^ o S V O L C A N S ÉTEINTS
b i r e m e n t un pet i t treflaillemenc dans les poumons , fuivi d'une legere
a i p i r a t i o n j je cont inuai à lui ver fer dans la gueul e de l'alkali volatil que
j e mitigeai avec de l'eau , j'agitai l 'animal, je le fecouai quelques mom
e a s , les poumons repr i rent un p e u de j e u , & je profitai de cetiniianc
p o u r lui infinuer de l'alkali dans les narines ; il o u v r i t alors les y e u x , 5c
m i o l a quelque temps après ; je le mis à terre où il fit des efforts réitér
é s pour fe foulever fur fes jambes ; il e n vint cependant à b o u t , mais
n o n fans beaucoup de peine , car le p a u v r e animal avoit ét é cruellement
a f f e d t é par la vapeur j peu de temps après il fe tint fur fes pieds &
m a r c h a : c omme il é toi t foible il eût été dangereux de refaire de nouv
e l l e s expériences fur l u i , mais le fait eft que l'alkali volatil le tira de
l ' é t a t d'afphixie le plus complet & le rappella à la v ie, non comme Sim
u l a n t , mais en fe combinant avec le gas acide qui r egne dans ce puits.
J ' a i une fui t e d'expériences faites p o f t é r i e u r eme n t à ce f u j e t , que je
r e n d r a i quelques jours publiques ; je les ai entreprifes fans aucune efp
e c e de p révent ion, Se j e puis aflurer d'avance qu'elles tendent toutes
á prouver que l'alkali volatil fluide , & même dans certains cas l'alkali
c o n c r e t , agit dans les é t a t s d'afphixie c omp l e t e , non comme ftimulant,
m a i s comme neutralifant l'acide dug-aj ; je démontrerai qu'il eft des cas
à la véri t é où l'air feul & l'eau peuvent rappel ler à l a vie les fujet s f u f -
f o q u é s par la vapeur, lorfque l'afphixie n'eft pas complete, mais que
i o r f q u ' e l l e e f t à fon dernier pér iode, pourvu qu'il n ' y ait aucun déchirem
e n t dans les vaifleaux, ni épanchement de fang dans le cerveau , l'alk
a l i volatil, affoibli même par beaucoup d'eau , efl: f eu l capable de red
o n n e r le jeu aux principes de la vie , & s'il eft quelques cas où les
f u f f o q u é s n e puiflént pas revenir, rien ne doit détourner de faire ufage
d e l 'alkal i , qu'on peut joindre fi l'on veut aux afperfions d'eau & aux
a u t r e s fecours indiqués , pourvu qu'ils ne contrarient pas l'effet de l'alk
a l i , ce qui ef t t r è s - impor t ant à obferver. J'ai l 'honneur d'être , &c.
C ' e f t en revenant de Neyrac qu'il eft à p ropos d'aller obferver fur le
b o r d de la riviere d'Ardeche , dans la part i e qui fai t face au h ame a u , un.
p h é n o m e n e intéreffant pour les amateur s de la lythologie : la let tre que
j ' a i a d r e f l é e à ce f u j e t à M . de Saumure, & que je joins ici , fervira à comp
l é t e r les détails que j'avois à donne r fur les envi rons de Neyrac.'
L E T T R E adrejfée à M. DE SÀUSSURE.
J e n'eus pas le t emps , Monlîeur , à l'époque où J'eus l 'honneur de
v o u s envoyer les dernieres laves du Viva r a i s , dont vous avez paru trèsf
a t i s f a i t , de vous faire parvenir quelques détails fur une efpece de
poudingue quiétoic compris dans cet envoi j cet t e pier re très-finguliere
& très-curieufe méritoit cependant d'être accompagnée de quelques
o b f e r v a t i o n s locales qui fervent à la rendre encore plus intéreffante.
S i vous vous donnez la peine d'examiner de nouveau ce poudingue,
v o u s vous appercevrez qu'il a pour bafe & pour pâte une matiere
g r a n i t e u f e , ou pour mieux dire , un véritable granit qui , confidéré à la
l o u p e ,offre des grains de feld- fpat h b lanc & rougeâtre , quelques lames
d e mica, ôc quelques paillettes de fchorl noi r : on t rouve dans cette
e f p e c e
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e f p e c e de b reche , des noyau^ de bafalte noir compafte , & des laves
n o i r e s à demi-poreufes ; 5°. des cailloux roulés & arrondis de granit,
d e quartz , de feld- fpathj j ' y ai même eu rencontré des éclats de fchi f tes
l i i i c a c é s .
C ' e f t fur le bord de la riviere , ô cdans le lit même de VArdeche ^ e n
f a c e du hameau de Neyrac en Vivarai s , qu'exiftent des maifes coniîdér
a b l e s , mais peu élevées, de ce poudingue^ dont la baf e reffemble tell
e m e n t à celle des granits, que je fus finguliérement embarraiîe en exam
i n a n t cette pierre j mais j e ne tardai pas à m'appercevoi r que ce n'ét
o i t ici q u ' u n j;oz/ii'm^i/e,qui ne di f féroi tdes aut res que par f a p â t e formée
p a r une matiere graniteufe très-remarquable: cependant les laves qui
s ' y trouvoient engagées , r e n d a n t cet objet t r è s - int é r e f i ant , j e cherchai
d è s - l o r s , dans l 'examen des l ieux, à d é couvr i r quelques indices p ropres à
me donner des éclai rci f femens f ur l a f o rma t i o n de cet t e efpece de brechej
v o i c i de quelle maniéré je procédai.
J ' é t u d i a i d'abord la forme, la pof i t ion, l a contextur e des mafles de ce
poudingue-y je diftinguai qu'il occupoi t une por t ion du,fond de la riviere,
d a n s une e fpace d'environ vingt pas de longueur , vers la partie droite
d u bord , & qu'il for toi t de la pierre en s'élevant enpla n incliné, à une
h u i t a i n e de pas fur le rivage ; quant à fa contextur e , je vis clairemenc
q u ' e l l e n 'of f roi t a u c u n e di fpof i t ion r égul i e r e , qu' i l n 'exi f toi c ici ni couche
n i l i t , mais que le tout compofoit une maflé folide compaf t e , & d'une
g r a n d e dureté j c e qui me furprenoit le plus, c'eft que dans l 'endroi t où
finiiîbit ce poudingue re t r o u voi s les mêmes matières , c ' e f t - à -di r e les
mêmes cailloux roulés, mêlés de portions de bafal te également roulé
â a n s un fable grani teuxj mais ici cet ailemblage de pierre n'étoit point:
a g l u t i n é , la riviere ne rouloit pas d 'aut res matieres, Se fon fable étoic
l e produit des beaux granit s micacés qu'elle entraîne les bafaltes & les
a u t r e s cailloux roulés font apportés par les r a v i n s j pourquoi donc ne fe
t r o u v e n t - i l s joints &I iés par le fuc l apidi f ique , que dans ce f eul endroit?
c ' é c o i t - l à le noeud de la difficulté.
J ' e x a m i n a i s'il ne découleroi t pas du coteau voi f în, correipondant à
c e t t e partie, quelque fource tuffeufe qui t ranfpor taf f e d e s molécules calc
a i r e s , propres à s'aglutiner ainfî ces malles de cailloux roulés, & je
r e m a r q u a i en effet u n e fource qui defcendoi t de la m o n t a g n e , 6c fe jetoin
d a n s la riviere d'Ardeche, en baignant le local même où étoient les caill
o u x aglutinés; mais cet t e fource de la plus grande limpidité, ne dépof
o i t aucun fédiment; je la goûtai & je m'apperçus avec furprife qu'elle
é t o i t acidulé, je la fournis à quelques expériences,"& j e reconnus qu'elle
é t o i t fortement imprégnée d'air fixe } je ne doutai plus alo_fS que ce
n e fût à ce ¿'ûJ acide qu'étoit due l'adhéfion de ces maffes, mais j'avoue
q u e j e ne concevois aucunement de quelle maniéré lachofe s'opéroit,
c ' é t o i t beaucoup pour moi d ' avoi r pu en r e connoi t r e lacaufe. J e remontai
a l o r s cette fource , & je vis que le fond de fon lit étoit , dans
p l u f i e u r s endroi ts, fur-tout dans la partie où il y avoit de petits repos
d ' e a u , ent ièrement pavé d'un poudingue prefque tout volcanique , trèsd
u r , o c c a f îonné par le fluide imprégné d'air fixe; poudingue qui n'exiftoic
a u reft e que fur la partie où l'eau couloir. Cet t e eipece de fontaine me
c o n d u i f i t , e n la r emont ant par divers circuits, au deflus du h ame a u de
l i i i