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pays où l'argile ne doit pas être rare, on ne préféré pas la brique pulvérifée,
qui coûteroit le double moins, puifque l'extraftion en feroic
beaucoup plus facile , & qu'on fe trouveroit difpenfé de la faire cuire
deux fois. Cette premiere idée s'çft d'abord préfentée à moi , mais ayant
analyfé cette pouzzolane de M. Baggé, j'ai reconnu qu'elle étoit chargée
d'une très-grande quantité de molécules ferrugineufes , que le feu convertit
en une efpece de chaux d'un brun rougeâtre : j'y en ai trouvé
prefqu'aucant que dans la pouzzolane d'Italie , & que dans celle du
Vivarais : c'eit certainement à cette abondance de principes métalliques
qu'eil due la propriété qu'a cette matiere de fe rapprocher par fes effets
des pouzzolanes volcaniques.
Il ne faut pas fe perfuader au refte que le fchifte ardoifé de Suede
étant calciné, ait la même apparence extérieure 6c la même contexture
que la pouzzolane ordinaire : cette derniere efl: poreufe & remarquable
par de petits grains de fchorl noir qu'on y voit briller : on voit d'ailleurs
qu'elle eft le produit d'un feu d'une nature bien différente , tandis que
la pouzzolane de Suede reffemble à une pierre terreufe, d'un brun rougeâtre,
compaâe & nullement poreufe.
Il feroit donc difficile d'après cela de tirer la moindre induftion fur
l'efpece 8c la qualité des pierres primitives qui fervent à former les
laves & les pouzzolanes volcaniques j ce qui auroit pu être une conclufîon
bien intéreffante du mémoire de M. Baggé; mais cette ardoife noire donne
par la'calcination un produit û différent des véritables matieres volcaniféès
, qu'on auroit tort de croire que les volcans opèrent fur -des productions
de cette nature pour en former des laves.
X^onjeclures Jirr la théorie de la dureté du mortier.
L E meilleur mortier J celui qui efl: fait avec une chaux vive de bonn-e
qualité , n'a pas encore acquis fon dernier degré de duret-é au -bout de
trente ans, difen't journellement les maçons confommés dans latpratique
des bâtimens : c'eft en démoiiffant des marfons plus ou moins anciennes,
qu'ils ont été à portée de faire ibuvent cette obfervation : les maifons
les plus ordinaires, ajoutent-ils, celles quiont été bâties avec des-matériaux
communs ÔCavec un mortier médiocre, ont des murs peu 'folides, friaible«
faciles à abattre 5 mais les murs de ces mêmes bâtimens, qui f e trouvent
dans les fondat ions, étant à l'abri de l'air, & éprouvant une 'humidité
confiante , deviennent à la longue de la plus grande dureté, tandis
que ceux qui font au niveau de terre, fe trouvant expofés à l'aâion
alternative d'un airfec d'un air'humide, fouffrent le plus, & tombent
"en éclat & en pourriture.
J'ai fouvent réfléchi fur les caufes qui pouvoient occaiionnerdes modifications
iî différentes dans un même mur, ce qui m'a engagé à faire
quelques recherches fuivies à ce fujet : je vais donc hafarder à cette
occalion quelques conjeftures qui ont pour but-l'utilité publique & l'avantage
des particuliers. Je ferai trop recompenfé fi je puis mettre-fur
la voie de per feâionnerun'ar t auffi néceffaire '& aufli utile que celui de
bâtir. Je me fuis principalement attaché à étudier & à fuivre les procédés
de la nature. Ils font unis, peu compliqués,-ilmples comme elle; &
S U R LA POUZZOLANE, .
, fi en voulant la copier, nous nous écartons fi fouvent de notre modele
nous fommcs bien excufables ; le temps nous manque , & nous fommes'
preñes de jouir.
Je vais pofer ici quelques principes préliminaires, dont il eft effentiel
que je donne la notice, afin que les naturaliftes, les phyficiens & les
autres perfonnes inftruites qui liront ces recherches, fâchent de quel
point je fuis parti : c'eft pour me rendre plus clair & plus méthodique
que j'adopterai l'ordre qui fuit. ^
" 'Î""'" tr a n f p a r e n t , dit un de nos habiles chv-
>. miftes , doit être ccnfidéré comme la pierre calcaire la plus pure ; il
« fe diflout entièrement dans l'acide nitreux, décrépite lorfqu'on l'éx-
>. pofe au feu, & produit par la calcination l'une des meilleures chaux
» connues. La bonne qualité de la chaux dépend en partie de la pureté
J. de la pierre quon calcine; la chaux qu'on obtient du marbre blanc &
.. du marbre noir eft préférable à celle de la pierre à chaux commune .
» & celle de la pierre a chaux vaut mieux que celle qu'on feroit avec là
craie. » IW. Sage, élémcns de minéralogie, tome I , pag. 14,
2°. La folidité & la dureté de la pierre calcaire doit être, felon toutes
Jes apparences, attribuée à une efpece de cryftallifation. Voyez avec la
loupe le marbre le plus pur, vous y découvrez des lames, des éclats
vitreux, qui annoncent une cryftallifation fpathique , plus ou moins
contule íoit en raifon des corps intermédiaires qui ont intercepté le
rapprochement des molécules, foit parce que l'opération s'eft faite d'une
maniere trop précipitée.
3°. La pierre calcaire calcinée perd environ la moitié de fon poids;
l e a u de la cryftallifation eft enlevée par le feu; la matiere graffe elî
brulee; la pierre devient tendre & acquiert la plus grande aptitude à
s emparer des molécules humides de l'air; l'eau y eft bientôt abforbée;
une chaleur fort#fe manifefte ; la chaux fe dilate & tombe en poulfiere
4 . Cette pouffiere de chaux qui eft le produit de la calcination, ne
peut regagner une parue de fa dureté que par un nouveau rapprochement
des molécules, que par une nouvelle réunion des parties; en un
mot que par une nouvelle cryftallifation opérée à l'aide d'un liquide.
5 . Ce liquide eft l'eau la plus pure & la moins chargée de corps
étrangers; la chaux y devient foluble, elle s'y fond, elle s'y diflbut
avec facilite; dès-lors la fuperficie de cette eau fe couvre de petits
cryftaux feuilletés, qu'on a nommés improprement crème de chaux- ces
petites lames font les véritables élémens de la pierre calcaire, qui fe revivifient;
ce n'eft plus de la chaux, c'eft un fpath calcaire régénéré.
6 . « Lorfqu'on diftille de la pierre calcaire dans une cornue de verre,
» dit M. Sage, elemens de minéralogie, tome I,pag 121, il fe dégage
.. un acide volatil furchargé de phlogiftique; cet acide, fourni par la
» decompofition de la matiere grafl'e contenue dans la pierre calcaire",
» eft réduit en vapeurs fi expenfibles par le moyen du feu, que fi l'on
)) n'avoit pas foin de les coercer par un alkali, elles romproient les vaif-
" .1"'°" a^ec trop de foin; mais lorfqu'on a mis de
» 1 alkah dans le récipient, on ne court aucun danger; l'acide devenu
11 libre, fe combine immédiatement avec lui pour former un fel qui
• Si l'on fond dn miuiam ivec 6» parties ds tcire calííire, one portion de cette chiuî fe revivifie.