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de M. Pazuraot, que ce ne fut que vers le milieu de l'année 1776 que
ce naturalise fit part de fes obiervations fur la zeolite à Tacadeniie des
fciences de Paris. J'avois moi-même , vers la fin de l'année 1775 , trouvé
Ik reconnu la zeolite blanche à filets divergens, formant une gelée avec
l'acide nitreux , dans le centre du bafalte le plus compafl: & le plus dur
du volcan éteint de Kochemaure en Vivarais. Je ne connoifl'ois ni je
ne pouvois^ connoître alors les obfervations de M. Pazumot, puifque
elles n'avoient pas été lues à l'académie, 5c qu'elles n'étoient peutêtre
pas encore faites à cette époque.
Je fis, vers la fin de l'année 177S, mes premieres expériences fur la
Zeolite de Rochemaure, enpréfence deiVÎ. Bro, ingénieur-géographe de
Montelimar. Peu de temps après M. l'abbé Rozier allant en Corfe me
fit l'honneur de s'arrêter quelques jours chez moi, & je lui montrai la
zéolite de Rochemaure dans le bafalte. En 1776, M. l'abbé Bertholon ,
de plufieurs académies, revenant de Paris, vint voir mon cabinet ; je lui
fis part de ma découverte fur la zéolite dans le bafalte , & il me dit i ce
fujet : M. Paiumot vient du lire, depuis peu de jours, wi mémoire fur la
^éolite trouvée dans des laves d'IJLande & de Gergovia ; votre découverte
viendra à l'appui de Jon mémoire. Au mois de janvier de l'année 1777,
M. & IMadame de Sauflure, de Geneve , s'étant arrêté à Montelimar
pour voir mon cabinet, je répétai fous leurs yeux les expériences fur la
zéolite de Rochemaure. Je fais qu'à cette derniere époque le mémoire
de M. Pazumot avoit été lu ; mais ce n'étoit là qu'une fuite d'expériences
faites antérieurement en préfence des favans que je viens de nommer.
J'envoyai peu de temps après divers échantillons de mes zéolites à M. la
comte de Buffon, à M. le comte de Milly, & à M. Sage.
Je ne rappelle au refte toutes ces circonftances que pour l'exaftitudd
des faits , & non pour difputer à M. Pazumot la priorité de fa découverte
qui ell autant à lui que la mienne eft à moi. Ce naturalifte me fit
l'honneur de venir me voir dans le dernier voyage que j'ai fait à Paris
l'été dernier 1777. Nous fommes abfolument d'accord fur les faits : il
eft inconteftable qu'il a remarqué feul 8c le premier la zéolite dans des
matières volcanifées d'Iflande, du vieux Brifach , de l'île Bourbon , de
l'île de France & de Gorgovia ; tout comme il eft certain que j'ai découvert
moi-même, vers la fin de rannéei775, l a zéolite dans le bafalte
de Rochemaure , avant d'avoir eu l'avantage de le connoître , & n'ayant
pu me former aucune idée de fon mémoire dont la lefture ne fut faite
que le 15 juin 1776, 8c dans un temps où j'étois à i z ; lieues de Paris.
Nos découvertes refpeûives nous appartiennent donc. Je fais que ceci
eft affez étranger aux amateurs de l'hiftoire naturelle, 8c que peu leur
importe que ce foit un tel ou un tel qui ait fait une découverte pourvu
qu'elle exifte ; mais je devois rendre juftice à M. Pazumot ; on ne trouve
pas toujours par-tout autant de candeur 8c de bonne-foi que chez lui.
Ce naturalifte , s'il eût été moins honnête , pouvoir en rigueur me difputer
ma petite découverte, à laquelle pourtant je n'attache pas un
mérite bien exceffif ; il pouvoit dire que fon mémoire ayant été lu au
mois de juin 1776 , faifoit époque, & que tous les témoignages que je
léclamois , quoique refpeSables, ne pouvoient jamais l'emporter contre
ïrn titre auffi légal que le dépôt de l'académie. Bien des naturaliftes Sc
D E L A Z É O L I T E. m
des chymiftes favent qu'on a abufé quelquefois de cette rufe littéraire
pour leur enlever des découvertes qui leur appartenoient véritablement.
J'ai donc cru qu'il étoit de mon devoir de rendre juftice à la loyauté de
M. Pazumot ; je lui dois d'ailleurs une double reconnoifi'ance puifqu'il
a bien voulu me donner une copie de fon mémoire qui eft attendu avec
tant d'impatience par les lithologiftes, 8c qui n'a pas encore été imprimé,
parce que l'académie eft en retard de plufieurs années pour l'impreffioa
de fes mémoires , ce qui eft un mal réel dans un fiecle où l'on cultive les
fciences. J'ai donc penfé qu'on me fauroit quelque gré de le faire connoître
ICI aux favans, 8c c'eft ce qui m'a déterminé à le faire imprimer de
l'agrément de M. Pazumot. J'y al fait quelques notes dans la feule intention
d'éclaircir un fujet auffi difficile , que j'ai traité moi-même par
un mémoire féparé qui fiiivra celui-ci,
M É M O I R E
S U R LA ZÉOLITE,
Lu à Vacadémie royale des fciences j le famedi juin 177S,.
E S dlfférens travaux qu'on a faits jufqu'ici fur la zéolite
n'ayant pas encore fait connoître la nature de cette
pierre iînguliere , je ferois flatté fi, par quelques obfervations,
je pouvois jeter quelque jour fur cette partie
de l'hiftoire naturelle.
Une notice d'un minéralogifte danois (de Ferroë a) qui
m'a été communiquée par feu M. le préfident Ogier, & qui
porte que la zéolite d'Iflande fe trouve dans les cavités d'une efpece de
pierre qui paroit avoir été volcanifée, me dònna lieu d'examiner, avec la
plus grande attention, tousles morceaux que M. Ogier avoit rafferablés
pendant fon ambaflade en Danemarck, & dont il avoit formé la collection
la plus belle, la plus variée, & la plus complete qu'on ait encore
vu en France en ce genre. Je trouvai que la plupart de ces morceaux
tenoient encore avec eux de la terre qui me parut être leur matrice.
L'expérience que j'ai acquife par l'étude que j'ai faite de nos antiques
volcans d'Auvergne , m'ayant afleï habitué à diftinguer les terres volcanifées
, il me fut aifé de reconnoitre que celle qui adhere aux morceaux
de zéolite de la colle£lion de M. Ogier, efl: une terre compofée qui, Les terres gui,
quoique variée en couleurs, a fubi l'adion du feu. M. Sage a acquis la
plus grande partie de ces morceaux ; il efl facile de les examiner à l'aife
pour mieux reconnoitre ces terres 6c juger de leur état de combuftion.
Je puis aflurer que quoique pulvérulentes, elles font inattaquables à
l'acide nitreux ; mais pour difliper tous les doutes des perfonnes qui
pourroient ne pas aflez connoître les terres brûlées , & attendu que le
» La véritable orthographe de ce nom propre eft Foeroe.
adhérent à li
zéolite foni
brûlics.