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3 0 6 VO L C A N S É T E I N T S
c ' e f t - à - d i r e i environ 1 pieds ; à peine eus-je afpiré par deux ou trois
f o i s que je me fentis la poitrine embarraffée ; je me levai avec précipit
a t i o n , & me fentant fufFoqué j e me jetai de l'eau fur le vifage Si eus
r e c o u r s à l 'efpri t volatil de fel ammoniac que vous aviez eu la bont é de
m e donner ; je f u s p r omp t eme n t foulagé.
V o i l à , Monf ieur , ce que j'ai o b f e r v é , & ce fai t l ' a é t é par plus de vingt
p e r f o n n e s ; je dois vous dire que dans les deux différentes occafions où
j e fuis allé à Neyrac , le temps étoit b e a u &. f e r e i n , & qu'il n 'avoi t pas
p l u depuis quelques jours , a u lieu que lorfque nous y fûme s enfemble,
c ' é t o i t , ainfi que vous le favez, dans le temps d'une pluie extraordinaire
qui avoit probablement abforbé toutes les vapeurs.
J e fouhaite que vous ayez fait votre voyage en parfaite famé , &
v o u s prie d'être perfuadé de la plus refpedueuf e & parfai t e confidérat
i o n avec laquelle j'ai l 'honneur d'être ,
M o n s i e u r ,
Votre très-humble & trèsobéiiTant
ferviteur,
PASCAL, curé.
RÉPONSE de M. FAVJAS DE SAINT-FOND, à la lettre de M. le
Marquis de Ceoffre de Chahrignac.
J e trouvai, Monf i eur , à mon arrivée au Puy en Velay, la lettre inté.
r e l i a n t e que vous m' y adref sâtes au fujet des belles expér iences que vous
f î t e s dans u n des pui t s de Neyrac , avec M. le marqui s de Rochefl 'auve ;
j e fus extrêmement reconnoifl'ant de l'attention que vous aviez bien
v o u l u avoir de m'en faire par t .
N e vous trouvant pas à Auhenas , où le mauvais temps m'avoit emp
ê c h é de me rendre au jour indiqué, j e partis pour le vi l lage du Colombier
, dans l'intention d'entrer delà dans le haut Vivarai s ; mai s me trouv
a n t fi voifi n de Neyrac , j e ne refiftai p o i n t à l a curiofité d'y aller avec
M . le prieur du Colombier , qui eut la complaifance de m' y accompag
n e r . Croiriez-vous, Monf i eur , que les trois puits fur lefquel s je tentai
d e s e x p é r i e n c e s , n e medonnerent aucune efpece d' indicat ion de vapeurs
n u i f i b l e s ; une bougie allumée ne s'y éteignit point ; une poule que j'y
d e f c e n d i s , ne r e f l ' ent i tpa s b moindr e incommodi té : enf in, fi j e n ' e u f l e pas
o b f e r v é à l 'ext rémi t é latérale du fol où font ces efpeces d'excavations ,
u n e belle fource fortement imprégnée d'air fixe , j 'auroi s regardé tout
c e qu'on nous avoit dit à ce fuj e t , c omme un badinage, o u comme l'effet
d e l'amour du merveilleux.
J e quittai donc Neyrac, peu fatisfait de mon voyage & des peines
q u e je m'étois données en fuivant le chemin efcarpé, pénible & danger
e u x , qui regne tout le long de VÂrdeche, depuis le pont de Barriitel]\iiq
u ' à Neyrac , o ù l'on eft expofé cent fois à fe caffer le c o l , ou à fe préc
i p i t e r dans la r iviere. Je priai cependant M. le prieur du Colombier de
r e v e n i r encor e une fois faire de nouveaux eflais dans ces pui ts, car je
f o u p ç o n n o i s que les pluies abondantes qui regnoient depuis quelques
t e m p s , pouvoi ent avoir affoibli les vapeurs méphyeiques qu'on y remarq
u o i t auparavant ; je laiffai à M . le prieur du Colombier de l'alkali volat
i l pour tenter quelques expériences.
D U V I V A R A I S. tù f
A r r i v é dans la capitale du Velay , j'eus le plaifir d' y trouver votre
l e t t r e , q u i conf tatoi t l 'exi f tence d 'un p h é n omè n e femblabl e à celui quis'ob-
£èrve dans la g rot t e de Pouziole, & puifqu'une poule a été l'objet fur
l e q u e l vous avez fait ici vos premieres expériences , j e crois qu'on dev
r o i t donner à l a pr incipal e ouverture ou excavat ion de JVej rai : , le nom
d e puiu de la poule , tout c omme on a donné à la caverne de Pouzzole
cclai de grotte du c/iie/i, parce que c'eft o r d i n a i r eme n t un.animal de cette
e f p e c e qu'on foumet à l'aftion de la v apeur méphytique.
J e ne répondis pas fur i e champ à votre let tre, parce que j'étois emb
a r r a f f é de vous faire p a rveni r ma réponfe, me t rouvant dans de hautes
m o n t a g n e s , & dans une efpece de pays perdu J j'étois d'ailleurs bien
a i f e de revenir une fécondé fois à Neyrac, après mon voyage du Velay,
n o n q u e j e doutaile de l 'exadi tude de vos obfervat ions, mais pour pouv
o i r en même temps vous faire part des miennes.
J e - n e pus entreprendre cette cour f e qu'affez tard, Bi. j e fis recrue, en
p a f f a n t i Aubenas, de plufieurs compagnons de voyage inftruits; j'en
p a r t i s avec M. le chevalier de Colonne, M le comte de Chalendef,
M . le cheval ier de Bannes , M. B e r n a r d y , & M, de la Boiffiere trèsi
n f l r u i t en pliyfique & en hiftoire naturelle.
C e fut par la rout e de Jaujeacqüe nous parvînmes à Neyrac, en fuiv
a n t les grandes chauffées bafaltiques des bords du F%n o n , j u f q u ' à la
r i v i e r e d'Ardeche; arrivés à Neyrac nous nous procurâmes une poule 8c
u n chat) la poule fut defcendue la premier e dans la principale ouvert
u r e ; elle n'en eut pas plutôt refpiré l'air, qu'elle battit fur le champ
d e s ailes , s'agita v ivement , ouvri t-un large bec, refpi r a q u e l q u e s infians
a v e c peine, & mourut au bout de deux minutes i nous la laiffâmes enc
o r e environ trois minutes dans le pui ts, ik l'ayant retiré , j e m'apperç
u s qu'elle avoit le bec couve r t d'écumes ; j e fis u f age, mais vainement,
d e l'alkali volatil pour la rappeller à la vi e , elle avoi t refté trop longt
e m p s dans la v apeur , & tous mes foins furent inutiles.
Comme nous n'avions pas ici des poules à not r e difpofition , j e ne pus
t e n t e r pour lors aucune expérience fur des individus de cette efpece ¡
n o s reffources furent donc dans le chat ; il fut lié par les pattes , defc
e n d u dans le t rou où il n'eut pas refté quelques fécondés, qu'il pouffa
u n cri p l a int i f , refpira avec peine ; f e s flancs s'agiterent & ne donnèrent
b i e n t ô t plus que des pulfations lentes & forcées ; il ouvroi t la gueule
p o u r chercher à r e fpi r e r du meilleur air ; fes y e u x groffirent prodigieuf
e m e n t , & paroiffoient vouloi r fortir de la tête ; il relia fept minutes
d a n s cet état convulfif & mourut ; nous le laifsâmes encore quelques
m i n u t e s dans la v a p e u r , où l ine donna plus aucune efpece de ligne de
v i e .
L o r f q u e nous le ret i râmes , fes membr e s étoient roides & en contract
i o n ; je le laiffai en cet état plufieurs minutes fur la ter re, pour voir
li le grand air feul pourroi t mettre en jeii les principes de la vie , mais
v a i n e m e n t ; il étoi t toujours dans le même état ; j e lui tins long- temps
la- mai n fur la région du coeur , fans pouvoir y reconnoître la moindre
e f p e c e de mouvement : enf in, je lui ouvris avec force , à l'aide d'une
c l e f , la gueule qui étoit pleine d'une écume gluante ; je lui jetai "alors
d a n s le gofier quelques gouttes d'alkali volatil, & j e fent i s prefque fu