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précipiter dans un grand ravin qui eft fur la gauche ; en tout il eft plus
ikse Scplus prudent de fuivre le chemin le plus long.
Dès qu'on aura vifité la Gravcnne, U qu'on fe fera repofé à Theuyts,
il eft efliintiel d'aller vifiter l'immenfe pavé qui eft au bord de VArdeche,
qui n'eft qu'à 500 pas du bourg ; on s'y rend par une route étroite ,
mais des plus curieufes , en pafl'ant fous l'arche inférieure d'un po.it à
deux étages, qu'on a très-artiftement conftruit pour faire pafler lagrande
route , iSc couper un précipice affreux d'environ 500 pieds de profondeur
; ce lieu fé nomme b Gueuh d'enfer. ^
On peut y defcendre fans aucune efpece de danger, par un fentier
efcarpé qu'on a pratiqué avec art en maniéré d'efcalier , tantôt fur des
prifmes de bafalte , tantôt fur des mafles de granit. _ _
L e poiit repofé d'un côté fur un granit fain Se dur , tandis qu il eft
appuyé de l'autre contre un rocher bafaltique, & ce rocher eft le commencement
d'un pavé en prifmes divergens, difpofés en plufieurs fens_;
cette grande maffe porte à nud fur le granit, mais les matieres qui fe
font détachées, & les encombremens empêchent de voit les points de
contaa de lalaveavecle granit. ^ . ^ „
Une cafcade fuperbe fe précipite avec fracas, depuis le pont julqu a
la profondeur de l'abîme , on eft étourdi par le bruit de l'eau & ravi par
l'horreur 8c la beauté du fpedacle ; c'eft cette vue difficile à rendre-,
dont j'ai fait prendre une partie. Toye^ planche XIIL •
L e rocher de bafalte en prifmes , dont on ne voit qu'une portion fur
l a gauche du pont, fuit la difpofition du roc de granit furlequelilrepofe,
& deicénd jufqu'à ce qu'il ait gagné un nivau horizontal,où il fe développe
& forme une des plus belles & des plus vaftes chauflees du Vivarais
; ce grand pavé qui fe prolonge & remonte la rive gauche dé VAr-
¿ec/ie,aplusde 100 pieds d'élévation les prifmes y font d'un très-grand
5 é l , & contiennent quelquefois du granit 5c des fragmens de fchorl
jioir.
• Les habitans de cette partie du Vivarais où les montagnes commencent
à s'élever, ne fontni auffi durs niauffiféroces qu'on les enaccufe;
i'ai apperçu, dans une fuite de voyages que j'ai faits chez eux, qu'ils font
en général complaifans , empreffés même à obliger les étrangers, mais il
faut leur parler avec douceur & politefl'e ; je ne les ai point trouvés
intéreflés , les ayant très-fouvent vu préférer du tabac, dont ils font
très-amateurs, à de l'argent qu'on veut leur donner lorfqu'ils ont rendu
•quelques petits fervices.
' Ils font en général extrêmement curieux & un peu mélians, accablant
les étrangers de queftions ; comme ils ont beaucoup de peine, qu'ils
font chargés d'impôts & de redevances feigneurialès, ils font obligés de
vivre avec beaucoup d'économie, 8c de réferver pour leur nourriture les
denrées dé la plus mauvàife qualité. Ces gens font affei généralement
iombres , triftes 8c mélancoliques j leur langage eft lourd 8c groflier
comme leur perfonne , ils portent des habits de lame noirâtre, femblables
à ceux des Cbrfes, 8c de gros fabots de bois , élevés de plufieurs
pouces , avec lefquels ils marchent néanmoins très-bien.
L a trifteflé 8c la mélancolie les conduit à la dévotion ; je me fuis apperçu
les jours de fêtes 8c de dimanches qu'ils fréquentoient fort affij'i.
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l ' O N T DIC OliFAIJ.K D'ENFER,
Où L' HiMirllC'pnsmalujuf. repose'sm- le Orufiit.
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