V O L C A N S É T E I N T S
a l t e r é & "raveleux : c'eft ici où fai découvert le premier prifme odo-
»one de IM colkaion; mais ceux de cette efpece font fi rares, que je
„•en ai jamais pu rencontrer d'autres. Arrivé fur le plateau on trouve un
aire égale de forme oblongue, d'environ zo toifes de largeur fur 11 o de
l o n " u L r ; c e t t e valle terrafle e f t foutenue 5Centoureepardescolonnades
de bafalte ; le laps de temps en a a l tér é la fuperficie & l'a convert i en une
t e r r e graveleufe, d'environ z ou 5 pouces de hauteur, ou 1 on recueille
de dei x en deux ans du feigle ou de l'avoine. L'efcarpement du plateau
dans la partie qui fait face au couchant, préfente un magnihque pave
de eéans dont je parlerai bientôt; je dois dire auparavant qu on volt a
l'extrémité de la terrafle, dans la partie du nord, une grande butte conique
qui domine fur toute la montagne volcanifée : en approchant de
fon p ied, on voit le bafalte graveleux difparoitre pour faire place a div
e r f e s coulées de laves poreufes grifes Sc rougeâtres, qui neTont qu un
bafalte recuit qui s'eft répandu en cet état dans divers fens furia racine
du cène & dans les environs de fa bafe : ici les effets du feu paroiflent
avoir été d'une violence extrême. . . . , ,
Les couches irrégulieres de laves poreufes, dont je viens de parler,
f o n t recouver tes par d'aut res couches de pouzzolane, d un grisrougeatre,
abfolument femblables à celle de Poui iol e : v i e n n e n t enfulte des couches
d e bafalte noir , dur, contenant du fchorl noir, quelques noyaux de
q u a r t z 8c de feld-fpath , Se ces dernieres couches font furmontees par
I s efpeces de bancs fort épais, d'une pouzzolane tres-rouge melee de
beaucoup d'éclats & de petites aiguilles prifmatiques de Ichorl noir:
c e t t e pozzolane en grande malTe, quoiqueun peu diflerente, quant au
R r a i n ^ e la premiere , c'eft-à-dire, de celle q u umi t e celle de Pouzzole,
n ' e f t pas moins d'une qualité aufli bonne, &l a fubftance en eft lámeme.
J e fuis en état de démontrer que cette efpece de pouzzolane rouge de
Chenamri, n'eft qu'une lave dure ordinaire , de la nature meme du baf
a l t e , q u i , après avoir coulé fous cette forme, a ete recuite & calcinee
par les fumées qui l'ont converti en une efpece de ch^ux bafalnque,
qu'on me palfe cette expreflion. Ces bancs de pouzzolane rouge contiennent
encore quelques portions de laves, qui n'ont ete que legérement
a l t é r é e s ; i l s ont abfolument lamême difpofition que les bancs fupérieurs
de bafalte n o i r q u i font, adherens , & on trouve des morceaux de baf
a l t e , en partie intaBs & en partie convertis en cette pouzzolane. La
fommité du cône eft terminée par des mafl-es irregulieres de bafalte noir
i n t a a & de la plus grande dureté. ^
Si on fe place dans la partie qui correfpond au midi , on eli ellraye
de l'efcarpement profond qui fe préfente dans cette partie de la mo^
t a g n e ; on voit à gauche une colonnade étonnante par 1 a r r a n g eme n t 6C
par l'élévation des prifmes , 8c fous la butte même, des entallemens im-
L n f e s de laves poreufes, grifes 8c rougeâtres, dont 1 enfenAl e eft
configuré en portion de cercle. On ne fauroit douter d après linfpect
i on des lieux , que ce ne fût ici la bouche d'un formidable volcan, dont
la plus grande partie du era,ere a été enfevelie 8c abymf t ; il eft facile
d ' e n juger par ce qui refte, 8c on conçoit alors que ce devoit etre une
v a f t e fournaife qui , non feulement a rejeté tout « les laves dont la
montagne eft couverte, mais a produit par fes diferentes explofions ,
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les buttes des environs de Rackemaure, 6c les bouches à feu de la monta<^
ne fur laquelle eft le château. On ne tarde pas à fe convaincre de
c e t t e vérité , ii on veut contempler, fous un point de vue général, 8c
néanmoins fous un même a fpeS, la montagne de Chenavari, les trois
buttes bafaltiques placées auprès du hameau des Fontaines, les différens
cônes volcaniques de Rochemaure 8c du château, le grand ravin
dont j'ai parlé, 8c les courans de laves poreufes, ou les déje£lions
boueqfes qu'on y remarque. Qu'on faififle alors les connexi tés, l'enfeiiible
de ces différentes maffes, 8c on verra que Tef for t ,que l'ébranlement général
qui a donné ifliie aux laves, eft p a r t i du grand foyer de Chenavari.
Je trouve une reflemblance parfai te, dans l'enfemble 8c ladi fpof i t ion des
luafles 8c des accidens , entre ce volcan 8c celui de Stromboli qui brûle
a£tuellement dans iine des iiles de Lipari.
Mais il eft temps de dire un mot du beau pavé qui fout ient une partie
d u plateau de Chenavari-, cette grande chauffée préfente un tableau fup
e r b e , ( Foye^ Planche IIL) elle eft taillée à pic , 8c comme alignée
dans une efpace de plus de 600 pieds; les colonnes placées perpendicul
a i r e m e n t , ont plus de 40 pieds d'élévation; elles font de divers diamètres,
bien deflinées, d'un beau caraèlere, 8c elles fe féparent avec la
plus grande facilité. On en voit pluf ieurs qui , s ' é l evant au deffus des autres,
l e f f e m b l e n t à de grands obélifques, tandis que d'autres, prêtes à fe dét
a c h e r , n'appuyantquefurdes points, ou fufpendues par leur fommité
' î n c r u f t é e dans le bafalte en niaffe, font détourner la v u e , étant prête?
à écrafer quiconque s'arrêteroit un peu trop pour les contempler. Tout e
c e t t e chauflëe étant appuyée fur une pente rapide, la multitude de colonnes
qui fe'font détachéès .of f reuneaut refcene non moinsintéreffant e :
e n n e voit quedes entaffemensde ces colonnes pofées dans tous les fensj
accumulées les unes fur les autres : plufieurs n'ayant pas fouffert dans
leur chûte , 8c étant reftées droi tesoufimplement inclinées, imitent des
efpeces de tours, des pyramides, des clochers, des bâtimens détruits.
Ce grand 8c magnifique fpeftacle por t e un caraSere unique de ruine 8c
de dévaftation. Tout e lafommité de la colonnade eft recouverte par des
maffes irrégulieres de bafalte, d'un volume confidérable. On obferve
dans la principale face de cet t e chauflee deux grandes cafliires tranfverfales
, qui la coupent dans toute leur longueur ; cet accident doit être
a t t r i b u é , felón toutes les apparences, à quelque tremblement de terre
q u i , en ébranlant cette chauffée, auraoccafionné ces deux coupures.
Les prifmes du pavé de Chenavari, font à 5 , à 6 8c à 7 pans, dans la
p a r t i e qui fait face au couchant ; leur diamètre eft depuis 5 pouces jufqu'à
I pied x ; il y en a de très-fains , d'autres font d'un bafalte un
peu graveleux : on n'y rencontr e aucun corps étranger ,ii ce n'eft quelques
points de fchorlnoir. Comme j'ai dit que ce pavé formoit un vafte
plateau , bordé de colonnes, la partie oppofée à celle dont je viens de
faire mention , c'eft-à-dîre , la chauffée qui fait face au Dauphiné, renferme
des prifmes d'un énorme volume , dont plufieurs ont jufqu' à 2
pieds de diamètre, f u r i ; à 18 pieds de hauteur: ce fut dans cet t e partie
oà je trouvai le premier prifme à 8 pans , que je poflede.
Il eft encore un fegraent de cette bèlle chauffée qui renferme des colonnes
articulées, c'eft le côté qui fait face i Rochemaure : là on trouve