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brûlante. On voie, à ce qu'afiurent les voyageurs , quelquefoii clans la
partie du fudde ce volcan, de^s-ruifleaux defouire fondu qui coulent parmi
les neiges. L e dofteur Heberden aflure qu'on trouve vers la fommite de
grandes quantitésd'un fel qu'il regarde.commelevrai natrum des anciens :
il dit en avoir raraafle lui-mênie. J
M. Adanfon, dans ion voyage au Sénégal, fait mention du pic de
T é n é r i i f e . II paroît que ce naturalifte y a vu des prifmes de bafalte, qu'il
ne regardoit pas probablement alors comme un .produit volcanique. Il
eft vrai qu'il n.e dit pas^ page 11 de fon livre , où i l eft queftion de ces
pierres dont la configuration lui parut étonnante , que ce fulfent des
prifmes de bafalte.j mais il y a tout,lieu de penfer que d£,pareilles pierres
fur une montagne volcanique , telle que celle de Teide, doivent être
des laves prifmatiques. Sur le tout, M. le chev-alier de B o r d a , auffi bon
obfervateur que favant modefte, fera mieux connoître les produÎHons
du pic de Téaériffe , qu'il vient de vifiter, 8c qu'il a mefuré avec des
précautions qui annoncent fon habileté , & une attention qui caraftérife
fon exaftitude. On ne peut qu'attendre.avíela plus vive impatience,
la publication du voyage de cet infatigable académicien.
L ' î l e de Madere , felon le rapport de pluiieurs voyageurs , eft une île
brûlée. Voye z ce qu'en.dit le capitaine Cook, Voyage autour du monde,
entrepris par ordre de fa majeflé Britannique , tome Í J , page zzo.
L ' î l e de Bourbon renferme un volcan très-curieux; il fut vifité le 27
6 le 28 oñobre 1768 par M. de Crémont, commiflaire - ordonnateur
de cette île ; quoiqu'il y ait jde tr.ès-bonaes chofes dans la relation qu'il
a donné de fon voyage á ce volcan, il feroit à deiîrer qu'on eût des détails
plus circoiiiîanciés fur l a .qualité des-matières que produit la montagne
ardente de cette île. La fameufe éruption qu'on y éprouva le 14
mai 1766, fut remarquable par un phénomene extraordinaire ; car le
lendemain , à.cinq Jieures .du matin , on trouva,, à Îîx lieues du volcan ,
dans un endroit nommé Vétang falé ^ la .terre -couverte d'un verre jaun
â t r e , .capillaire , flexible : il y avoit de ces fílamens vitreux qui avoient
deux ou trois pie,ds de longueur,; on y voyoit .de diftance ,en diftance
de petits globules vitreux j on peut voir au cabinet du roi de ce verre
qui y a été envoyé par M. Commerçon.
V O D C A N S D'AMÉRIQUE.
T E R C E R E , &la plupart des îles Açores , renferment des volcans.
On voit à la Guadeloupe une montagne fulphureufe qui jette de la
fumée & de la flamme.
M. Bouguer nous apprend, dans fon voyage au Pérou, queplufieurs
montagnes de ce pays ont une difpolîtion prochaine à l'incendie j que
prefque toutes ont été des volcans ou le font encore aûuellement,
malgré leurétonnante élévation &les neiges qui lescouvr-ent continuellement.
Cotopaxi eft un des plus confidérables. C'eft fur ces hautes
montagnes de l'équateur que font peut-être les foyers volcaniques les
plus formidables & les plus abondans en matieres inflammables -, cette
immenfe chaîne eft fans contredit le plus grand tableau volcanique qui
c x i f t e dans la nature. On eft véritablement chagrin Se mortifié qu'un
L T . S V O L C A N S B R U L À N S. $5
voyage aufliintéreftant 6c aufli heureufement'exécuté que celui que firent:
les académiciens envoyés par ordre dû^Wifous cette zone brûlante
glaciale tout-à-la-fois , ait fi peu rendu pourl%iftoire naturellcj & c'eft
avecle plus grandregret que les perfonnes qùife plaifént à l'étude Êc à la
recherche des mac-ieresvolcanifées, voient ces favans & îhfarigables mathématiciens,
monter avec des.peines étonnantes fùrlespiàscûrieufes montagnes
du globe,;fans y être fuivis de quelques n-aturali'ftes exercés dans
la lithologie, & dans la connoiflance des différentes déjeétions volcamqiies.
Î'admiré certainement, & je rends juftice aux belles & utiles
operaçiofts de M. Bouguer & de fes compagnons •: j e le reraefcïe ^même
int?ériem-ement des détails ^qu'il nous à do'nn^ fûï cétte -fuite de volcans ;
mzïs ces détails n'e font que de 'gr-andes'efquiiîes, qui font naître ïa pïùs
f o roe envi e âe connaître rfn pays miffi curieux &; suffi inftraffif '(Aié ie
Péi-aù , fiege 'habituel Ses tremMemens i e ter « , te 'expldfions les Mus
épouvantables &des éruptions prefque journal iews. Pichinctajftre'i^iipa,
Malahallo , Carapa, Sangaï , font des monts ardens où fe forme la foudre,'
où l'air frémit fans celle, où la terre eft continuel lement ébranlée, où les
rochers fe heurtent les uns contre les autres , ie brifexit & iont jetés au
loin : ici coulent des rivieres de fouf re; là, des fleuves de laves enflammés
vont combler des valons , ou former des cafcades de feu. On y voit des
montagnesnouvellesfeformer, 8c des rochers de matiere fondue, percer
& fe faire jour à travers des rochers plus anciens. Enfin , quel regret
lorfque M. Bouguer nous apprend qu'on a la facilité, dans des pays auffi
utiles à connoître,» de voir l'intérieur de la terre à une affez grande pro-
» fondeur, parce que tout y eft coupé de ravines. On en trouve fré-
» quemment, qui ont zoo toifes de largeur, & i o à 80 de profondeur ;
)) il y en a même quelques-unes de deux fois plus grandes Il fuflît
)i de chercher quelque endroit pour defcendre dans ces efpeces de grands
)> lits de rivieres qui ne contiennent toujours que très-peu d'eau, &; on
)) peut examiner toutes les qualités des différentes couches de la terre...
» On y apperçoit beaucoup de ce fable noir qui eft attiré par l'aimant |
» & il eft facile de reconnoitre que les couches qu'ony remarque & dont
» les nuances font très-diftinftes , bien-loin d'être l'effet des différentes
» alluvions, font plutôt l'expanfion des matieres vomies par les volcans. i>
Les regrets ne font qu'augmenter lorfqu'on entend encore le même
académicien nous dire, dans les détails de fon retour depuis Quito jufqu'à
la mer du nord par la riviere de la Magdelaine : » il me falloic
)) obferver en chemin l'aiguille aimantée , parce qu'elle étoit fujette à
)) diverfes irrégularités. Je trouvois fouvent des quartiers de rochers
» qui étoient répandus fur la furface de la terre. Ces rochers étoient
» noirs extérieurement ; ils paroiffoient avoir été expofés à l'aftion du
Î> feu , & je croirois volontiers qu'ils avoient été lancés par l'explofion
)> de quelques volcans. Je ne puis mieux les comparer qu'à des maffes
» d'argille qui fe feroient fendues & gercées au folei l , & qui fe feroient
» enfuite converties en pierre. L'aimant avoit des déclinaifons toutes
)1 différentes dans ces endroits ; il fuffifoit de faire cinq à fix pas pour
j) voir l'aiguille aimantée changer de direftion , quelquefois de plus de
)1 30 degrés. On voit de ces pierres en divers l ieux; mais il y en a de
« -très-rsmarquables vers le tiers de la diftance de la Plata à Honda,
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