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eft jaunâtre, grife , noire ou rougeâtre, en raifon des différentes altérations
que le principe ferrugineux qui s'y trouve contenu, a éprouvé.
2°.Lesfuméesacidesfulphureufesfrappantleslaveslesplusdures,lespén
e t r e n t , les attendriflent, changent leur couleur noire en rouge , & les
convertiflent en pouzzolanes ochreufes quiparoiiTent un peu argilleufes,
iiiais qui n'en font pas moins d'une très-bonne qualité , ainii que l'expérience
le confirme : la couleur de celles-ci eft ordinairement d'un rouge
foncé aflez vif ou jaunâtre. Il eft quelquefois des vapeurs fi adives dans
certains volcans, que non-feulement elles amoU'iflent les laves, mais les
dépouillant totalement de leur fer , les font pafler à l'état d'une argille
blanche : on voit ce phénomene à la Solfatare. Une telle fubftance feroic
beaucoup trop altérée ; la déperdition de la matiere ferrugineufe lui enle.
veroit la faculté de fe fixer & de prendre un corps dans l'eau. La propriété
de la pou:(:(olane , dit M. Ferber dans fes lettres fur la minéralogie
de l'Italie, lui vient vraifemblablement de la vertu liante des particulesferrugincujes
qu'elle contient. Voyez auffi la minéralogie de Cronfiedty
édit. allem. de M. Brünnich , page 47. La chaux defer, dit M. le baron
de Dietrich , a en général la propriété de lier les parties terre/ires, car on
remarque que les jcories des fourneaux de fonte de fer font un très-bon
effet dans les cimens. Quoi qu'il en foit, les Romains ont bien reconnu
le bon ufage de la pow^^olane ; ils Vont employée dans tous leurs mortiers
quand Us ont pu s'en procurer ; à fon défaut, ils fubflituoient la brique
rouge pilée, qui étant aujji une terre vitrifiée un peu ferrugineufe, devoit
la remplacer. Note de la page 179 des lettres de M. Ferber.
5°. Le bafalte lui-même le plus compafte & le plus dur fe trouvant,
dans certaines circonftances, expofé à des vapeurs dont nous ne fommes
point à portée d'étudier la nature dans le moment des éruptions, eft
converti lui-même en une pouzzolane rouge ou grife , douce au toucher,
d'une très-bonne qualité. J'ai obfervé dans le Vivarais des bancs entiers
de bafalte convertis en pouzzolane rouge ; ces bancs ainfî décompofés
étoient recouverts par d'autres bancs intafts & fains d'un bafalte dur &C
n o i r ; on fe tromperoit Ci on les regardoit comme une argille cuite &
calcinée ; l'infpeâion des lieux & plufieurs autres circonftances démontrent
que c'eft un véritable bafalte réduit en chaux & en partie déphlogift
i q u é , fi je puis me fervir ici de ce terme : on trouve même fur le plus
haut de la montagne volcanique de Chenavari en Vivarais, & ailleurs
dans le voifinage des cráteres, le bafalte décompofé attenant encore au
bafalte fain, & on peut fuivre les gradations de la décompofition. J'ai
parlé plus au long , dans ma lettre à M. le chevalier Hamilton, du bafalte
paflant à l'état de pouzzolane : je ne dois pas oublier de rappeller à cette
occafion un phénomene intéreiTant, rapporté par ce favant , & qui peuc
répandre quelque lueur fur ce fujet. » J'ai fouvent remarqué , dit le na-
» turalifte anglois, fur le mont Véfuve, quand je me trouvois à côté
)j d'une bouche d'où la lave fortoi t , que la qualité de cette lave varioic
» de momens à autres ; je l'ai vu auflî fluide & aufli liquide que le
concluant pour la réduûion des laves en chaux, dans l'intérieur même
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du foyer. Qu'on ne nous objeâe pas que ces \zvts farineufes font peutêtre
des matières pulvérulentes que le volcan rencontre dans l'intérieur
de la t'erre, & qu'il vomit avec la lave j j'ai examiné plufieurs de ces
laves farineufes , & je les ai toujours reconnu pour une lave réduite
en chaux.
Je ne prétends pas au refte reftreindre la nature aux trois feuls moyens
dont je viens de parler , pour la formation de la pouzzolane, dont la
matiere primitive émane toujours des laves j nous fommes fi peu avancés
encore dans l'hiftoire des faits, nous favons fi peu ce qui fe paiîè dans
les laboratoires de la nature, que nous devons avouer de bonne foi que
la fcience n'eft encore que dans fon berceau. Je n'ai donc rapporté ici
les trois circonftances où j'ai cru appercevoir le paÎTage des laves poreufes
& du bafalte même, à l'état de pouzzolane, que parce que ce font
celles qui m'ont frappé le plus & qui m'ont paru les moins équivoques.
Analyfe de la Pou\-^olane.
J E vais d'abord rapporter ce que M. Sage dit de- la pouzzolane, à la
page 516 du tomelàt ÎQsélémensde minéralogie :lefentimentde cet habile
chymifte vient fi fort à l'appui de ce que j'ai avancé fur les laves & fur
la pouzzolane , que j'ai cru devoir le rapporter ici tout au long. » La
>) pouzzolane me paroît être une efpece de tufa, au moins celle qui eft
» jaune ou rougeâtre & qu'on trouve dans l'état eccléfiaftique aux enî)
virons de Rome, & dans d'autres parties de l'Italie ; on la traniporte
•)) à Civita-Vecchia, d'où on l'envoie en Suede , en France, en Hollande
» & dans plufieurs autres contrées de l'Europe pour en faire , en l'unif-
» fant avec de la chaux, un mortier impénétrable à l'eau. Cette pouzî)
zolane , expofée à un feu violent, éprouve les mêmes altérations que
}) le tufa à'Herculanum , c'eft-à-dire, qu'elle fe réduit d'abord en une
» fcorie noire, cellulaire , & qu'enfuite elle forme un émail noir.
» M. Cronftedt a placé la pouzzolane parmi les mines de fer, à caufe
n de la portion de ce métal qu'elle contient, de même que les bafaltes
» d'où elle tire fon origine. »
On voit que la pouzzolane fuit le fort de toutes les eipeces de laves
plus ou moins altérées, c'eft-à-dire , que fi on l'expofe à un feu violent,
elle s'y réduit en fcorie & enfuite en émail noir. Les laves poreufes,
brunes ou rouges, les laves compares noires ou jaunâtres , en un mot,
toutes les matieres volcaniques, de quelques climats qu'elles viennent,
donnent toujours un verre lorfqu'on les foumet à un feu foutenu.
Voici une expérience fort fimple qui prouve que la pouzzolane a la
même identité que les laves : prenez deux gros de pouzzolane rouge ou
d'un brun rougeâtre, ou de la noire ; réduifez-les en poudre fine 8c
impalpable dans un mortier d'agathe ou de verre ; faites la même opération
fur de la lave poreufe ou corapafte, fur du bafalte en prifme j
prenez toutes les variétés des matieres volcaniques, ayez foin qu'elles
ne contiennent aucun corps étranger; faites-en autant de lots îeparés
du même poids & bien étiquetés ; placez ces différentes poudres dans
autant de verres ou de petits boccaux bien propres ; verfez deiTus fix
parties d'acide marin concentré , vous ne tarderez pas à voir l'acide