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les rayons qui fe développent. Tout ceci eft très-difficile ^
j e feL qu'il faut abfolument voir le morceau pour s'en former une
idée bien exafle.
B R E C H E S ou POUDINGUES VOLCANIQUES,
Frovenues des éruptions boueufis.
i E S volcans recevant des magafins d'eau ou par les communications
fouterrelnes qu'ils ont avec la mer ou avec de grands lacs , ou quelquefois
même par l a font e des neiges qu. couvrent leur fomme rejettent
e n f u l t e ces eaux qui doivent avoir éprouvé une forte ebulht.on , 8c
q u i , fe trouvant nrêlées & confondues avec des maferes ardent s
p e u U n t avoir été portées à un très-grand degre d' i-andefcence ; les
fifflemens & les ravages occaflonnés par le combat du feu & de eau
ont felon moi produit de médiocres effets. Je comprends « ^ ^
moment où un volcan embrafé développe toute fes fur eur " =
d ' e a u froide s'engouffre dans le cratere , il peut en naître quelques
phénomènes bruylns ; mais ces événemens font rares &les eaux qui
S ' o d u i f e n t pa'rles cr.rer« font fi peu de chofe, qu' e les doivent e re
comptées pour rien ; il eft quelques cas feulement ou les volcans trèsv
o i f i l de la mer, étant entrés dans les plus terribles convulfions one
" afiLné des fiffures, des crevafles dans la partie de leur bafe qui
trempe dans l'eau ; de-là ce liquide a pu s'infinuer avec rapidité & a
grands flots dans ces antres brûlans où la nature déployant fes fo c s
dans le grand, oppofe à des mers d'eau, des mers de '
& met tLt en' conflit 5c en oppofition deux des plus s elé
m e n s , peut produire de ces ébranlemens généraux qui fe font quel-
Tuefo s fentir d'une extrémité de la terre à l'autre Voilà ce qui fe pré-
L t e naturellement à l 'efpr i t ; mais fommes-nous alfurés que cela s opère
a nfi ? T r o p accoutumés 1 juger du grand par le petit nous courrons
fouvent l'événement de nous tromper. Il eft certai n qu il n efl perfonne
nui ayant été témoin des explofions terribles occafionnees par quelques
g o u t t e s d'eau jetées fur du métal fondu , ne doive tirer de grandes conféquences
fur les effets que produiroit un volume confiderable d un
l
liquide aqueux, fur un plus grand volume d'une matière arden e , telle
à Z Î la?e en fufîon : on fe fait fur le champ 'idée d un tableau qui
e f f r a i e l'imagination ; cependant fi l'on étoit témoin dun P - - ! fei ,
p e u t - ê t r e en feroit-on quitte pour une terreur chimérique. Des exi^eriences
très-nouvelles , inférées dans le ,ournal de phyfique & d hfloi e
naturelle de M. l'abbé Rozier , peuvent fervir a^ j e t e r un. grand jour fur
ce fujet : c'eft dans cette intention que je tranfcris ici les mtereflantes
obfervations que cet auteur rapporte ainfi lul-meme.
„ M. Deflandes,chevalierde Saint-Michel Scdirefteur de là manu-
„ faaure royale des glaces de Sa.nt -Gobin, (it voir 1 annee iermere^
„ M le duc de la Rochefoucaul t & à moi, un phenomene furpienant &
qui paroit d'autant plus extraordinaire, qu'il femb e contredire tout
:; ?e qui'aété écrit fur les propriétés de l'eau. M. Monet , minera o
„ gifte du roi , & plufieurs autres phyficiens , en ont ete encorejes
S U R L E B A S A L T E . 17 7
)) témoins pendant le cours de cette année. Aini î , c'eft donc un fait
» une expérience auffi authent iques qu'il eft poffible de le defirer.
» Les phyficiens ôc les chymiftes ont regardé jufqu'à ce jour l'eau
» comme un être ou un principe très-volatil, fufceptible de la plus
>) grande expanfion, &c qui fe volatilife dès qu'il éprouve l'aéiion de la
» chaleur. Son effet, ont-ils dit, eft toujours en raifon du degré d'inten-
» fité de la chaleur. Il feroi t trop long de rapporter ici les témoignages
)) des auteurs & de citer les exemples fans nombr e des effets défaftreux
)> produits par Texplofion de l'eau. Il étoit donc naturel de penfer que
» l'eau jetée fur un corps fort chaud devoit éprouver une exploiîon ter-
» rible ; Si cette expérience fe répété tous les jour s fous nos yeux, lorf.
» qu'on jet t e de l'eau fur du f e r , fur du cuivre, fur des charbons ardens ;
)) mais il paroît qu'il en eil autrement, lorfque le degré de chaleur eft
» à fon maximum. Dans le cas préfent , l'eau refte tranquille en toin-
)) bant fur le corps en fufîon depuis plus de douze heures j elle roule fur
)) la furface, comme feroit un métal fondu, ne jette aucune fumée ap-
» parente, & peu à peu elle difparoît entièrement fans le moindre
» éclat, ni la plus légere détonnation. Tel eft le phénomene de l'eau
)) jetée dans le creufet qui contient la matiere des glaces en fufion. M .
» Deilandes a répété plufieurs fois cette expérience, & M. le duc de
1) la Rochefoucault, M. Monet 6c pluf ieur s autres attefteront que l'eau
« d'une cuillere de bois, contenant la valeur d'un bon verre d'eau, fuC
» jetée fur la matiere des glaces j que cette eau prit aufli-tôt la forme
» fphérique fans le moindre bruit; qu'elle prit ou parut prendre une
» couleur rouge, femblable à celle du creufet 8c du verr e qu'il contenoi t j
î) qu'elle roula fur fa furface à peu-près comme le plomb qui fe con-
)) fomme dans une coupelle; que l'eau diminua peu à peu de volume,
>) & enfin, qu'il fallut près de trois minutes, montre à la main, pour
» qu'elle fût entièrement évaporée. Une autre fois, M. Deilandes ne
» voulant ou ne pouvant attendre que cette eau fût entièrement diÛiî.)
pée, fit verfer la matiere du verre fur la table & fit couler la glace
» comme à l 'ordinai re; il n'en refulta aucune détonnation.
» Pour expliquer ce phénomene, M. Deflandes dit que l'évapora-
)) tion fubite de l'eau n'alieu dans d'autres circonftances, qu'à caufe de
)) l'air environnant ou ambiant qui, touchant immédiatement la fur face
}) de l ' e au, lui donne pour ainfi dire des ailes ; mais que dans la cir-
>) conftance préfente, la chaleur extrême raréfie abfolument l'air 8c
)) l'ayant totalement diflipé de deffus la fur face du verre 8c même à l'enj)
tour du creufet, il ne peut avoir de détonnat ion; au contraire l'eau ne
» pouvant s'y volat i l ifer, contra£le un degré de chaleur fort fupérieur
)) à celui qu'il auroit en fe volat i l ifant ; elle s'y fond, pour ainfi dire, 8c
» y paroît dans un état qui a été vraiment inconnu jufqu'ici ». Ob/ér~
varionsfur la phyfiqusjiir Vhidoire naturelle & fur les arts. Janvieri;^^^,
pag. 50. . ^
Voilà de belles expériences propres à démontrer que les eaux qui
s ' i n t r o d u i f e n t dans les foyers des volcans, y trouvant un air des plus
r a r é f i é s , n'y produifent aucune explofion ; elles doivent s'y joindre au
contraire avec les différentes émanat ions acides qui s'élevent de la lave
& avec les fubftances falines qu'elles peuvent y rencontrer ; il naît pro-
Y y