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eft abfolument volcanifé dans le pays, aiiifi que je l'ai déjà dit, & l'on
fe trouve fur une plaine en montagne qui doit avoir au moins ièpt cents
toifes d'élévation fur le niveau du Rhône-, malgré cela cette butte en
q u e f t i o n e f t f o r m é e p a r d e s c o u c h e s d i f t i n a e s , par fai tement caradérifées,
d'un fable gris-noir, mêlé d'une multitude de grains delaveporeufe, ces
couches font horizontales, ce fable vers le haut de la butte eft argilleux,
ce que j 'at tribue à l a décompoíition d'une partie des matieres volcanifées;
on y trouve de gros fragmens de bafalte qui n'ont point été altérés, il
p a r a î t donc hors de doute que ce dépôt horizontal d'un fable quartieux,
mêlé de matière volcanique , eft l'ouvrage d'une révolution diluvienne.
On ne feroit pas fondé à rn'objeder ici que ces fédimens ont été en.
traînés du fein ¿es volcans fous forme de courans boueux, car premièrement
iln'yapoint de craure à portée de ce monticule; fecondement
y en eût-il un, auroit-il jamais pu former une butte pareille , & établir
des couches avec cette régularité ?
Les approches du Puy font très-pittorefques, il faut defcendre une
montagne fort élevée pour parveni r dans le vallon agréable où fe trouve
placée la ville.
D U VIVARAIS.
L E T T R E
A M. LE COMTE DE BUFFONSur
des courans de laves qu'on trouve dans Vintérieur des rochers calcaires
de VILLEÎ^EUVE-DE-BERG, dans le bas Vivarais.
I L y a déjà quelque temps, MONSIEUR, que j'ai envoyé à M. le corate
de la Billardrie d'Angiviller , infpeâeur & ordonnateur général des
bâtiinens du Roi , une belle colle£tion des matieres volcanifées du Vivarais
& du'Velay j j'avois eu l'honneur de le prier de vous la commun
i q u e r , parce qu'elle renfermoit divers objets propres à vous intérelier,
& plus curieux encore que ceux que j'adreflai au cabinet du roi, il y a
deux ans.
Je n'eus pas le temps, en faifant l'envoi de M. le comte d'Angiviller
& en lui écr ivant , d'entrer dans les détails qu'exigeoient quelques rares
échantillons volcanifés que je venois de découvrir nouvellement , 5c
qui teiioient à des circonrtances locales,faites véritablement pour intérefler
les favans qui étudient les grandes parties de l'hiftoire naturelle,
celles qui tiennent à l'organifation de la cerre.
Je me fuis procuré, depuis ce temps-là, un beau morceau dans le même
genre, digne de vous être offert, c'ef tunemal l e de pierre calcaire contenant
différentes petites couches de laves qui ont pénétré dans l'intérieur
même de la piene : vous recevrez cet échantillon avec la lettre
que j'ai l'honneur de vous écrire ; j'y joins les obfervations fuivantes
qui peuvent repandre quelque jour fur le pouvoir & les effets des courans
de laves.
J'ai expofé dans mes vues générales far le Vivarais , que la partie méridionale
des volcans de cette province, eft bornée par des rochers calcaires
qui m'ont fourni des obfervations curieufes ; mais rien de tout ce
que j'ai vu n'approche de ce que m'ont procuré les environs de Villeheuve
de-Berg.
. Villeneuve-de-Berg eft une petite ville éloignée de quatre lieues de
Montelimar, & fituée fur une éminence calcaire : elle eft entourée de
tous côtés par des montagnes à bancs calcaires, d'une allez grande élévation
, quicommuniquent d'une parer avecl a chaîne qui fe prolonge fur
h côte du Rhône, Se de l'autre avec les grands rochers calcaires de VEchelette
& d'Aubenas.
Les montagnes à couches horizontales calcaires,qui entourent Villeneuve
de-Berg , du côté du midi, limitent le diftridt du Vivarais nommé
le Coueirou , où tout a été fans réferve dévafté par d'antiques volcans,
&C Olì l'on voit line multitude de grands pics couronnés par des chauflees
de bafalte en prifmes; mais ces énormes mafles de laves font éloignées
dé plus d'une lieue de Villeneuve-de-Berg^ 8c en font féparées par des
côteaux calcaires, qui font autant de boulevards, de murs de circonval