région fertile.
Elévation de
l'Kraa: uouf j
mille pieds.
D I C O U R S S U R
» car aatrèment elles auroientdûêtre renverféespar le torrent enflammé
» qui s'éleva au deiîus de cette hauteur avant d'entrer dans la ville,
M ¿ce. &C. >i
/ L E T T R E IX:
A Cacane le 29 Mai 177a
» LE 27, à la pointe du j o u r , nous nous mîmes en marche pourexaiî
miner le mont Etna, la plus ancienne des montagnes : fa bafe ÔC fes
M iraraenfes flancs font couverts de beaucoup de collines qu'il a créées ;
» car chaque éruption en produit une nouvelle , & peut- être que leur
» nombre ferviroit mieux que toute autre méthode , à déterminer le
» nombre des éruptions & l'âge de ce volcan.
)» Toute la montagne eft divifée en trois régions d i f t inaes, appellees
' » la regione eulta ou piemontefe , la région fertile j la regione fylvofa
» ou nemorofa , la-région de bois ; & la regione deferta ou /coperta ,
» la région ftérile ; elles font toutes trois aufli différentes par le climat
•>•) & les productions que les trois zones de la terre. On pourroit, avec
)) autant de juftefle, les nommer la -{one torride, la tempérée & lagla-
» dale. La premiere région environne le piedde la montagne , & forme
» de tous côtés le pays le plus fertile du monde, jufqu'à la hauteur
» d'environ 14 ou 15 milles , où commence la région de bois ; elle eft
» compofée prefque entièrement de laves qui, après un grand nomn
bre de iîecîes , s'eft enfin convertie en un fol très-riche. Nous trouj)
vâmes le barometre à 27 p. i Ì à Nicolofi , qui eft à 12 milles du pied
» de la montagne ; & à Catane il étoit à 29 p. 8 i , quoiqu'il n'y eût
» pas plus de 3 mille pieds de différence j cependant le climat étoit
M totalement changé. La récolte eft entièrement finie à Catane, & les
» chaleurs y font infupportables ; à Nicolofi elles font très-modérées ,
>» & dans plufieurs champs le bled eft encore'verd. Ces 12 milles de
» chemin font les plus mauvais que j'aie jamais fait j on marche par-
» tout fur de vieilles laves 6c des bouches de volcans éteints , qui font
» à préfent des terreins couverts de bled, de vignobles & de vergers.
» Les fruits de cette région paflent, fans contredit, pour les plus
» beaux de la Sicile . . . . Les laves, ainfî que je l'ai déjà dit, forment
w cette région de l 'Etna , & proviennent de ces petites montagnes qui
» font répandues par-tout fur fes flancs : elles font toutes , fans excep-
» tion, d'une figure réguliere, Toit hémi fphérique , foit conique; &horj)
mis un très-petit nombre, elles font de l 'afpeâ le plus agréable , Se
5> couvertes par-tout de très-beaux arbres & de la plus riche verdure,
j) Comme la bouche du grand cratere eft beaucoup plus élevée que les
n régions inférieures , il n'eft pas poiTible que le feu , cherchant avec
)) fureur une iiTue au tour de la bafe, & même fort au deflus , s'éleve à
» 12 ou 13 mille pieds ; car il eft probable que telle eft l'élévation de
» l'Etna. Il eft donc arrivé communément qu'après avoir ébranlé pen-
» dant quelque temps la grande montagne & celles qui l'avoifinent, il
» a enfin éclaté fur les côtés ; ce qui s'appelle une éruption. La ma-
» tiere enflammée ne jette d'abord qu'une fumée épaifle & des pluies de
cendres qui ravagent le pays adjacent ; elle lance enfuite dans l'air ,
31 à une hauteur immenfe , des pierres ardentes & des rochers d'une
)> grofleur
L E S V O L C A N S BRULANS . Ç7
« groil'eur énorme : ces pierres retombant avec les cendres forties du
» volcan en même temps , forment enfin les montagnes fphériques ÔC
)) coniques dont j'ai parlé. Cette progreifion s'acheve quelquefois en
)) très-peu de jours ; d'autres fois , comme dans la grande éruption de
» 1Ó69 , elle dure plufieurs mois ; & alors la montagne qui vient de
» fe former eft très-grofie. Quelques-unes de celles-ci n'ont pas moins
>) de 7 ou 8 milles de tour, & plus de mille pieds d'élévation perpen-
)) diculaire ; d'autres n'ont que 2 ou 3 milles de circonférence, 6c 5
» ou 4 cens pieds de hauteur. Après que la montagne eft formée , la
» lave paroît & jaillit ordinairement du pied de cette montagne, en
}) traînant devant elle tout ce qu'elle rencontre; elle n'eft le plus fou-
)) vent arrêtée que par la mer : telle eft la marche commune d'une
w éruption ; cependant il arrive ( rarement à la vérité ) que la lave
» fort tout-à-coup du côté de la grande montagne, fans toutes les cir-
» conftances dont je viens de parler : c'eft ce qu'on remarque dans les
3) éruptions du V é f u v e , qui étant beaucoup moins élevé, la matiere fondue
)) fe porte toujours dans le cratere du volcan,qui préfentealors le phé-
)) nomene que j'ai décrit. Les pluies de pierres & de cendres qu'il vo-
« mit ne forment aucune nouvelle montagne j l'ancienne s'accroît feu-
» lement jùfqu'à ce qu'enfin la lave s'élevant à fon fommet , elle fe
» fait une iflue dans le côté du cratere ; &C l'éruption eft déclarée.
» Voilà précifément ce que j'ai obfervé dans les éruptions de ce vol-
» can, que j'ai examiné avec attention; mais l'Etna eft beaucoup plus
« coniidérable, &. un feul cratere ne fu flit pas pour donner paflage à
» de fi grandes mers de feu.
» Recuperom'aflbre quelorsd'uneéruptiondel'Etna, ilavude grands
j) rochers de feu lancés à la hauteur de plufieurs milliers de pieds, avec ¿[^^'¿^"¡f'^y"
» un bruit infiniment plus terrible que celui du tonnerre. Il a mefuré te; i d-enviroa 7
« le temps qu'ils employoient pour arriver à terre depuisle moment de
« leur plus grande élévation , & il a trouvé qu'il leur falloit 21 fecon-
» des pour defcendre ; Scies efpaces étantcomrae les quarrés des temps,
« ils avoient parcouru, je crois, plus de 7 mille pieds. Cette hauteur eft
j) fûrement étonnante , & exige une force de projef t ion fort fupérieure
» à ce que nous pouvons concevoir. J'ai mefuré., par la même regie j
5) jufqu'où les explofions du Véfuve lançoient de pareils corps , 8c je
•» n'ai jamais obfervé qu'aucune des pierres forties du volcan prît da-
» vantage de 9 fécondés pour defcendre, ce qui fuppofe une élévation
» d'un peu plus de 12 cens pieds.
» La montagne oùfe fit la premiere éruption qui enterrale beau pays
« nommé Mel-Pajfy^ eft connue fous la dénomination de Montpellieri:
» je fus frappé du bel afpe£l qu'elle offre quand on la voit de loin, ÔC
î) je nepus pas réfifter à l 'envie que j'avois de l'examiner en détail, &
)) d'obferver les effets des deux éruptions qui ont inondé ce celebre
» pays. Montpellieri eft d'une forme plutôt fphérique que conique, 6c
« fa hauteur perpendiculaire n'eft pas de plus de 300 pieds; mais il eft
« fi parfaitement régulier de chaque côté, & il eft fi richement revêtu
)) de fruits &C de fleurs , que je quittai avec un regret infini ce cani)
ton délicieux. Sa coupe ou fon cratere eft d'une grandeur propor-
» tionnée à la montagne , le creitx reffemble exaitement à un fourî
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