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l o S MÉMOIRE SUR LES SCHORLS.
fchorlpnfmatiques,petits,mincesôcdéliésion en trouve de"toute grandeurj
ils n'ont pas toujours été détachés de leur matrice fans en avoir entraîne
avec eux quelques lambeaux; car j'ai fait voir à meflieurs les commiffaires
de l'académie une lave poreufe d'un gris bleuâtre, du cratere de
Chenavari, renfermant un noyau de feld-fpath très-fain & très-brillant,
qui contient lui-même un joli petit cryilal de fchorl noir, très-diftinft
& des mieux caradlérifés. J'ai découvert depuis lors pluiieurs morceaux
de bafalte avec du quartz, dans lequel on voit des aiguilles prifmatiques
de fchorl. Il faudroit donc dire ici que la lave a formé le quartz ,
enfuite le fchorl dans le quartz même.
Tous les cryftaux ou les noyaux de fchorl noir qu'on trouve iî abondamment
dans le bafalte & dans les différentes laves , y font toujours
implantés folidement & les pénètrent dans tous les fens j on n'y
voit aucun vuide, aucune concamération où cette prétendue cryftallifation
de fchorl ait pu s'opérer. Il faut donc croire que ce n'eft qu'accidentellement
que le fchorl fe trouve dafls les laves ; mais comment la chofe
a-t-elle pu fe faire ? Avouons de bonne-foi que nous n'avons que de
lîmples conjeâures à ce fujet : mais parce que nous ne comprenons pas
cette opération, devons-nous nous refufer à une fuite de preuves qui
annoncent toutes que les fchorls ne font pas le produit du feu? Je terminerai
ce long mémoire par le fentiment de M. de Sauflure, de Geneve ;
ce favant m'écrivit, dans le mois d'avril de l'année derniere 1777,
en ces termes : » je vous fuis infiniment obligé des pierres intéreflantes
« que vous m'avez envoyées, & fur-tout de la belle colonne de bafalte
)) quim'a fait le plus fenfîble plaifir : je fuis comblé de vos bienfaits;je
» l'étois déjà en quittant Montelimar, & j'attendois avec empreile-
» ment l'occafion de vous le témoigner. J'aurai le plailîr de vous envoyer
» des fchorls de nos Alpes ; je fuis comme vous perfuadé qu'ils ne font
« pas plus des produftions du feu que le quartz, le feld-ipath & les
r> autres ingrédiens des montagnes primitives , puifqu'on les, trouve
n mélangés avec toutes ces matieres, de maniéré à démontrer qu'il s'eil
» formé & s'eft cryftallifé en même temps que ces montagnes fe for-
» moient, Ôcc. »
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D E L A Z È O L I T E .
^ A zéolite eft un genre de pierre connu depuis peu, dont la
découverte appartient à M. le baron de Cronftedt, qui en a
' donné la defcription dans le tome XVI I I , année 1756, des
mémoires de l'académie royale de Suede. Feu M. le préiidenf:
Ogier s'etoit procuré, dans fon ambalTade. en Danemarck, une fuite
nombreufe & très-variée des zéolites de Ferroè j ce fut par fon moyen
que l'o^j parvint à bien connoître cette pierre en France. M. Pazumot,
de l'académie de Di jon , bon naturalifte, 6c familier avec les volcans de
l'Auvergne qu'il a très-bien viiités , vit chez M. le préfident Ogier, U
note d'un minéralogifte danois qui annonçoit que la zéolite d'Iilande
fe trouvoit dans les cavités d'une efpece de pierre quiparoiflbit avoir été
volcanifée. M. Pazumot, dont les yeux fe font exercés fur les matieres
volcaniques , reconnut, à l'examen de la terre adhérente aux morceaux
de zéolice d'Iflande, qu'elle avoit en eiFet fubi l'atSion du feu ; cette
découverte lui donna l'idée défaire examiner chymiquement, & par
coniparaifon avec la zéolite, une pierre qu'il avoit trouvée près de Folvîc,
à l'endroit nommé ¿a Paufette de-Marcouin, entre des couches de bafalte
grumeleux; il en parla alors à M. Defmareft.
M. le duc de la Rochefoucault eflaya de traiter cette pierre ; mais elle
£t effervefcence dans l'eau forte , & y devint foluble. Malgré cela,
M. Pazumot, fachant qu'il y avoit quelques zéolites en partie iòlubles
dans les acides, ne fe découragea pas & remit à M. le préfident Ogier
u n mémoire très-détaillé pour faire paifer en Danemarck , afin d'y
prendre des inflruftions locales propres à répandre du jour fur cette
jTiatiere. Ce magiftrat mourut le mémoire fut perdu ou demeura fans
réponfe. Le cabinet de M. le préfident Ogier fut mis en vente ; M. Pazumot
y fit l'acquifition d'un morceau de lave connue fous le nom de
peperino, contenant de la zéolite cryftallifée enrayons diverge ns , qui
forma une gelée avec l'acide nitreux, ce qui ne laiila aucun doute fur
la nature de ce morceau.
C e premier apperçu donna lieu à M. Pazumot de pouf lerfes recherches
plus loin; il trouva de la zéolite dans les peperino des volcans
éteints de Gergovia en Auvergne , & dans d'autres matieres volcanifées
de divers pays. Il fit alors un mémoire intéreflant fur la zéolite , qu'il
lut à l'académie royale des fciences , le famedi 16 juin 177Ó. La conclufion
de ce mémoire fut que la zéolite fe trouvant dans des échantillons
volcanifés d'Iilande & de Ferroë , dans ceux de Gergovia & du vieux
Brifach , de l'île Bourbon 8c de l'île de France , eft une reproduârion de
la déco-mpoiition des terres volcanifées. Les commiflaires nommés pour
l'examen de ce mémoire furent meflieurs Daubenton & Sage , qui,
dans leur rapport du 51 juillet 177Ó, regardèrent les obfervations de
M. Pazumot comme neuves , & jugèrent que fon mémoire devoit être
imprimé parmi ceux des favans étrangers, ce qui fut ainfi arrêté par
l'académie.
On voit par ce narré, dont les faits fout extraits du memoire même
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