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L a pouzzolane acquiert par }e temps, une ii grande dureté dans l'eau ,
que j'ai vu dans un ancien bâtiment de Toulon, nommé la vieille tour y
cbniÎruit dans la mer , des murs en pierre de taiile , que le iel marin &
iè coiïp dés vagues ont ufés 8c détruits ; les joints qui étoient en
pouzzolane ont réiiftés, & font d'une dureté extrême ils forment des
b'ordUres & des encadremens en faillie fort finguliers, qui indiquent jufqû'à
quèl point s'avançoient les paremens de ces pierres : rien n'annonce
dutant rexcellerice de la pouzzolane. Ceci me rappelle ce que M. le chevalier
Hariiilton dit des blocs de maçonnerie en pouzzolane qui font fur
le rivâge de Pbuzzole j la caufticité du fel marin ne leur a pas porté la
tnoiilclre atteinte , & le frottement continuel des vagues , loin de les
détruire & de les renver fer , les a unis & polis comme des cailloux. Les
reftes de l'ancien môle de Pouzzole , nommé communément le pont de
Caligula , réiîftent depuis des temps reculés à l'attaque journalière des
flots j c'eil à la pouzzolane à qui ils doivent cette inébranlable folidité.
Mortier pour les aqueducs , cite mes, bajjins, fouterreins humides ^
I l eft néceÎTaire, pour des ouvrages de cette nature, d'avoir un
mortier moins graveleux 5c plus propre à être égalifé j en voici le procédé
qui diÔere peu du premier.
Une mefure de chaux vive nouvellement cuite.
Deux mefures de pouzzolane.
Une mefure de fable de riviere , non terreux.
Comme la chaux vive d'un pays peut confommer plus de fable & plus
de pouwolane que celle d'un autre , les gens de l'art auront foin de fe
conformer à la qualité de la chaux du lieu, c'eft-à-dire , que fi deux
mefures de pouzzolane & une de fable formoient un mortier trop gras ,
on devroit augmenter la dofe de pouzzolane & de fable dans les mêmes
p r o p o r t i o n s j u f q u ' à ce que le mortier fût au point convenable -, fi au
contrairelesdofes que j'indique étoient trop fortes pour certaines qualités
de chaux, on pourroit les diminuer : on coinprend qu'il eft impoflible de
donner à ce fujet des réglés ftriites & poiitives, qui puiflent généralement
convenir à tous les cas.
Je n'entrerai.pas ici dans les détails déjà connus de la conf t rudion des
baÎTins &c des autres différens ouvrages propres à recevoir l'eau : je dirai
feulement que fi on veut leur donner un degré de folidité à toute
épreuve, il faut les bâtir entièrement en mortier de pouzzolane & en
moilons, & à défaut de ceux-ci en gros cailloux. Lorfque la maçonnerie
en fera achevée, faites jeter fur l'aire ou fur le plancher une couche de
mortier d'environ 2 pouces t ou 3 pouces d'épaiileur , qu'il faudra également
lilfer, battre & mafîiver avec un hattoir dont le plateau doit
avoir environ i pied de longueur fur 8 pouces de largeur^.
Vous ferez crépir également tout le tour du baffin avec une couche
moins épaiile , qu'on unira foigneufement avec la truelle , en revenant à
"a Cet inftrument, tris-fimple & trés-aife i façon- refter touiours ¿gai ; il doit âtte emmanché perpendiner,
fe fait aveçun plateau en bois de noyer, qui doit culairement avec un liteau de même bois, implancé
avoir au moirs.i pouces | d'épailTeur, pour que l'iiu- au milieu d'une des grandes faces,
inidit^Continuelle nelefaflepasd^ieter, & qu'ilpuiiTe
S U R LA P o u z z o l a n e . ¿15
cette opération à plufieurs reprifes, & en appuyant fortement cet inftrument,
dès que la matiere commencera à prendre de la confiftance : enfin
lorfque le ciment fera allez dur pour repouiîer le battoir, vous remplirez
le baflin d'eau, quoiqu'il ne foit pas encore fec j la cliofe eft néceflaire
& eflentielle pour la bonté de l'ouvrage • il faut avoir attention feulement
en faifant entrer l'eau dans le baflîn , de prendre des précautions
pour qu'en tombant elle ne dégrade pas le plancher encore tendre j mais
il eftaifé de parer à cet inconvénient. C'eft en s'y prenant de cette maniéré
qu'on réuiTira à faire un ouvrage qui ne lailîera jamais perdre une
p u t t e d'eau, qui acquerra avec le temps une dureté & une folidité
inébranlables, & réfiftera aux gelées les plus fortes Scies plus foutenues.
Si au lieu de faire la totalité des baflins en pouzzolane , on étoit à
portée de fe procurer à meilleur compte des pierres de taille impénétrables
à l'eau , & propres à réfifter aux gelées , ce motif d'économie
pourroit faire donner la préférence à ces dernieresj mais il feroit toujours
important de fermer les joints avec du mortier de pouzzolane. Il
faudroit au refte être dans des pays bien retirés, pour que la pierre de
taille pût y revenir à meilleur compte que la pouzzolane : en général cette
fubftance volcanique doit faire un objet d'économie au moins delà moitié
fur la pierre de taille.
Je n'ai point encore parlé du couronnement des baiTms : fi on veut les
faire en pierre de taille, il faudra les cimenter avec du mortier de pouzzolane
; mais il eft bon de fe procurer unepierre d'une excellente qualité, car
rien n'eft aufli défagréable & auOi défeûueux dans les jardins que Ife
tour d'un baifin , lorfqu'il eft écaillé & dégradé par les gelées. Si on
veut éviter cet inconvénient & diminuer la dépenfe au moins de la moitié
, il faut fimplement employer du mortier de pouzzolane , & en jeter
un béton fur le mur du baifin , d'une épaiifeur environ de 5 pouces, Se
le mafliver de la même maniéré que le fond du baflin , en ayant foin ,
dès qu'il repouflerale battoir, de le couvrir de paille , que vous tiendrez
journellement hume£tée en l'arrofant de temps en temps pendant environ
un mois & demi : cette partie fe trouvant hors de l'eau, on doit
prendre la précaution que j'indique pour éviter les gerçures & même
l ' a â i o n des gelées, car rien n'eft fi fujet à fe détruire & à s'exfolier
qu'une partie de maçonnerie expofée alternativement à l 'humidi té, à la
chaleur & à toutes les injures de l'air : mais fi la couverture de votre
baflin eft à l'abri du vent & du foleil pendant environ un mois & demi,
elle aura acquis une partie de fa folidité , & elle fera dès-lors à l'abri de
tout danger.
Je dois obferver ici que fi on eft dans le cas de conftruire un baffin
en plein air, dans le temps .des grandes Chaleurs de l'été , comme la deffication
du mortier fe fait d'une maniéré très-rapide, il eft eiîentiel de
battre 6c de mafllver fans relâche le plancher jufqu'à ce qu'il ait acquis
la confiftance néceflaire. Il faut aufli lifler continuellement le tour des
murs avec la truelle, pour éviter les gerçures Ôc les fentes que l'ardeur
du foleil ne manqueroit pas d'occafionner : fi la chaleur étoit même extrêmement
forte, il feroit néceflaire d'arroferde temps en temps l'ouvrage,
qui acquerra de la dureté e^n très-peu de jours. J'ai vu dans un cas pareil
un très-grand baifin qu'on.crépiflbit, être en état de recevoir l'eau