mv a «I ' é'
B
If ^ H
I M
h h I
I ' - ' ' . T
P? I
i i
11'
hhI
" i i i
V ' '
m-'
520 V O L C A N S ÉTEINTS
fuperbe ouvrage fait pour aller de pair avec ceux des Romains ; il faut
avoir vu ce chemin pour fe faire ime idée des peines ik des dépenfes
qu'a dû coûter Texécution de cette entreprife hardie : il a fallu tailler
dans les plus durs rochers , & fur une montagne qui a plus de 200 toifes
d'élévation perpendiculaire , un chemin de 6100 toifes de long fur 5 de
large , dirigé en corniche fur le flanc de la montagne.
On a été forcé, pour vaincre & franchirde profonds ravins, de conftruire
vingt-deux ponts , dont quelques-uns font à double & à triple
rang d'arcade : ces ponts qu'on voit s'élever les uns fur les autres,produifent
un efl'et très-piquant; ils font conftruits en granit & en laves
rougeâtres , qu'on tire du volcan de Bannes. Quoique ce chemin foie
commode ôcbienfait, il faut au moins deux heures & demie pour parvenir
au plus haut de la côte ; on voyage toujours parmi les granits qui
font quelquefois un peufchifteux , & mêlés de mica : on rencontre aufll
quelques malles ifolées d'un très-beau granit d'un gris blanc noirâtre ,
parfemé de -mica & de fchorl ; ce granit eft fufceptile d'un beau poli.
Lorfqu'on a fait le quart du chemin de la montée de la côte , on voie
dansun granit qui f e décompofe & qui efttrès-friable,une couche de feld- '
fpath blanc , lardé de beaucoup de mica en feuilles, difpofé par bandes
de la largeur de 4 ou 5 lignes : j'ai trouvé de ce mica cryftallifé en feg-
•mens de prlfmes hexagones.
L a fommité de la montagne où eft la région des fapins, eft compofée
cl'un vrai granit gris-blanc, très-dur, mêlé de points de fchorl noir
de mica.
C'eft vers le plus haut delà montagne qu'on rencontre quelques habitations
nommées la Narfe ; l'on eft ici à 200 toifes au delîlis de la
bafe de la'montagne , 8c on commence à trouver des fragmens de matières
volcaniques, difperfés de droit ÔC de gauche ; on ne carde pas en
avançant à rencontrer abondamment des prifmes, & on trouve fur la
droite des maifes bafaltiques :c'eft dans cette partie où commencent les
volcans du haut Vivarais.
On entre après la Narfe fur une vafte plaine en montagne j ici tout
eft inculte, agrefte , froid , fauvage & défère ; ce grand plateau couvert
d'une mauvaife peloufe, a plus de demi-lieue de longueur ; la vuefeperd
de toutes parts dans un lointain obfcur : on fe trouve ifolé dans ce climat
où la nature perd fon éclat, & l'ame s'attrifte & s'inquiete dans
cette folitude.
On ne trouve dans ce lieu fauvage qu'une feule maifon nommée
Peyre-Baille, cette efpece de cabane peut être d'un grand fecours aux
voyageurs en cas d'orage, particulièrement dans la faifon des neiges.
Si ce grand plateau, perché fur une hauteur coniîdérable, ne peint a
l'ame que des idées fombres & mélancoliques , l'obfervateur peut y
trouver de quoi fe diftraire; il ne fera plus étonné de ce que tout annonce
ici le deuil de la nature, le défordre & la dévaftation, lorfqu'il
fera attention, vers les approches de Peyre-Baille, où la peloufe & toute
le verdure difparoît, que Le fol eft entièrement jonché de toutes parts
d'une quantité étonnante de blocs de bafalte,dont pluiieurs font roulés 6c
arrondis,mêlés avec de gros granits ¿gaiement roulés,le tout confoiidu,
tantôt avec un fable purement quartxeux, tantôt avec un fable noir volcanique
A '
D U V I V A R A I s. 52r
canique, formé par le détriment des laves : cependant point de montagnes
qui dominent, on eft, il faut l'avouer, aufli étonné qu'embarraííe
•à l 'afpeft de ce grand objet.
On pourroit croire d'abord que c'étoit ici un immenfe fommet volcanique,
qui fe feroit détruit & enfeveli; ce défordre extrême fembleroit
i'annoncer; mais les mafles de bafaltes roulés, & les cailloux de granit
qui les accompagnent, la difpolîtion & l'égalité du fol , annoncent mieux
encore que les eaux de la mer ont manié, ufé &C arrondi ainii toutes ces
matières, & en ont formé cette vafte plate-forme, qu'elles auront ainii
é g a l i f é e j voilà ce que tout naturalifte fans prévention & de bonne foi,
jie pourra s'empêcher de croire.
D e Peyre-Baille on fe rend à Praddles par un aiîez beau chemin fur
les matières volcanifées, interrompues de temps en temps par des granits.
ENVIRONS DE PRADELLES.
VHERMITAGE j CHENELETTE, ARDENNE , SAINT-CLÉMENT,
bords de I'ALLÎER.
pRADELLES eft une petite ville du plus haut Vivarais, iïtuée dans
les matières volcaniques; je ne dirai rien de l'âpreté de fon climat,
'|3arce que M. Tabbé de. Mor tefagne qui eft de cette ville, m'a fait l'honneur
de m'adreilerdes lettres très-intérelîantes -à-ce fujet, qu'on tikiuv
e r a à la fuite de cet ouvrage; je dirai feulement que Pradelles eft environné
de grandes buttes debafalte, que les plus coniidérables font VHermitage,
Chenehtte, Ardenne, qu'on voit de très-beaux rochers volcaniques
non loin de i Allier du côté de Saint-Clément, &c.
L e iîte & la difpofition générale des volcans de cette partie du haut
Vivarais, différent eflentieÎlemenc de ceux des parties méridionales de
cette province ; le bafalte eft plus communément en grandes mafies
inégales, en tables, en boules ; les prifmes y font moins réguliers; les
cráteres n'y font plus reconnoilîables, & tout en général femble y annoncer
diverfes révolutions ; on trouve allez fouvent dans les terres des
blocs debafalte roulés 5c arrondis, desfragmens-deprifmes ufés, mêlés&C
confondus avec des pierres de granit également arrondies, tout annonce
que la même révolution diluvienne, qui a formé, le grand plateau de
.Peyre-Baille,eñvenufe jouer ici & y aproduit les ravages dont des yeux
exercés apperçoivent de toutes parts les traces; de terribles courans
femblent avoir détruit & renverfë les cráteres, bouleverfé les chauffées
, difperfé la plupart des prifmes, 6c occadonné des changemens
qui nous empêchent de reconnoitre la marche primitive de ces anciens
•volcans. Nos yeux trop conftamment appliqués à de petits objets^ ont
tant de peine à s'accoutumer avec le grand, que ce n'eft qu'à force de
.travail, d'ufage, de recherches , de réflexions, qu'on peut venir à bout de
vaincre le pouvoir impérieux de l'habitude, &. qu'on fe familiarife à fai-
-fir l'enfemble de pluiieurs opérations de la nature, qui nous prouvent
:toute l'étendue de fes moyens.
. Les. volcans du haut Vivarais portent en général plufieurs càraûeres
M mm m