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R E C H E R C H E S
le troifieme jour : en général cependant il ne faut pas cholfir le temps
des chaleurs pour les ouvrages en maçonnerie ; les travaux du printemps
de l'automne font toujours plus folides Se mieux conditionnés.
Les procédés que je viens de rapporter ici font applicables aux citernes
, aux aqueducs , aux fouterreins humides, & en général à tous
les ouvrages expofés à l'eau. C'eft-làle vrai triomphe de la pouzzolane,
épreuves réuffiront toujours conftamment, pour peu que la chaux
foit bonne.
Différentes méthodes employées pour fttppléer à la Foli\\olane.
O N a tellement fenti de tous les temps l'utilité de la pouzzolane, particulièrement
pour la folidité des conftruâions dans l'eau , que les perfonnes
qui n'ont pas été à portée de s'en procurer, ont tâché de lui fubftituer
des matieres qui s'en rapprochoient ; les unes ont fait ufage des
fcories des fournaux , de certains laitiers, de mâche-fer; d'autres de différentes
matieres plus ou moins calcinées , & le plus grand nombre en
général de briques ou de tuiles pulvérifées.
Il n'eil pas douteux que ces fubftances maniées par le feu ne foient
très-propres à donner plus de confittance & plus de folidité aux ouvrages
expofés à l'humidité , que le fimple fable quartxeux ; mais la différence
entre la propriété de la brique pilée & de la pouzzolane eft grande.
Il eft allez généralement reçu que les Romains employoient dans leur
ciment de la brique pulvérifée; on en a fouvent jugé par la couleur: or,
la plupart de ces cimens , dit-on , ont réfifté à un laps de temps de
quinze ou dix-huit fiecles ; donc, a-t-on conclu, rien n'eft aulïï utile ,
rien n'eft auiîi propre à rélifter au temps qu'un ciment, qu'.un mortier
fait avec de la brique réduite en poudre. J'ai été dans le cas de faire à
ce fujet des recherches afléz fuivies fur certains cimens rouges des
anciens. Je pofléde une colleftion allez nombreufe de différens échantillons
venus d'Italie & des environs de Rome , détachés de plufîeurs
monumens antiques; mais je me fuis apperçu en les examinant avec foin,
que la plus grande partie eft fabriquée avec de la véritable pouzzolane
rouge & non avec de la brique pilée. On en juge facilement par les petits
globules de lave poreufe , & par les points de fchorl noir qu'on y remarque
pour l'ordinaire encore : j'ai trouvé de pareils échantillons en
France, dansles environs de V ienne , à Orange & à Ni fmes, & j'ai reconnu
qu'ils étoient faits également avec de la pouzzolane. J'en ai obfervé
à la vérité quelques-uns pétris avec de la brique pilée ; mais ces derniers
étoient toujours friables & tendres, & avoient perdu leur confiftance ,
tandis que les cimens faits en pouzzolane, n'ont rien perdu de leur
dureté, particulièrement ceux qui fe trouvent dans la terre , & qui font
expofés à l'humidité.
Mon intention n'eft certainement pas ici de dégoûter les conftruûeurs
de faire ufage de la brique pilée, qui produit toujours un bon effet dans
le ciment ; mais toutes les fois qu'on pourra fe procurer de la pouzzolane
, il ne faut pas balancer à la préférer.
De tous les-procédés propres à imiter la pouzzolane , je n'en trouve
point de fi ingénieux que celui qu'a imaginé un fuédois , pour fabriquer
une
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une pouzzolane faSice, devenue très-utile à fa patrie, en ce que, outre
qu'elle remplit à peu-près le même objet que celle d'Italie , elle revient:
encore à un prix moins cher, à caufe de l'éloignement 8c du tranfport
de celle de Pouzzole , & qu'elle empêche )a fortie de l'argent hors de
ce royaume, ce qui n'eft pas un des moindres avantages que puiffe procurer
cette découverte due à IW. B a g g é , d e Gothenbourg. Voici lama-,
niere de faire cette pouzzolane ; j'en dois la recette à la complaifance
de M. Efcalier,commiffaire de la marine, qui a été envoyé très-utilement
& en excellent obfervateur dans cette partie du nord. Non feulement il
a eu la complaifance de me communiquer l'obfervation qu'il a faite à ce
f u j e t , extraite du journal de fon voyage ; inais il a joint encore à cette
honnêteté les deux échantillons de cette pouzzolane qu'il avoit apportés
de Suéde , dont l'un coniifte en la pouzzolane toute préparée , & l'autre
en la matiere premiere qui fert à la former : voici cette notice intéreffante.
>1 La difficulté du tranfport & la cherté de la pouzzolane que nous
11 employons pour cimenter les maçonneries hydrauliques , a exercé l'i-
» magination d'un Suédois ingénieux , pour trouver à la remplacer par
n artifice : il a confidéré que cette terre que l'on tire d'Italie y a été
,) travailléi; & cuite par l'effet d'un volcan , & qu'il étoit poUible ( en
M trouvant une matiere femblable à celle fur laquelle la nature a opéré
» dans ce pays-là, ) de la cuire & de la fabriquer en pouzzolane par une
j) opérationanalogueàcelledelanature.Ilaétéaffezheureuxpourtrouver
M auprès de IVennersborgjUae pierre noire & dure,dont j'ai montré un frag-
» ment à M. Guettard, qui m'a dit que c'étoit de l'ardoife dure , &
>1 qu'il s'en trouvoit en France : cette pierre fe cuit dans des fours à
» peu-près à la maniéré de la chaux; à la premiere cuiflbn elle devient
)> rougeâtre , gardant fa confiftance Se fa dureté ; mais en la cuifant une
» fécondé fois, elle fe réfout en une efpece de pâte quife met facilement
>1 en poudre, en la pafl'ant fous des pierres à meule tournées par des che-
» vaux, à la maniéré de nos moulins à olives. On m'a afl'uré que cette
» préparation avoit toutes les qualités de la pouzzolane, à laquelle elle
refl'embleparfaitement, 8con s'enfert comme telle avectous les fuccès
» poflibles dans les baffins Si éclufes que l'on fait dans ce voifinage ,
» pour franchir les cafcades de Trolloeta.
1) Cette invention eft due à M. Baggé, de Gothenbourg. »
J'ai examiné foigneufement la pierre noire dont on fait cette pouzzolane
; elle n'eft autre chofe qu'une véritable ardoife dure , très-pure,
ne faifant pas la moindre effervefcence avec les acides , & paroiffant
fe divifer en feuillets ailéz épais, à en juger par l'échantillon qu'a eu
la bonté de me donner M. Efcalier , lorfque j'eus l'honneur de le voir
à Toulon , où iVI. de Sartine , miniftre Se fécretaire d'état au département
de la marine , m'avoit envoyé pour faire mettre en épreuves les
pouzzolanes que j'avois découvertes dans le Vivarais. Cette mêmeefpece
d'ardoife fe trouve en plufîeurs endroits de la France ; j'en ai vu dans
les Alpes Sî. ailleurs.
Comme on eft obligé de calciner deux fois cette pierre en Suede, cette
opération doit confommer beaucoup de bois, Se rendre cette pouzzolane
f a û i c e chere : on pourroit donc demander la raifon pourquoi dans un
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