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qui pjttciitd'
de I'Ltiia.
D I S C O U R S S U R
1) fort (le la fumée , & qui n'eft fuivi d'aucun bruic de tonnerre : cette
» fumée eil: peut-être alors fi exceifivement éleftrique , que comme un
» globe ou un cylindre échauffé par le frottement, elle jette dans l'air
» des bluettes 4>ontanées, fans être attirée ou attouchée par quelque
» conduâeurou corps moins éleâriques qu'elle-même ; effeâivement,
n les étincelles qui fortent d'un globe éleftrique qui eil: bon, reflem-
» blent parfaitement à cette efpece d'éclair. Si un nuage non éle£lrique
paflbit dans le même temps près du cratere,onentendroi t probablemenc
» un très-grand bruic de tonnerre j ce qui arrive en effet fouvent, Ci, lors
» d'une éruption , l'air eft rempli de brouillards humides : mais quand
» ce bruit n'a pas l ieu, il eft vraifemblable que l'équilibre fe rétablit
» par degrés & fans aucun fracas, au moyen des laves qui fervant de
j> conducteurs, dirigent peu à peu le furplus de la matiere éleftrique
» vers la terre 6c la mer , tout au tour de la montagne.
)) La vapeur des volcans eft fi prodigieufement éleârique , que dans
» pluiîeurs éruptions de l 'Etna &du Véfuve, toute la traînée de fumée,
» qui s'étend quelquefois au-delà de cent milles, produi t les plus terribles
» effets, &C. M
Voyage en Sicile & à Malte, traduit de l'anglois de M. Brydone , par
M. de Meunier , tome I , Paris 1776.
Laves & autres matieres volcanifées de l'Etna,
M. le chevalier Hamilton nous apprend que les laves de l'Etna ne
font pas à beaucoup près auffi variées que celles du Véfuve. M. Brydone
après lui répété la même chofe, Sc ajoute que malgré les recherches
qu'a pu faire le prince de Bifcaris, & tous les foins qu'il s'eft donné
pour raflembler les laves de l 'Etna, il n'a pu en découvrir qu'une douzaine
de variétés , tandis que M. Hamilton en a trouvé plus de quarante
efpeces différentes fur le Véfuve. N'attribuons le difcrédit où eft l'Etna
fur la richefle & la variété de fes laves, qu'aux difficultés de gravir
cette haute montagne & de la vifîter dans toutes fes parties. Il faut du
z e l e , beaucoup de courage, du temps, de la patience pour fuivre &
étudier un volcan tel que le Véfuve, dont l'accès n'eft ni trop difficile, ni
périlleux. L'Etna au contraire, cette montagne formidable , préfent e des
trajets longs & pénibles , environnés de dangers de toute part : fa baffe
région eft brûlée par les ardeurs de la canicule , & fon fommet glacé par
des frimats & des neiges éternelles ; des ouragans impétueux , des
brumes ténébreufes y fatiguent, y épouvantent même l'obfervateur & le
découragent : des guides inconnus fouvent fufpe£ts , fur lefquels on
eft obligé de fe repofer : nul gîte dans ces gorges, dans ces ravins folitaires,
dont la traverfée eft auffi longue que fatigante ; quelques cavernes
froides 8c humides, où l'on peut tout au plus fe déterminer à paffer une
ou deux mauvaifes nuits : tout femble fe réunir ici pour dérober la nature
aux yeux avides du philofophe , qui ne craint point de braver tant d'obftacles
pour aller lui rendre hommage & l'admirer dans une de fes plus
grandes opérations.
I l ne faut donc point être étonné qu'on connoiffe fi peu les productions
de l'Etna -, il n'y aura jamais que des naturaliftes, placés dans la
proximité
L E S V O L C A N S B R U L A N S .
proximité de cette montagne, qui puiffent l'étudier d'une maniéré fuivie.
L e chanoine Recupero , qui a de la bonne volonté , & qui s'eft toujours
fait un plaifir d'être utile aux voyageurs qui lui ont été adreffés , eft
très-familiarifé avec le local, & mériteroit des encouragemens de la
part du gouvernement Sicilien, pour faire des recherches fur ce volcan
& en donner l'hiftoire ; mais en rendant juftice à fon zele, je ne puis
m'empêcher de remarquer ici qu'il feroit néceffaire que ce phyficien
étudiât auparavant la chymie & certaines parties de l'hiftoire naturelle
qui lui font étrangères , & qui deviennent abfolument néceffaires dans
la defcription des différentes matieres volcanifées. J'ai une fuite trèsprécieufe
dans ma colledlion , choifîe par ce chanoine ; rien n'annonce
autant que la connoiffance des laves lui eft prefque étrangère , 5c que
celles de l'Etna font bien plus curieufes & bien plus variées qu'on ne le
croit. M. le marquis de Nefte , dans fon voyage en Sicile , chargea l'abbé
Recupero de lui procurer tout ce qu'il y avoit d'intéreffant en matieres
volcanifées fur l'Etna. Cette fuite étoit'deftinée pour M. le comte de
M i l l y , de l'académie des fciences , à qui M. de Neiîe en fit préfent, ôc
M. de Milly eut la complaifance de la partager avec moi ; chaque morceau
étoit accompagné d'un numéro qui fe rapportoit 'à un catalogue
écrit en italien de la main de M. Recupero, 8c figné par lui. Ce catalogue
ne faifoit mention que de feize efpeces ou variétés de laves , tandis
que dans le fait j en ai compté jufqu'à vingt-une. Comme rien n'étoic
détaillé, & que tout étoit confondu & mal dénommé dans les notes de
l'abbé , qui fe contentoit de défigner ces laves , ou fciara ou fcon:;a , par
des epithetes emphatiques qui ne fignifioient rien , je me difpenferai
de les rapporter ici. Je vais faire connoître ces matieres d'après l'examen
f u i v i que j'en ai fait ; cette partie pourra intérellér les amateurs d'hiftoire^
naturelle, 8c donner une idée des objets que renferme l'Etna.
N°. I. Lave noire, dure & pefante, mélangée d'une multitude de
petites lames d'un blanc argentin, opaques , mais brillantes dans leur
caflure. Cette définition trop générale , mérite une explication. Cette
lave noire n'ell abfolument qu'un vrai bafalte cellulaire ; les lames minces
qu'on y diftingue,vues à la loupe, of frent une efpece de ftéatite feuilletée,
va mica takofa du chevalier Linné, de la nature du talc blanc de
Briançon; l'aftion du feu paroît avoir un peu altéré ces lames 8c les
avoir fait paffer à l'état de talcite ; ce qui s'accorde exaûement avec
ce que M. Sage a dit du talc de Briançon, à la page 200 de fes Elémens
de minéralogie , tome I , où il s'exprime ainfi : ci le talc de Brian-
» çon , calciné à un feu v iolent , devient un peu moins pefant, s'exfolie,
» perd avec fon onftuofité le peu de tranfparence qu'il avoit, 8cprend
M le brillant du talcite, qui ell ordinairement opaque, folide 8c compofé
« de petits feuillets brillans. » Tous ces caraûeres conviennent au
mieux aux petits corps étrangers en lames qu'on remarque dans cette
lave : j 'obferve que ce bafalte cellulaire eft très-noir lorfqu'il eft mouillé,
8c qu'il paroît d'un noir qui fe rapproche un peu du gris foncé lorfqu'il
eft fee.
N°. I. lettre A. Premiere variété de la lave , mais d'un noir plus foncé
8c moms poreufe, parfemée de grains de fchorl noir 8c de quelques
points d'une matiere vitreufe , jaunâtre , femblable à celle qui fe trouve
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