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encore 3.' Saint'Paiilkn &c aux environs} on n'en voit pas de veftlges
dans tout le haut Vivarais ni même dans le bas, parce que de tous les
cráteres que j'ai pu fignaler ici ou là, il n'y en a aucun que j'aie eu lieu
de préfumer avoir reçu d'autres eaux que celles des fources a-
6°. Les déjections des volcans ont été ici , comme elles le font partout
ailleurs, de diverfes matières, mais en général le bafalte y domine ;
il paroîc même que cette efpece de lave a été l'unique produit du grand
nombre de nos bouclies à feu.
Je trouve ceci d'autant plus digne d'attention que les principales productions
des volcans modernes font d'une toute autre efpece. Cette diverficé
de raatiereeft fans doute due à la différence des fols fur lefquels les feux
foiiterreins fe mettoient en aftion; refte à favoir fi pour faire du bafake
il n'eft pas befoin qu'ils travaillent fur le granit; & même fi quelques
uns des principes conftitutifs de l'un n'entrent pas eflentiellement
dans la compofition de l'autre ; plufieurs raifons me portent à le croire.
L a principale c'eft que d'une part le bafalte n'eft pas fimpleraent une
terre recuite , un fable vitrifié , une argille dénaturée par le feu , mais
une pierre véritablement factice, qui réfulte de la corabinaifon d'un certain
nombre de parties aqueufes, terreufes, fulphureufes , métalliques,
ôc que de l'autre , celui dont tout ce pays-ci eft couvert, n'a pu avoir pour
bafe , ou du moins pour matrice , que le granit qui eft ici l'unique roc
primitif b.
i^près le bafalte nos matieres calcinées les plus communes font les
argilles, il paroît que de celles-ciles unes ont été véritablement fondues,
ce qui fe connoît à la forme radiée de leur furface , ou aux bouillons
dont elle eft furfemée. : les autres ont été fimplement cuites comme de
la brique. J'ai trouvé quelquefois des blocs confidérables de cette efpece,
mais je n'ai point vu de courant lié Sc fuivi ni des unes ni des autres.
Je n'ai garde d'entrer ici dans le détail de quantité d'autres matieres
molles ou dures , friables ou non , & de couleur différente , qui font
partie des laves de nos volcans ; ce font pour la plupart des argilles
décompofées, des mélanges de terre de diverfes fortes plus ou moins élaborées
au feu , des concrétions & des amalgames de différentes pierres
avec des terres primitives, mélangés avec des fragmens de bafalte.
Ces variétés du refte font beaucoup plus communes dans le creux du
Puy aux environs que par-tout ailleurs; l'enfemble des volcans y eft
beaucoup plus frappant, non feulement parce que les plus belles mafles
de rocherqu'ils aient enfantées dans cescantons, s'ytrouventréuniesfous
lui feul point de vue ; mais encore parce que les diverfes teintes que
les matieres calcaires ontreçues du feu, & qui s'étalent furie revers des
côtaux, font un effet furprenant.
Les
a Tout ceci, n'en d¿plaife à M. l'abbé de Morte- le-granic eft la pierre primitive. M. de Morcefagne
Ûgne, dont ie refpeôe les connoitTances, eft un peu avance mal-à-propos que !es produûions des volcans
trop fTftématiquci s'il eut été témoin de l'antique ré- modernes/ont d'une toute autre efpece , que celle des
. volution dont il donne ici le détail, il n'eOt petit- volcans éteints; il auroit pu s'éditer du contraire, en
être pas parlé" aiidî aiSrmativement. Les naturalifies voyant dans mon cabinet, qui lui eu familier, les futexcrcïs
fur ces matieres, qui vificcTonr le magnifique i • i j i
bailin du Puy, en prendront, j'ofe l'aiTurer, une idée
un peu différente : les volcans y ont opéré dans le
grand , & lés eaux de la mer y ont occafionné des
cliangemens dont on ne peut méconnoitre les traces.
b II s'en faut beaucoup qu'on ait des preuves
que le bafalte & les laves doivent leur origine au granit
: tout cela n'eft pas pius démontré qu'il J'efl que
iUllUIlCl , IIZ» ^UL—
..jbreufes des produ'Sions des volcans brûlans ;
elles font abfolument les mûmes. Il n'efi qu'une feule
& même maciere volcanique , la lave dare ou le bafalte
; touteslesautres.qooiquevariéesparlesformes,
par la couleur , par la dureté , &c. ne font que des
modificacioas ou des altérations de la premiere efpece.
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Leg fables ont fait auiTi une partie confidérable des déjeûions des
volcans du Velay, mais on ne les trouve pas fi fréquemment dans le hauc
ni même le bas Vivarais a, c'eft peut-être parce qu'il y a eu ici moins
de cratere's fujets à l'irruption des eaux : quoique ces fables n'aient pas
à beaucoup près la confiftance des laves boueufes , ils n'ont pas laiffé
que d'être faifis par le fuc lapidifique, au point de poiivoir fervir de
bafe à de grands édifices : une chofe bien digne de remarque , c'eft qu'ils
ne font jamais entremêlés de débris de bafalte, on y voit en revanche
des couches très-minces d'une matiere friable dont la couleur tranche
fortement en ligne horizontale fur celle de la maiîe entiere.
D e plus certaines zones de la largeur d'un pouce & teintes en biftre,
fe déploient à grandes ondes, ainfi que des rubans fur la furface de ces
monceaux; quelques-unes fe rejoignent après avoir décrit des contours
plus ou moins grands, & celles-ci font autant de rudimens de géodes j
•pour s'en_ convaincre il ne faut que fe tranfporter fur la hauteur
du chemin qui conduit du Puy i Brives y là eft une croix en face de
laquelle s'éleve un terrein compafte donc la coupe eft toute parfemée
de ces concrétions, & à moins que quelque éboulement n'aie détruit ce
morceau curieux, on y verra l'ébauche à demi-cernée d'une en particulier,
laquelle conduite à fa perfection , auroit au moins 15 pouces de
<3iametre
J'ai cherché fort attentivement des laves fondues en place, mais foie
que je n'aie pas eu d'ailez bons yeux, ou qu'il n'en n'exifte pas ici, je n'en ai
pas trouvé ;Je crois fans peine que quand les coulées de bafalte bouillant
s'entaffoient fur d'autres parfaitement durcies, les nouvelles venues
xemettoient en fufion à quelque profondeur la furface des anciennes;
je crois même, nonobftant ce que je puis en avoir dit ailleurs, que c'eft
ici la feule maniéré d'expliquer la formation du couronnement de la
plupart de nos pavés des géans; mais à cela près je n'ai rien apperçu
dans le Vivarais qui annonce des fontes de matieres terreufes faites autre
part que dans le fourneau des volcans.
Une fingularité de leurs produits que je ne dois pas oublier, c'eft que
nos grandes mafles de laves, foit qu'elles foient formées en pics ou en
collines, ont conftamment fur leur crête des amas ifolés de bafalte qui
femblenty avoir été mis exprès pour marquer leurs extrémités oppofées.
Lorfque j'ai été un peu fait à l'air & à la maniéré de nos volcans, ÔC
que je me fuis tranfporté d'un endroit à l'autre pour en reconnoitre de
nouveaux, mon premier foin a toujours été de monter fur quelque eminence
pour confidérer delà toutes les élévations; par-tout où j'ai vu deux
têtes fur quelque fommec, j'ai conclu qu'il étoit volcanique , & je ne
rae^ fuis jamais trompé. Ces intumefcences fe voyent fouvent fur les
moindres grouppes de laves comme fur les plus grands amoncelemens,
à Ardenne il en exifte un petit courant, qui dans une longueur d'environ
100 pieds, a bondi jufques à quatre fois. Il eft vrai qu'ici tout eft lié ;
mais ce qu'il y a de plus incompréhenfible, c'eft que les traînées de blocs
de bafalte parfaitement nus & décharnés vont auffi par ondées , ou iî
«Les
uides couches fablonneufes fur îefqiielles liérerrentdu côté de Vais , que dans le Velay.
plupart des cha.iilées de bafalte , font en- b Ce font les fédimens des dépôts ferrugineux,
repof¿nt
«ore plus communes dans
bas Vivarais, parcicu-
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