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» qui reffembloit beaucoup à une vafte chaudiere remplie de criftal
» fondu; il en fortoitune fumee épaifle, & j'entendois un bruit fourd ,
» mais aflez confîdérable. Comme cette fumée fe dirigeoit du côté de
» l'abyme oppofé à celui où j'étois,j'eus la commodité de laifler tomn
ber une pierre pour voir combien elle feroit de temps à arriver juf-
» qu'au feu; mais je ne pus obferverla chûte de la pierre que jufquesaux
» deux tiers de la hauteur, parce que le vent me porta tout-à-coup un tour-
» billon.de fumée fi épai f le, qu'elle m'ôta la reipiration, 6c que je n'eus
» que le temps de me jeter du rocher fur le plan, pour trouver un air
» frais. Ainfi il ne me fut pas poflible de perfeSionner l'expérience.
)) Cependant j'obfervai que la pierre avoir employé ; fécondes pour
» parcourirles deux tiers de la hauteur, ce qui faifoit 577 pieds 5 pouces ;
)1 d'où je conclus que la pierre avoit été un peu plus de 6 fécondés à
» parcourir tout l'efpace , & que par conféquent la profondeur totale
M devoit être d'environ 543 pieds.
» Le II juin 1753 je retournai fur le Véfuve, & j'obfervai que la
» fumée qui fortoit de l'abyme, faifoit un bruit feniblable à celui de la
» racr dans une tempête. Il jettoit une grande quantité d'écumes en-
» flammées, femUables au mâche-fer, mais beaucoup plus légeres, de
)i différentes groffeurs; & qui retombant, partie dans l'abyme même,
» partie aux environs, fe refroidiflbient & devenoient noires un quart
» d'heure après leur chûte. Les cavités où entroient les rayons du foleil,
» la fournaife femblable à une chaudiere de criftal, & pluiîeurs autres
« trous, étoient couverts de la croûte dont j'ai parlé, ou de pierres cal-
» cinées qui y étoient tombées.
» Ces écumes, que l'abyme jettoit continuellement le z j maii7S;,
» & qui retomboient en grande partie dans fa déclivité, l'éleverent peu
>1 à peu ; Se en ayant enfin fermé en partie l'entrée, il ne refta plus
)> qu'une ouverture, afl'ez confidérable à la vér i té, mais beaucoup moins
» grande, par laquelle fortoit la fumée. Ce pafl'age s'étant rétréci, &
>) l'abyme continuant toujours de jeter une grande quantité d'écumes,
11 non-feulement la profondeur fut bientôt rempl ie, mais ces écumes re-
» tombant fur le bord du gouffre, formèrent encore cette petite mon-
)) tagne que l'on voyoit fur le plan intérieur. Je l'ai vu fe former dès
» fa premiere origine; & il y a tout lieu de croire que c'eft ainfi que
)i s'étoit formée celle que j'obfervai avant l'éruption de 1 7 5 1 , & en gé-
J) néral toutes celles dont nous parlent les anciens auteurs. Avant la
)) mi-juillet 1754, la matiere qui fermentoit dans l'abyme fe dilata li
>1 confidérablement, que s'étant élevée jufqu'au pied de la petite mon-
)) tagne ( qui s'étoit formée dans le cratere même ) elle la rompit &
)> produifit une lave qui couvrit tout le plan intérieur. Se le rendit beau-
)> coup moins raboteux 8c inégal qu'auparavant; en forte qu'il ne pa-
» roiflbit plus aucune ouverture. La matiere de cette lave étoit pe-
)) fante & écumeufe, comme eft ordinairement la furface des laves qui
» fortent des flancs du Véfuve. Ce plan intérieur prit donc une nou-
« velle forme. La lave couvrit l'ancienne croûte dont j'ai parlé, de
» trois ou quatre pieds; elle étoit brune ou de couleur de fer, au lieu
1) que la furface de l'ancienne lave étoit de couleur jaune, tirant furie
.) verd. G eft ainfi que je la trouvai encore le 30 décembre 1754, à un
>. autre voyage. „L a
L E S V O L C A N S B R U L A N S . 9
„ La montagne préfenta un aij)e£t nouveau 8c bien furpreiiant après
„ le 22 janvier. Ce fut alors que l'on commença à voir fenliblementde
» Naples la petite montagne dont j'ai parlé. Le plan intérieur s'étoit
)) tellement élevé, qu'on pouvoir y defcendre commodément de tous
„ les côtés, ôc qu'il n'y avoit pas plus de 23 pieds de hauteurperpen-
» diculaire. Tout le plan Se la pente par laquelle on defcendoit, étoient
» couverts du fable que l'abyme avoit lancé en l'air avec la fumée. Le
» foir du 10 avril, comme je defcendois pour m'en retourner à Saint-
» Sebaftien, j'effuyai, à une demi-heure de nuit, une pluie de fable,
„ depuis la moitié du vallon, prefque jufqu'à l'hermitage. Sous ce fa-
» ble qui étoit tombé dans le plan intérieur, on voyoit l'ancienne 8e la
)) nouvelle lave dont j'ai parlé, toutes fendues Se foulevées par la ma-
)) tiere qui fermentoi t au deflbus.Elles fe foutenoient ainli d'elles-mêmes,
» laiflant entr'elles de larges ouvertures qui s'étoient remplies de fa-
>) ble, ÔC il fortoit de pluiieurs endroits une fumée épaiffe qui fuffo-
)) quoit. Il y avoir auili dans le plan intérieur, furie fable,beaucoup
» d'écumes. Se quelques cailloux 8e pierres calcinées qui avoient été
>) lancées hors de l'abyme. Il couloit derriere la petite montagne, du
„ côté oppofé au chemin de Somma, une lave de feu ou de matiere fon-
« due, femblable aux laves ordinaires. Elle m'empêcha de mefurer à
>) mon aife la petite montagne : cependant furmontaht ces diflicultés,
î) je trouvai que les racines de la petite montagne e'toient à la hauteur
„ du rebord ( du grand cratere ) ôc qu'elle s'élevoit au deflus de ce
)) rebord de 80 pieds. Se dans fa plus grande hauteur, depópieds; elle
„ occupoit un efpace plus grand que la premiere que j'avois obfervée,
„ Se elle étoit prefque par-tout éloignée de la circonférence du fommec
„ du V é f u v e , de 520 pieds ";fa forme étoit oblongue, 8e elle avoit4Ó20
)> pieds de tour; on montoit deflus aifément, du côté de Somma , qui
)) étoit le plus bas 8c un peu en pente : quand on y étoit monté, on
)) voyoit en dedans un grand efpace plat, Se à main droite la grande
)) ouverture de l'abyme d'où fort continuellement la fumée.
)> Tel étoit l'état du Véfuve dans les premiers mois de l'année 175;.
)) Depuis 1756 jufqu'à la préfente année 1760, le Véfuve ayant jette,
)> à différentes reprifes, du fable, des écumes, des pierres ponces ôe
1) autres matieres, la petite montagne s'eft confidérablement augmen-
„ tée ; mais les pierres dont elle étoit compofée en dedans, continuel-
„ lement expofées à la violence du feu qui fort de l'abyme , Se chargées
» par le poids de celles qui s'entaflbient en dehors , font retombées peu
)) à peu dans l'abyme d'où elles ont été de nouveau lancées en l'air avec
» la fumée. Elles ont donc fourni une nouvelle matiere pour l'accroif-
» fement de la petite montagne qui, à mefure qu'elle s'éft creufée en
j) dedans, a grofli en dehors. Se eft enfin parvenue jufqu'à l'ourlet de
» l'ancienne montagne , avec laquelle elle a formé un feul cône dès
„ l'année 1757. Sil'onfe rappelle les dimenfions de la circonférence
» du fommet du V é fuv e , on jugera quelle doit être la bafe de la nou-
' On a vu plufieiirs fois fe former des raonriailes au deflus des parois du cmcere , à cette ¿ppg
qui varient par la forme & par la grandeur dans l'intá- qui, dans l'éruption de 1767, forma une élé
—Í— J.. ^ jj, Véfuve. Le décembre i - . . j r mdme ifu c S^pieds de Paris :
1766, M. Hamilton, miniftre d'Angleterre à la e
de Naples, en remarqua un qui ne s'elevoit pas encore
s'écrouler & s'etifevelir dans l'abyme.
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