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>) pea à p e u elle ¿toit plus dure elle fut v omi e en fî grande quantité',
)) qu'en moins de douze heures elle f o rma , avec les pierres dont j'ai
« parlé, une montagne haute de plus de l o o o pieds. Non-feulement
» Pou'^^^ole & l e voifinage furent rempl i s de boue , mais même la ville
•)) de Naples' , o ù les p lus beaux palai s en furent e n d omma g é s . L a force
î ) du vent tranfporta les c endr es jufqu'en Calabre-,elles brûlèrent, che-
)) min fai fant , l 'herbe & les arbres é levés, dont plui îeurs furent écra-
« fés p a r leur poids. Les gens s'emparoient fans p e ine d'un n omb r e in-
•» fini d'oifeaux Se d 'animaux de toute e f p e c e , couverts de cette boue
« fulphureufe i cette éruption dura ^ f a n s di fcont inuer, deux jours &
)) deux nui t s , c ependant avec moins de v iol enc e e n un temps que dans
» l'autre. Dans f a p lus grande force, on entendoi t m ême à Naples le
» tonnerre de l ' é rupt ion , c omme l'on ent end le bruit des armes à feu
M quand deux a rmées fe battent.
» L'éruption cefla l e troifierae j o u r j il e x i i l a , au g rand étonnement
« de tout lé m o n d e , une nouvelle montagne. Je montai ce jour-là,
î) ainfi que beaucoup d'autres per fonnes , jufqu' a u fommet de la mon-
» tagne -, j e r e g a r d a i dans l e gouf f r e q u i f o rmo i t u n c reux circulaire d'en-
» viron un quar t de mille de circonférence, au milieu duquel bouil-
» lonnoient les pierres q u i y é t o i e n t retombées , c omme dans une grande
n chaudiere bouillante. L e quatrième j o u r l ' é rupt ionr e commenç a , * mais
)) le f e p t i eme jour elle fut encore plus forte , c ependant pas fi violente
» que la p r emi e r e nuit. Ce jour-là b e aucoup de gens , qui malheureu-
» fement étoient juilement fur la montagne , fur ent fubi tement enfe-
» velis fous la cendre , é touf fés par la fumé e , écrafés par les pierres ,
» ou brûlés par les f l amme s , 6c t rouvés morts fur la place -, l a fumée
î ) dure encore maintenant : la nuit o n voi t fou v e n t du feu a u mi l i e u de
M cette nouvel l e montagne. Enf in, pour a chever de raconter toutes les
» circonftances de cet é v é n eme n t , il f e forme beaucoup de foufre fur
j) la n ouv e l l e montagne. ))
P a f l b n s à p réfent à l a fuite chronologique des incendies les plus rem
a r q u a b l e s du V é f u v e , de ceux dont l a m émo i r e nous e n a été conferv
é e par des auteurs dignes de foi.
P O L Y B E qui é c r i v o i t i $ o ans a v ant notre è re , fait ment ion du V é f u v e
d a n s fa defcript ion de l'Italie , l iv. 2 , n°. 17.
L u c r e c e , dans fon b e a u p o ëme ¿/e/a nature des chofes, n'oublia pas
l e V é fuv e * ; mais combien d'auteurs plus anciens encore, dont les
l i v r e s ne nous font pas parvenus , doivent en avoir fait mention. Le
V é f u v e brûle depui s des t emps bien reculés j r ien ne le prouve autant
q u ' u n paflage de D iodor e de Sicile qui v ivoi t , comme on fai t , fous
 u g u i l e : il n o u s apprend que les éruptions de ce volcan remontoient à
d e s t emps fi r e cul é s , que les é p o q u e s alloient s'en p e r d r e dans les temps
f a b u l e u x \ Ce que cet auteur nous dit à ce fujet eft bien propre à
n o u s
* Qualis apud Cumas locus eft montemqueVefuvum ,
•Oppleii caUdii libi fumantfontihus auâas.y eiî.-^i;^, ¿dit. de Leyde, 1715.
» J s me vois forcé de relever ici une erreur de corn. z.lesremarquesfuivantes.uLes gens delertresles
M. Po.inlitiet de Sivi^, dans fa traduâion de Pline le » plusinftruics ont tousriipit(5,les uns après les autres,
^iiawralifte. On y lit à la note de la page 106, du j> que la premiere éruption du Vdfuveitoic ceUe qw,
L E S V O L C A N S B R U L A N S . îi
n o u s per fuader que. c e v o l c a n brûl e depui s b i e n des fiecles; mais rien ne
c o n f i r m e mieux encore cette v é r i t é , que l 'examen Se l'étude m ême des
l i e u x .
i ' M n c e n d .
confidté
2®. Incend.
j®. Incend.
4®. Incend.
A n de J. G.
7 9
loi
4 7 2
' Incendie décrit par Pline le jeune-
A r r i v é fous l ' empe r eur Sévere, rapporté par Dion &
Gallien.
Sous Anthemius, empereur d 'oc c ident , & Léon I ,
empereur d'orient, cité par Procope & Marceilin Conti,
lans fa chronique.
A r r i v é fous Théodor i c , roi d'Italie: je vais copier ce
u'en dicle pere délia Torre, d'après Cafl lodore & Procope
ie Céilirée, parce que les circonflances en font inftruct
i v e s ; »' f e ion ces deux auteurs , outre la cendre que jeta
le V é fuv e , il y eut encore des torrens enflammés de
fable. Selon Caffiodore , une grande quantité de faUe
enflammé coula comme un ruifleau , du haut de la
« montagne dans les c ampa gne s , s'élevant dans la plaine
» jufqu'à la cime des arbres. Procope dit encore plus
« clairement, que le fable Ôc la cendre defcendoient du
fommet du Véfuve jufqu'à fes racines, & môme aud
e l à , fous la forme d'une riviere de feu liquide, qui
.. fe refrodiffant en chemin des deux côtés , élevoit fes
b o r d s , & fe forraoit d'elle-même un lit, dans lequel
» couloit le fable comme une eau enflammée , & celadès
le commencement de l ' incendie. L e ruifleau, après Ru-flêau 6e fiis
' é t r e refroidi, s'arrétoit ; & ce qui refloit, reflem- ^leenflammé,
b l o i t à la cendre qui refte après qu'un corps eft brillé.
J'ai conjeÛuré que la cendre étoic defcendue C die le
pere deila Torre ) de la même maniéré dans l'incendie
arrivé fous l 'empereur Tite. Encore de nos jours, en
1 7 5 1 & 1754, entre les différentes matieres-qu'a jeté
le V é f u v e , qui, en grande partie, forment une efpece
n de pierre en fe refroidiflant , il y a quelques ruiiTeaux
compofés feulement de fable brûlé de grofleurs diiFé-
« rentes , qui , quand il eft froid , refte en maiTe avec
une certaine conliftance...
» fiit caufe de la mort de Pline , l'an de J. C, 79. Le
•J pere della Torre lui-même , qui a fait une très-
9> favance diiTertation fur les ¿ruptions de ce volcan,
débute en quelque forte paj cette erreur de fait.
9) Je crois donc devoir feireobferver au leSeiir que
» cette aflcrtion qu'il rencontre , r^pétie dans une
9> infinité d'ouvrages, eft évidemment feuilè. En eft
» fct', Diodore de Sicile qui vivoit du temps
»> d'Augufle, dit exçreflëment, liv. 5 , antiquit.
w hift, , que les ¿niptions du Véfuve remontoient
0) dans l'antiquité iufques aux temps fabuleux : voici
9} fes paroles , auxquelles il cft affez furprenanc que
3> perfbnne avant moi n'ait fait attention : Hercules
»> deindè à Tiberi profe3us , per Unas Italia ad
» Cumn'um fenìc campum : in quo traduntfuijfeho-
»> mines admodùmfortesùob eorumJceleraGigantes
»> appellatos. Campus quoque ipfedl3usPhlegr<xus,
»> à colle qui olim plurimum ignis injiar JEthmeJi-
» culi evomens , nunc ì^^e/ufius vacatur, multa
•fi ferfans ignis antiqui vcfligia. n
M, de Sivry a eu tort d'avancer qu'il étoit aiTez
iirprcnant que perfonne avant luieûtfeit cetteattention
, puifque le mdme pere della Torre s'exprime
ainfi à la page 78 de fon hiftoire du Véfuve , traduction
de M. Pabbé Peyton : »Diodore de Sicile , né
f j à Agire, aujourd'liui Saint - Philippe d'Agîrone
» en Sicile, vécut fous Jules Céfar & fous Aiigufle ;
» il employa 30 ans i compofer fa bibliothèque hif-
» torique , en 40 livres , voyageant en même temps
M en Europe & en Afie. Nous n'avons que les vingc
M premiers entiers ; i b furent réi.-nprimés avec ce
J) qui refte des 20 autres , à Amfterdam, 174^ ; il
»> parle ainfi dans le quatrième livre , décrivant le
» voyage d'Hercule en Italie, n. 11 : Motitindè
» caftris , Hercules maritimos Italia:, ut nunc qui-
» dem vocatur , traSus percurrens , in Cumccam
n defcenditplanitiem: ubi homines roboris immani-
» tate , & vi ole nei â facinorum infames , quos Gi-
» gantes nominant, egife fabulantur. Phle^xus
n quoque campus ipfe locus appellatur , à colle ni-
»> mirum , qui Mthna: infiar ficulce magnam pim
n ignis eruàabai; nunc Vefuviusnominatur, multa
n injlammatiomsprflinxvefligia re/erf'ans.Gigantes
» illi, cognito Hereulis adventu, conjuncHs viribus
n procedunt commìjfa-pro viribus (i ferocia Giti
gantumpugna vehementi , Hercules deorumfocie-
» tateadjutus viâoriam obtinuit, & pkrifque trun
cidatis , regionem illam pacavi t. Oh Jìupendam
» fero corporum proceritatem Gimmes , hi dice~
» bantur. De Giganium igitur ad Fhlegram interne-
» ciane nonnulli, quos & Timxusfeqititur fitafj-
}> bulancur^c, »
?
I