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certainement d'un mauvais temps ; il fert de grenier à foin dans ce moment;
pour moi je penferois plutôt que c'eft une chapelle fort ancienne,
bâtie peut-être fur les ruines d'un temple dédié à Diane ; c'eft ainii
que le chriftianifme s'honoroit de planter la foi fur les débris du pagaiiifme.
On monte à l'églife de Saint-Michel par un efcalier fait en rampe ,
dont on voit les murs de foutien exaûement rendus dans la gravure ; on
trouve fur les plates formes qui fervent de tournant, de petits oratoires
pour les ames pieufes qui vont honorer l'Archange Michel ; cette églife
m'a paru très-ancienne ; la façade en eil fupportée par de petites colonnes
effilées, courtes ik fans proportion ;mais j'ai remarqué audeifus
de la porte d'entrée une efpece de mofaïque afltîz iinguliere, formée par
des lofanges de lave très-noire , proprement 5c régulièrement taillés,
mélangés d'autres lofanges d'une pierre blanche très-éclatante ; ces placages
en pierre font encore coupés par des liftes de marbre & de porphyre
rouge : une telle mofaïque annonce l'ancienneté du lieu. Comme
on a été forcé de fe conformer à la tournure du plateau fupèrieur du
rocher , pour y conftruire cette églife, on la trouvera bâtie en équerre
avec des retours ; cette forme, quoique iinguliere,ne déplaît pas autanc
qu'on le croiroit, du moins fur le local ; les voûtes baffes dans certains
endroits , plus élevées dans d'autres , font fupportées par de courtes
colonnes d'un mauvais genre , dont quelques-unes font en granit; malgré
cela cet édifice perché fur un pic aufli ifolé, fa tournure bizarre , k
forme gothique de fon clocher, ces reftes de colonnes en granit, ces débris
de mofaïque , où l'on diftingue encore quelques plaques de marbre
& de porphyre , ces détails & cet enfemble intéreffent & plaifent, on
ne fait trop pourquoi ; mais le rocher lui-même eft bien fait à fon tour
pour faire l'admiration des naturaliftes par fa forme Se par les matieres
qui le compofent.
Il eft, ainfi que je l'ai déjà dit, le produit d'un mélange de fragmens
de laves poreufes, noires & grifes, & de gros morceaux de bafalte d'un
noir grifàtre un peu altéré dans certains endroits, tandis qu'il eft trèsfain
dans d'autres ; on y trouve des noyaux de granit, de quartz, de
pierre calcaire altérée, & de fpath attaquable par les acides, diflèminé
çà ik là dans certaines parties.Quoique le rocher de Saint-Michel foie
en général d'une nature à peu près femblable à celle du rocher Corneille,
je trouve le premier un peu plushomogene; les fragmens de bafalte pur
y font plus abondans, & la lave décompofée y domine moins : on ne
peut cependant lui attribuer que la même origine , c'eft-â-dire, qu'ils onC
été l'un & l'autre formés fous les eaux par un volcan formidable ; il font
peut-être le produit de plufieurs éruptions qui ont ainfi pétri , manié,
remanié, amalgamé ces différentes matieres; il eft poftible qu'ils ayenc
été ainfi moulés dans des amas de vafes & de fubftances boueufes que
les eaux en fe retirant auront enfuite entraînées, & que le laps de temps
&c les pluies auront balayées. On trouve dans ces mêmes rochers quelques
maffes de matieres volcaniques plus anciennes encore, ce font des
efpeces de breches, formées par le feu fans le concours de l'eau dans la
profondeur des abymes fouterreins; ces dernieres doivent leur origine
à des laves recalcinées jufqu'à la vitrification, reprifes enfuite par de