PI?
i í ^ í
iS
i
'W
m
WÍ34 L E T T R E S .
L E T T R E de M. O z r , chymijie de Clermont-Ferrand, à M.FAVJAS
DE SAINT-FOND. .
Clermont-Ferrand ^ novembre 1777.
M. vous me aemandcz une notice des auteurs qui ont vifiti les premiers les
volcans d'Auvergne, tout autre que moi ne fturoic mieux vous iiiiiruire fur cec
o b j e t . Je fLiJsfurpris que M. de .Caffiny 6c M. le Monnier, qui en 1739 ou 1740.
•voyageant dans cette province, en filant la Méridienne depuis Dunkerque jiifqu'à
ne fefoiencpas_apperçus de ces anciens fourne.^Pcrpigm ux ; je les a c c omp a g n a i
dans le temps au Pi,y dt Dome & aux monts d'Or ; & ,fur cet t e route d'envu^ii a
l i e u e s , on ne marche que furies laves, les pouzzolanes, les nipilli, &c. On y
r e n c o n t r e un nombre conl]d¿rabie de c raiew, tellement qu'en 1751 , ¿tant avec M.
^ e Malesherbes & M. Guettard fur les hauteurs de ces moiitugnes , nous comptâmes
fur la meme ligne 17 à 1S cráteres. L'année avant, il me fut adref l ë M. Olrendorf,
anglais, & M. Bowls, irlandois, ces Meffieursfurent envoyés dans cette province
p o u r examiner quelques mines de plomb. Nous montâmes eiifemble au Puy de Dome
iSi ce fut là que j'appris pour la premier e fois à connbî r r e les cráteres, les laves, &c.
car auparavant n'étois pas plus infiruit fur cet objet que les autres habitans de
c e t t e province. Ce n eft pas feulement dans les environs du Puy de Dome & des
monts d Or, qi, on trouve des volcans éteints; les montagnes àa Cantal, du côté de
i^aint-Flour, Aurdlac, Mauriac, Solers, &c. quantité de montagnes ont brûlé. La
Famcafe, carriere de Volvic à 3 Jieues de Clermont, n'eftqu'une maiïè de lave c'eft
àe ces carrieres d où prefque toute la baiTe Auvergne, & une bonne partie des habitaos
des montagnes des environs de Clermont, tirent la pierre de taille pour la
c o n f t r u f t i o n des bátimens. Dans Ja plaine aux environs de Clermont, depuis demi-
]ieue jufqu a 3 & 4 lieues, on trouve des fources d'oii découle, avec une eau falée
im bitume ou pifafphalte en quantité. Voilà, Moniieur, en abrégé tout ce qua
3e puis vous dire fur les anciens volcans d'Auvergne. Je deiîre ardemment que ma
narration vous foit de quelque utilité. Si vous delirez avoir queîqu'autre éclairciffem
e n t , faites-moi {honneur de m'en inftruire, je ferai mon poffible pour vous fam
i a i r e , étant avec refpeft, Monf i eur , votre très-humble & obéiiTanc ferviteur,
UZï , penjtonnaire du roi.
L E T T R E communiquée à M. DE LAMOIGNON DE MALESHERBES '
par M. le doreur Ponchon de R o a n n e , pour la faire pajfkr à '
M. Faujas de Saint-Fond.
M - J'ai ramafle' il eft vrai quelques obfervations dans mes petits voyages de Mant^
bnfon,du yday,de Pdat_, de la montagne de Pierre-fur-Havte , mais je ne les crois
pas allez ^mtéreiTantes m aiTez bien faites pour être communiquées; ce font des
chofes qu il faut examiner plufieurs fois & fous différens points de vue, & malheureuiement
mes occupations ne m'ont pas encore permis de m' y livrer autant que w
l a u r o i s defiré. Je vous tranfcrirai cependant quelques fragmens de mes mémoires,-
t e l s qu ils lont fans ordre ni netteté.
J e n'ai pas encore examiné les montagnes des environs de Roanne, je crois cependant
que I on d^couvriroit quelques traces de volcans éteints dans celles de la
Magdelame, qui font au couchant & à trois lieues de cette petite ville. Ces élévations
qu. font fuite a celles de Pierre-fur-Haute, font une ramification de la chaîne des
Cei'enes & du Felay, & courent en Bourbonnais oii elles s'abaiiTent & fe perdent,
^ a riviere de Renaifon qui y prend fa fource, roule des granits, des porphires ,
des quart z , de la ferpentine & des poudingues qui font compofés de petits jafpes
n o i r s , liés par un ciment ferrugineux que l'on prendroit pour une lave poudingue,
telle qu on en trouve dans le diocefe de Béziers en Languedoc, où il y a des traces
d e volcans inconteftables.
J ' a i encore trouvé dans cette riviere, au deiTus du pont des Planches dont vous
L E T T R E S . • 45 5 ,
connoiiTez la diftance jufqu' à la Loire,des laves, mais je ne fais encore fi.elles ont
été dépofées par ce fleuve, ou entraînées par le torrent. On peut préfumer que le
lit de la Loire a éprouvé des changemens dans notre plaine, elle aura par conféqueric
lailTé en différens endroi ts, des dépôts femblables à ceux qu'on trouve à
p r é f e n t fur fes bords. Des obfervations faites en remontant la riviere de Renaifon ,
donneront des éclairciiTemens fur cet objet.
J e regarde cependant comme un indice de volcans , du fable de fer natif que j'ai
vu fur fes bords, rangé par ondulations, & que j'ai ramafl e avec un aimant artificiel.
C e même fable fe trouve ordinairement près de Naples, en Sicile, dans l'irie á'Eíbe,
d;ii7S TiQe de Fer & dans le voifinage des vDlcans. Il a beaucoup d'analogie avec
une mine de fer cryftalifée que l'on trouve dans des fiillires de la lave de Volvic
en Auvergne, <Sc dont je polTede un échantillon qui m'a été envoyé de Clermont
par M. de SauíTure de Geneve-
J e pourrois encore ajouter en faveur de mon fentiment, que les eaux chaudes de
Fic/ii qui font au couchant & à trois lieues de ces montagnes, tirent peut-être leur
origine de ce côté; c'eft en quelque façon le feul qui domine ces fontaines.
Les volcans éteints bien carañérifés, dont je peux parler avec quelques certitud
e s , font à fept à huit lieues de Roanne, & environnent la ville de Monibrifon ¡ ce
n e font que de petits monticules difperfés dans la plaine du Forez & dans les
montagnes à l'oueft de cette même plaine. Ceux de la montagne ont été percés
& accumulés à travers des maiTes de granit & de rocher qui les environnent de
toutes parts. On peut les regarder comme des foupiraux placés à l 'ext rémi t é d'un
foyer immenfequi aembrafé quatre-vingt-dix lieues de pays, tant en^uvcrg/ze qu'ea
Velay Ôc en Vivarais.
L e grand foyer commence à cinq lieues en deçà du F u y , & dans un grand efpace
d e pays toute la furface de la terre a été calcinée ou v i t r i f iéepluf ieur s 'montagnes
paroiflent avoir été renverfées par des tremblemens de terre -, on trouve à
peine le granit & la roche qui forment la charpente de toutes les montagnes primitives.
On peut mettre dans cette clalFe toutes celles où le baroraetre fe tient
ordinairement à v ingt -quat r e pouces environ , telle que le Mérinc ou Méfenc, la plus
haute montagne du Velay, & dont la fource de la Loire n'efl: éloignée que d'une
lieue.
Les monticules du Forez ont cela de fingulier, qu'ils ne montrent leurs laves
que depuis leur fommet jufqu'à leur bafe ; au delà l'on n'en trou ve prefque
point. Ces fubftances font brunes & noirâtres & à peine poreufes, d'aut res laiiTent
voir à découvert une maiTe adhérente avec la même couleur & les mêmes accidens.
On peut préfumer que ces petits volcans n'ont pas eu une grande activité ni
aiTcz de force pour lancer au loin leurs produits.
E n parcourant ces bouches ifolées , on parvient à celle qui domine le village
d e Sauvin, où l'on voit les mêmes phénomènes, c'eft la plus élevée de toutes. On
apperçoit à demi-lieue de là le cru de Pierre-fur-Haute bien plus élevé encore, & la
plus haute montagne de notre province; on peut eftimer fon élévation à près de
luiit cents toifes au deiTus du niveau de la mer . Sa cime eft compofée de pierres dét
a c h é e s , de la nature du granit, que l'on prendroit au premier coup d'ceilpour des
ruines de quelque ancien édifice. Les pluies & les vents impétueux qui s'y font
rciTentir n'ont pu être des agens aflez forts pour dépouiller ainli ces maiTes. On
'peut préfumer qtieles flots de la m e r , dont on trouve encore par-tout des veftiges ,
y ont encore plus concouru.
On y trouve des plantes alpines , telles que le trifoliam alpinum, le cacalia farraccnica
, le rofa alpina,Jîellaria nemorum, fonchus alpinus , arnica montana, ophris nidus
avis,faúri¡malbidiim, gentiana lutea, &c. Je ci t e quelques plantes du chevalier Linné,
feulement pour donner une idée de fa hauteur.
La vue immenfe dont on jouit fur cette montagne, embrafle des objets aiTez variés
, & le foîeil levant embellit ce tableau ; la furface d'une étendue de pays aiTez
confidérable, femble fe réuni r en un feul point ; les fens & l'imagination ie repofenc
agréablement fur le Puy de Dome, le mont d'Or & le Plomb de Caiital qai font au couclianc.
Ces montagnes qui ne compofoient qu'un groupe confus un inftant aupara- •
v a n t , fe détachent infeniiblemcnt à mefure que le foleil paroît fur l'horifon. En
portant fes regards au midi , on voit opérer les mêmes effets fur les élévations qui