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>1 animaux font de la taille ordinaire. Nous paffâmes près de la der-
» niere éruption de l'année 1766, qui détruifit plus de quatre milles
» en quarré du beau ¡lois dont j'ai parlé. L a montagne élevée par cette
>1 éruption abonde en foufre & en fels exaftement femblables à ceux
)) duVéfuve, & dont j'ai envoyé des échantillons au feu lord Morii
con , il y a quelque temps.
» Environ cinq heures après que nous eûmes quittél e couvent de St.Ni-
» colas de l'Arena, nous arrivâmes aux confins de la troifîeme région ,
j) appellee la Netla, ou Scoperta, nette ou découverte; l'airy étoit, à
» la vérité, exceffivement froid; de forte que dans la même journée ,
w nous éprouvâmes fur cette montagne les effets des quatre faifons de
)i l'année : la chaleur excelSve de l'été dans la région piéraontoife ; l'air
» tempéré du printemps &,de l'automne dans la région du milieu , 8c
j> le froid extrême de l'hiver dans celle d'en haut. A mefure que nous
» nous approchions de la derniere, je remarquai que la végétation di-
>> minuoit par degrés , depuis les plus grands arbres jufqu'aux plus
» petits arbriffeaux & aux plantes des climats feptentrionaux. J'obfer-
» vai quantité de genievre & de tamarin ; & notre guide nous dit que
î) lorfque la faifon eft plus avancée, on y voi t un nombre infini de planÌ)
tes curieufes, & que dans quelques endroits on trouve de la rhubarbe
» & du fafran en abondance. Dans l'hiftoire de Catane, par Carrera, it
M y a une liflie de toutes les plantes de l'Etna par ordre alphabétique.
» Comme la nuit approchoit, nous nous mîmes ici à couvert fous
3) une tente, & fimes un grand feu , ce qui étoit très-néceil'aire; car
jj fans feu fie habillés comme nous étions , nous eulîions péri infkilli-
» blement de froid. Le z6, à une heure après minuit , nous pourfui-
1) vîmes notre voyage vers le grand cratere. Nous paffâmes fur des nei-
M ges qui rempliflentdes vallées profondes, & qui ne fondent jamais, à
)) moins qu'il n'y coule au deffus quelques laves de la bouche du grand
» cratere ; ce qui arrive très-rarement, les grandes éruptions venant
» ordinairement de la moyenne région; & cela, parce que la matiere
» enflammée ( à ce qu'il me femble ) trouvant à fe faire jour dans
» quelques parties foibles , long-temps avant qu'elle puilfe s'élever à
» la hauteur exceffive de la région fiipérieure , la grande bouche du
)) fommet ne fert que de cheminée commune au volcan. Dans plufieurs
j) endroits la neige efl couverte d'un lit de cendres jetées du cra-
» tere , & le foleil la fondant dans quelques parties, en rend la furface
» dangereufe. Mais comme nous avions avec nous, indépendamment de
)1 notre guide , un payfan bien au fait de ces vallées, nous arrivâmes
)) fans accident au pied de la pet i t e montagne de cendres qui couronne
» l'Etna, environ une heure avant le lever du foleil. Cette montagne eft
M fituée fur une plaine d'une pente d'environ 9 milles de circonférence ;
1> elle n'a guère qu'un quart de mille de hauteur perpendiculaire très-ef-
1) carpée, mais non cependant pas autant que le Véfuve : elle a été
» formée depuis trente ans ; 8c plufieurs perfonnes de Catane m'ont dit
» qu'elles fe fouvenoient de n'avoir vu qu'un large cratere dans le mill
lieu de cette plaine. Jufqu'à préfent la montée avoit été affez douce
« pour n'être pas fatigante, car le fommet de l'Etna eft à 30 milles de
» Catane ( d'où l'on commence à monter ) ; 8c fans la neige nous aui
LES VOLCANS BRULANS. çi
» rions pu aller fur nos mulets jufques au pied de la petite montagne ,
» plus haut que le chanoine , notre guide, n'avoit jamais été. Comme
)) je vis que cette petite montagne étoit femblable à la cime duVéfuve ,
>) qui eft folide & ferme, quoique la fumée forte de tous les pores,
» je ne fis aucune difficulté d'aller au haut du cratere, & mes compa-
» gnons me fuivirent. L a montée dure , la vivacité de l'air, les vapeurs
« de foufre & la violence du vent, qui nous obligea plus d'une fois de
» nous jeter le vifage contre terre , crainte d'en être renverfés, rendi-
» rent cette derniere partie de notre expédition très-défagréable. Pour
» nous confoler, notre guide nous aflura qu'il y avoit ordinairement
j) beaucoup plus de vent dans la haute région de l 'Etna qu'il n'en faifoic
» pour lors.
» Bientôtaprès que nousfûmes aiTis fur i a plus haute pointede l'Etna,
)) le foleil fe leva, & nous eûmes devant lesyeux une fcene brillante au-
» delà de toute defcription. L'horizon s'éclairant par degrés, nous dé-
» couvrîmes la plus grande partie de la Calabre , & la mer de l'autre
5) côté, le phare de MeiFine , & les ifles de Lipari. Stromboli, avec fon
J) fommet fumant ( quoiqu'éloigné de plus de 70 milles ) fembloit être
» précifément fous nos pieds. Nous vîmes l'ifle entiere de la Sicile, fes
M rivieres , fes villes , les havres, &c. comme iî nous avions regardé
ï) une carte de géographie. L'iile de Malte eft une terre baile j mais il
î> y avoit une telle brume de ce côté-là de l'horizon, que nous ne pûmes
» la bien voir : notre guide nous aflura qu'il l'avoit vu d'autres fois
» très-diftin£tement, & je le crois , parce que dans d'autres parties de
» l'horizon qui n'étoient pas embrumées, nous vîmes à une plus grande
j> diftance : d'ailleurs quelques femaines auparavant , en entrant dans
» le havre de Malte , nous avions eu de notre vaiiTeau une vue trèsîî
diftinâe du fommet de l'Etna: enfin, comme je l'ai mefuré depuis
») fur une bonne carte , nous pouvions voir dans un inftant une circon-
» férence de plus 900 milles. L'ombre pyramidale de la montagne tra-
» verfoit toute l'ifle , Se s'étendoit fort avant dans la mer. Je comptai
)> de-là quarante-quatre petites montagnes dans la moyenne région du
» côté de Catane, & plufieurs autres du côté oppofé , toutes d'une
» forme conique, chacune ayant un cratere, dont plufieurs étoient cou-
» verts de grands arbres au dedans 6c au dehors. J'appelle ces monta-
)) gnes petites en comparaifon du mont Etna , dont elles ne font qu'une
» émanation ; car par-tout ailleurs elles paroîtroient grandes. Les poin-
» tes de ces montagnes, que j'eftime être lesplus anciennes, font émouf'
» fées, 8c les cráteres par conféquent plus .étendus & moins profonds
n que ceux des montagnes formées par des explofions plus récentes ,
» qui confervent en entier leur forme pyramidale : quelques-unes ont
)) été fi changées par les temps , qu'elles n'ont d'autre apparence d'un
» cratere, qu'une forte de creux dans leur fommet arrondi : d'autres
» ont feulement une deuxieme ou troifieme partie de leur cône qui
» fubfifte , les parties qui manquent ayant peut-être été détachées par
» les tremblemens de terre très-fréquens'dans cette contrée: toutes ce-
» pendant ont été évidemment élevées par des explofions, 5c je crois
j) que le réfultat des plus exactes obfervations fur ce point , feroit que
» plufieurs formes fingulieres de montagnes dans d'autres parties du
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