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340 VUES GÉNÉRALES SUR LE VELAY.
Ec qu'il n'auroit janiais empêché que la chaleur fe concentrant fortement
dans íes aflifes de charbons , ne les enflammât, ou du moins n'y
produisît des altérations 8{ des changemens; cependant non feulement
ce charbon eft fain & dans fon état primitif, mais l'argille elle-même
n'a point fouffert 8c fe trouve intade 5c de la plus belle confervation.
Ne pourroit-on pas conjeaurer à ce fujet que cette grande coulée de
bafalte eft le produit d'un volcan qui exiftoit anciennement fous la mer,
& que la lave s'eft établie fur des fédimens argilleux, imprégnés de bitume
fe trouvant peut-être alors dans un état boueux, qui les mettoit
à l'abîi des atteintes du feu. Ce fentiment que je hafarde en pafl'ant 5c
fans prétention , me paroît le plus plaufible le plus propre à concilier
des faits aulfi extraordinaires.
Voilà inconteftablement un grand objet d'hifloire naturelle que prefente
le V e lay ; ceci, joint aux autres phénomènes volcaniques qu'offrece
pays , le rend un des plus précieux pour l'hiftoire naturelle.
On trouve dans le Velay, fur une des croupes du Me^mc, des eaux minérales
femblables à celles de Vais. On voit dans le torrent à'Expailly
des grenats & des faphirs, mêlés avec des cryftaux ifolés de mine de
fer oftaedre , attirables à l 'aimant, de la nature de ceux qu'on trouve en
Corfe dansune gangue tulqueufe. On a pu voi r les détails que j'ai donnés
à ce fujet dans mon mémoire fur le bafalte, pag. 184 & fuiv.
J'ai déjà dit que les pavés en colonnes ne font pas auffi communs dans
le Velay que dans le Vivarais; les prifmes qui n'y font qu'à cinq, à fix 8c
rarement à fept pans, ne s'y trouvent ni auffi nets, ni d'un auffi joli calibre
que dans l e i a s Vivarais, ils contiennent rarement des corps étrangers ; oa
y voit auffi du bafalte en tables, Se ce dernier eft commun 8c très-remarquable
fur le Me^inc ; mais en général la lave compaûe, en maffe irrégul
i e r e , eft la plus abondante, les laves poreufes y forment des entaifemens
confidérables en beaucoup d'endroits. T e l eft à peu près l'étal aftuel du
Velay. •
L E PUY.
V O L C A N S É T E INT S DU VELAY. 34t'
L E P U Y.
E n arrivant au Puy, par la croix de SainuBenoît^ on eil véritablement
étonné de la richefle & de la beauté du tableau qui s'offre fubitement
à la vue. Qu'on fe repréfente un vaile baiîin bien cultivé , entouré
de hautes montagnes volcaniques, dont le bas fond eil décoré
par plufieurs pics efcarpés & ifolés , qui paroiflent être fubitemenn
fords de la terre , & dont plufieurs en effet ont été élevés par l'effort
des explofions volcaniques.
Qu'on s'imagine que la principale de ces buttes eil couverte par une
multitude de maifons en emphythéatre, qui forment une ville d'environ
vingt mille habitans ; que la cathédrale, très-vaile & très-majeilueufe
eil placée dans une des parties les plus élevées du tableau ; que des
fauxbourgs confidérables entourent le pic fur lequel la ville eilbâtie j que
d'un de ces fauxbourgs s'éleve une mafle ifolée & conique de 200 pieds
de hauteur, furia pointe de laquelle exifte une chapelle furmontée d'un
clocher gothique , pittorefque; ç{\xExpailly, Polignac font autant de
buttes- volcanifées fur lefquelles font des reiles antiques de tours &
de châteaux ruinés ; que la loire coule non loin delà au pied d'une belle
chartreufe ; on pourra fe former une premiere idée de ce qu'on appelle
le baffm ou le creux du Puy.
L e rocher ifolé de toutes parts-, fur lequel la ville efl bâtie, fe nomme
le rocher Corneille-, il a environ 500 pieds de hauteur perpendiculaire ;.
il eil entièrement formé par des matieres volcanifées, & d'autant plus
curieux, que c'eil une véritable breche volcanique, compofée de laves
poreufes, de fragmens de bafalte ,de gros noyaux de quartz, de granit,
•de noeud de pierre calcaire ordinairement altérée, avec quelques portions
de fpath calcaire, fain & intaû; le tout eft fortement aglutiné
par une efpece de fable volcanifé, mêlé de quelques élémens de maliere
calcaire, ainfi qu'il eil facile d'en juger à l'aide de l'acide nitreux:
qui occalionne un peu d'effervefcence dans certaines parties de cette
breche, imitant un peu poudingue par les matieres roulées Se arrondies
qu'on y apperçoit dans quelques endroits. Ce rocher qui eil compaâe, .
paroît n'avoir fait qu'une feule & même maße; mais il s'y eft formé
accidentellement quelques grandes fiiTures; il s'en eft même détaché
de gros blocs qui pourroient quelque jour être funeftes à la ville du
P u y , parce qu'ils ne font pas aiÏÏs à beaucoup près d'une maniere folide.
Mais comment une mafle telle que le rocher Corneille pu fe
trouver ainfi ifolée dans un bas fond? la chofe n'eft certainement pas
facile à expliquer. Si le rocher étoit de bafalte pur & homogene, je ferois
peut-être en état de donner des conjeûures plaufibles à ce fujet;
mais il eft compofé de différentes fubftances , & la chofe eft très-embarraflante
: je ne ferois cependant pas éloigné de penfer que cette
grande butte eft le produit d'une éruption volcanique, qui a eu lieu fous
les eaux de la mer j les feux fouterreins auront travaillé ici d'une maniere
différente qu'en plein air ; les laves calcinées, les fragmens de
bafalte, & toutes les déjeilions qu'aura vomile volcan, fe feront jointes,
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