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R E C H E R C H E S
COMPTE qu'ont l'honneur de rendre au Confeil de Marine , les
ComniiJJaires par lui nommés pour examiner les Terres.Poii\iolanes,
découvertes dans le Vivarais, fur les bords du Rhône , par M. FAVJAS
DE SAINT-FOND , & les comparer avec celles d'Îtalie.
i _ i E S CoiïimiiTaires rouifigntfs, s'tÎtant fait reprefenter les terres-pouzzolanes du
Vivarais, dépolëes an magalm général , enfuite de l'envoi qui en avoit été fait par
M. Faujns de Saint -Fond, une partie dé couleur rouge, l'autre grife, ont reconnu ,
lui préiènt, par des expériences analyt iques, la même aualogie & les même s principes
qui conilituent la bont ë de celles d'Italie.
Ils ont enfuite fait p e f e r un p ied cube de chaque e fpece d e p o u z z o l a n e , il ODt t rouvé
que la rouge du Vivarais pefoit 76 l ivres, la grife 79 l ivres, 6c cel l e d'Italie 9 1 livres.
C o n t i n u a n t enfuite leur opération, ils ont fait faire l'amalgame des différentes
m a t i e r e s qui doivent, fuivant l'ufagc de ce por t , compofer le béton ou ciment
[ue l'on emploie dans les ouvrages de maçonnerie fous l 'eau , à laquel l e coinpofition
é t é procédé, toujours en leur préfence, de la maniér é fuivante :
S A V O I R ,
D o u z e parties de pouzzolane ,
Six parties de gros fable non terreux,
N e u f parties de chaux v ive bien cuite.
S e i z e parties de blocaille,
E t la quantité d'eau douce néceiTaire pour éteindre la chaux & lier le ciment
D a n s cette opération ils ont reconnu que la qualité de pouzzolane rouge du
V i v a r a i s , formoit un mortier plus gras, ce qui annonceroit qu'elle feroit p ropr e à
p r o d u i r e une économi e utile fur l 'emploi de la chaux.
L ' a m a l g a m e fait, le c iment formé par les pouzzolanes du Vivarais, leur a p a r a f e
r a p p r o c h e r parfaitement de ; celui des pouzzolanes d'Italie.
A p r è s avoir, fuivant l 'ufage, laiffé repofer les difFérens bétons, l 'cfpace de fix
h e u r e s , ils en ont fait remplir trois caiiTes, contenant chacune trois pieds cubes de
m a t i e r e amalgamée: favoir, dans la cailTe n°. i. celle de pouzzolane rouge du
V i v a r a i s , dans la caiiTe n°. 2. celle grife dudit lieu, & dans la caiiTe n°. j . celle
d ' I t a l i e , - ces caifTes fol idement conf t rui tes & percées dans tous les f e n s , p o u r donner
iiTue à l 'eau, ont été fermées, liées avec des chaînes de fer en leur préfence, &
coulées à fond dans le baffin de l'arfenal, au fud du pavillon des peintres.
Il y a tout lieu d'efperer qu'après que lefdites caiiTes auront reftées dans l'eau
l e temps néceiTaire, l'expérience donnera le fuccès deliréj fuccès qui n e peut-être
q u e très-avantageux au fervice du roi.
A Toulon , le 24 décembre 1777. Signés, LOMBARD, le Chevalier D'ALBERT,
S . HYPOLITE, CHAMPORCIN, D'ALBERT DE RIONS, -BOÀDES, LA CLUE, VIDAL DE
L E R Y , VERRIER & PAUL.
Collationné à l'original dépofé au contrôle de la marine ^
à Toulon le Je décembre 1777.
Signé , MOLLIERE.
On voit-, par ce procès-verbal, qué MM. les commiiTaires ont reconnu
dans les pouzzolanes du Vivarais, la même analogie & les mêmes prin^
dp es qui conjiituent la bonté de celle d'Italie,
De
S U R LA POUZZOLANE. 237
De la maniere d'employer la Pou-^-^olane hors de l'eau ,foit pour conftruire
des terrajfes à Vitalienne , expofées à l'air , foit pour former
dans les appartemens des carrelages en compartimens, qui neproduifenî
jamais de pouffiere , & dont la folidité l'emporte de beaucoup fur les
carrelages en briques,
Q u ô I QU E la principale propriété de la pouzzolane foit de prendre
corps dans l'eau , d'y acquérir une extrême dureté , ôc de former parla
le plus excellent & le plus parfait ciment que nous connoilîions pour
les conftruâions dans la mer , pour celles des baiTins , des aqueducs,
des citernes & des différentes pieces deftinées à recevoir l'eau ou à
être expofées à l'humidité ; néanmoins je crois qu'en employant cette
matiere volcanifée avec certaines précautions, on peut en tirer un partí
très-avantageux pour les ouvrages hors de l'eau , c'eft à quoi je me fuis
particulièrement attaché dans une fuite d'expériences que j'ai tentées
à ce fujet.
Je fais qu'en Italie on fait ufage de pouzzolane pour couvrir les terrafles;
mais comme on n'y apporte pas ordinairement tout le foin qu'exige
l'emploi & le traitement de cette matiere , il arrive qu'on eft fouvenn
obligé de revenir à de nouvelles opérations ôc de rétablir les dégradations
qui fe manifeftent de temps en temps.
Je crus donc qu'il feroit poflîble de conftruire dans ce genre des ouvrages
de la plus grande folidité, en faifant ufage d'un procédé bien
fimple , c'eft-à-dire , en prenant toujours la nature pour guide & pour
modele. Or , je dis en moi-même , la pouzzolane mêlée avec la chaux
vive prend corps dans l'eau au bout de dix femaines, je n'ai qu'à faire
faire des terrafles avec un bon mortier de cette matiere , les tenir huj
n e â é e s pendant tout ce temps- là, je dois obtenir un corps folide ,
homogene, & d'une dureté à peu-près égale à celle qu'acquiert le mortier
de pouzzolane dans l'eau.
Ce fut en partant de ce principe, qui fe trouvoit d'accord avec ce
que j'ai dit de la théorie de la dureté de la chaux, que je pris le parti
de faire carreler en pouzzolane un fallón que je venois de conftruire au
rez-de-chauflee de ma maifon.
Pour parvenir à faire un ouvrage folide , voici de quelle maniere je
procédai : je fis faire deux efpeces de mortier j le premier coníiñoic en
une portion de chaux vive nouvellement éteinte ; une portion de pouzzolane
du Vivarais, une partie de gros fable de riviere non terreux,
une portion de recoupe de pierres, dont les plus groñes n'excédoienc
pas la grandeur d'un écu de trois livres.
Ce fut avec ces différentes matieres , 6c d'après les procédés dont j'at
déjà fait mention , qu'on forma un gros mortier qu'on mit en tas pour
y refter quarante-huit heures, afin de donner le temps à tous les grains
de chaux de fe dillbudre exaâement , pour éviter les pouflées.
Le fécond mortier qui fut conftruit en même-temps, confiftoit en
une partie de chaux vive nouvelle , deux parties de pouzzolane rouge
du Vivaxais , pilée & paffée au fas ; le tout exaftement broyé , fut éga-
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