rell'ource pour la conftruaion des grands ouvrages &C
des monumens publics,à la folidité defquels on ne fauroit trop apporter
d'attention ! Quel avantage pour le citoyen en particulier qui pourra fe
procurer cette pouzzolane à un prix modique ! Si un objet d'utilité
reconnu & confirmé par plus de vingt fiecles d'expériences, doit fixer
l'attention du gouvernement, c'eft fans contredit celui-ci.
On a vu de tout temps des perfonnes curieufes rechercher l'ongine
des chofes dans l'étymologie des mots ; cette maniéré finguliere de s'inftruire
fit fortune dans quelques efprits , 8cdégénéra même en une efpece
d'épidémie à certaines époques. Cette méthode , en général fujette à
mille erreurs & à mille embarras , ne doit cependant-pas être rejetée ,
fur-tout lorfqu'on fait en ufer avec fobriété. On a été curieux de favoir
même aflei anciennement, ce qui avoit pu donner lieu au nom de fulvis
•putealanus (pouffiere, fable de Pouziole, pouzzolane). Quelques écrivains,
& entr'autres Philander, avoient imaginé qu'on ne nommoit cette
terre pulvis putealanus, que parce qu'il falloir ouvrir des puits , putei,
pour la tirer; mais cette foible étymologie, qui ne porte fur rien , ne
fauroit fe foutenir : voici des raifons qui décident la queftion. Un auteur
du cinquième fiecle , Sidoine Apollinaire , évêque de Clermont, célébrant
dans fes poéfies la bonté & l'eflicacité de la pouzzolane dans les
conftruaions fous l'eau, nomme cette terre puhis Dicarchea l-; or,
nous favons par Pline que la ville de Pouzzole fe nommoit très-ancienment
A........... Dicaerchia. On voit donc par là que le pulvis Dicarchea
de Sidoine Apollinaire , que le pulvis putealanus de Vitruve & des
auteurs anciens, fe rapporte direaement à la terre de Pouzzole , a la
n Quelques autettriicriventrpoiio/ani.poujb/ane;
mais le mot poiindant doic écre pcéiéré ; il eft confacriî
parmi les naturaüftes, & pKis analogue à la ville
de ou Pou\:iple à qui il doit Ton origine.
I) Porrigii ingentem fpacioßi mcenibas urbent,
Quam tarnen AusujluhpogaîusfaciiiiUT in is^aor
MoUba,, & nitre, itila, nan comraU, andai.
Namqìit Dicarchea; tranjlìtu, pali", annat
Infralì, falidatar aqai, , dararaqat ntaßa
Siiltlntradl'e3a,ptrtgrina In garglit campas.
Sit It difpaßtam , fptüanttmqat undiqat porta, ,
Vallatam ptlago , ttrraram conimoda ansane.
E e a
r/H