330 V O L C A N S ÉTEINTS
N°. 8. nouvelle couche calcaire d'une mince épaifleur, fe divifanC
cependant en deux branches qui faifîflent la partie anguleufe d'une
• couche de bafalce.
N°. 9. offre la derniere & la plus confîdérable coulée de bafalte , formant
une faillie raboteufe & irréguliere.
V o i l à le type exa£t de cette étonnante coupe.
O n pourroic en voyant ce morceau ifoIé,en tirer de nombreufes conj
e f t u r e s , mais rinfpeftion attentive des lieux ne m'a permis d'env
i f a g e r ce grand objet que fous deux points de vue différens, fur lefquels
j'aurai l'honneur de vous entretenir dans peu, mais je dois auparavant
vous dire un mot de l'état de cette lave, & des effets qu'elle
a produite fur la matiere .calcaire.
E n général cette lave dure eit de la nature du bafalte noir le plus
f o n c é ] elle eft compar e , ferrée , & je n'ai trouvé qu'un feul endroic
d ' e n v i r o n 12 ou 15 toifes de longueur, où elle a un peu bouillonné fur
i a fuperficie qui offre des pores & des bulles bien fenfibles ; mais j'obf
e r v e que cet accident ne fe remarque que fur la croupe de la montagne
, là où la matiere en fuiîon a commencé à s'élever, & non dans les
c o u l é e s horizontales qu'on apperçoit entre des bancs calcaires.
O n trouve quelquefois dans cette lave de petits éclats de fchorl noir j
mais en général cette fubiîance n'y eft pas commune.
L a . lave , quoique adhérente à la pierre calcaire , peut s'en détacher
dans certaines circonftances, lorfqu'on la frappe à coup de marteau,
mais pour l'ordinaire elle eft tellement liée & comme amalgamée avec
l a matiere calcaire , que Tadhefion la ioudure eft parfaite. J'ai des
morceaux de cette efpece, fciés & polis, d'une grande beauté ;le bafalte
d'une couleur noire & tranchante a pris le luftre le plus éclatant, &
l a pierre calcaire qui lui fert de matrice, étant de la nature d'un marbre
g r i s cendré , & ayant acquis elle-même un bel éclat , produit un effet
admirable. C'eft dans,de pareils morceaux où l'on peut obferver les plus
l é g e r s accidens que le poliment a développés & mis à découvert.
Comme ce n'eft que par desobfervationsdétaillées,fuivies & compar
é e s qu'on peut , en marchant de faits en fai ts, fuivre ici la nature pour
t â c h e r s'il eft poiTible d'entrevoir fa marche, je fuis forcé de devenir min
u t i e u x , & de m'appéfantir fur plufieurs petits accidens que j'ai remarqués
dans le courant de lave qui fait l 'objet de cette lettre.
L e morceau que j'ai l'honneur de vous envoyer vient ici fort à propos
à mon a ide , & fervira à me faire mieux entendre, puifqu'il renferme
e n petit la plupart des variétés qu'on remarque dans les grands blocs du
r o c h e r de la Chamarelle.
G e t é c h a n t i l l o n a 5 pouc e s de longueur, 3 p o u c e s d'épaiffeur & 4 pouces
1 lignes de large.ur : la bafe principale eft une pierre calcaire corapafte,
d u r e , d'un gris cendré, un peu jaunâtre dans certaines parties, en général
fort pefante à caufe du bafalte qui s'y trouve inclus.
J'ai indiqué par des numéro les parties de ces morceaux qui méritent
le plus d'être étudiées.
j j n e des principales faces marquée n°. i , offre un parement fur lequel
on voit trois petites couches de bafalte, dont une a 9 lignes d'épaiffeur
dans fon plus grand diametrej elles font irrégulièrement déffinées &
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abfolument adhérentes à la pierre j ce qu'il y a même de iîngulier 8c de
bien étonnant, c'eft qu'on voit de très-petits linéaÂens capillaires de
b a f a l t e fe détacher des couches, ¿k fe prolonger dans la pierre calcaire
a v e c laquelle ils ont une adhéljon intime : comment la lave a-t-elle pu
f e divifer en filets ft minces, & pénétrer ainiî à travers un corps fi dur?
N". 2 qui eft la partie oppofée à celle-ci, a des caraiteres bien remarq
u a b l e s ; au lieu de trois couches'on n'y en obferve que deux, dont la
p r i n c i p a l e occupe toute la longueur du morceau, & a un pouce de diainetre
dans ia plus grande largeur. J'entrevois ici un accident lîngulier
. ik bien extraordinaire dans la petite couche fur laquelle je vous prie
de vouloir porter toute votre attention; j' y vois la lave par petits fragmens
détachés & irréguliers ; j e crois moins reconnoître ici une'véritable
c o u c h e d e lave, que des éclats & des lambeaux de bafalte que la matiere
c a l c a i r e boueufe & liquide a enrraînés & dépofés en forme de couches.
Je crains , Moniieur, de m'expliquer mal , parce qu'un tel morceau
e f t plus aifé à voir qu'à décrire, mais comme vous le recevrez avec ma
l e t t r e , vous ferez mille fols mieux en état de le juger & de l'apprécier
que moi; lî je prends même ici la liberté de vous parler un peu trop au
l o n g de cet échantillon, c'eft moins pour vouloir vous en donner tous
les détails, que pour vous indiquer les parties qui méritent le plus d'être
obfervées-, afin que vous les trouviez tout de fuite.
- 5 eft placé à côté d'un petit éclat de fchorl noir vi treux, matiere
qui accompagne prefque toujours les laves.
4 eft un accident intéreflant; c'eft une cryftallifation fpatique
c a l c a i r e de 2 pouces de longueur fur 4 lignes de largeur, à demi-tranfp
a r e n t e & dans une cavité du bafaltes; ce fpath a-t-il été pris & eng
a g é ainfi tout formé dans la lave? s'eft-il au contraire cryftallifé après
-coup, à l'aide d'un l iquide, & ce liquide ne fuppoferoit-il pas le féjour
l e n t & conftant des eaux de la mer dans cette partie après la formation
de la lave? ou cette cryftallifation n'eft-elle qu'accidentelle & locale, &
due au fuintement des eaux de pluie qui ont tranfporté des molécules
f p a t h i q u e s dans cette cavité, ou qui ont régénéré en fpath le noyaux
c a l c a i r e qui fe trouvoit inclus dans la lave? Ces trois queftions pourroienc
.faire feules le fujet d'un livre.
N°. 5 déiîgne un accident curieux; c'eft un fragment irré^ulier, un
p e t i t n o y a u d e pierre calcaire dans l'intérieur même de la lave; on en voie
encore un fécond non loin de celui-ci. Cette couche bafaltique forme un
c o n t r a f t e avec la zone fupérieure, où l'on voi t la lave inclufe en noyaux
détachés dans une efpecede petite couche calcaire, tandis qu'ici c'eft la
matiere calcaire elle-même qui fe trouve inférée dans le bafalte. Je
p o f f e d e dans mon cabinet des morceaux dans ce genre, d'un très-gros
v o l u m e , où l'on voit des noeuds confîdérables de pierre calcaire, inférés
dans la fubftance volcanifée.
I l fe préfente naturellement à ce fujet deux grandes queftions: la
l a v e a-t-elle percé les rochers calcaires, & en a-t-elle foulevé les bancs
p o f t é r i e u r e m e n t à la formation de ces mêmes montagnes calcaires, ou
c e t t e opération s'eft-elle faite fous les eaux de la mer, dans le temps
o ù les détritus des teftacées écoient dans un e'tat de vafe boueufe?
L e s fegmens de pierres qu'on trouve dans cette lave, fembleroienc