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^a'nt. Nicolas
¡ac I'Arcna.Aij
willci de Cata-
48 DI S C O URS SUR
» éruptions ne fe voient que rarement, & chacun Ce flatte qu'il n'en
î» arrivera aucune de fon temps j ou fi elle arrive , que la lave épar-
» gnera fon ter reinj mais la plus grande & laplus forte raifon pourquoi
» les voifinages des volcans font fi habite's , c'eft leur grande fertilité.
>) Après avoir monté doucement environ quatre heures, nous arrivâ-
» mes au petit couvent de Saint-Nicolas de l'Arena, qui eft à peu-près
i) à I 5 milles de Catane, &C à un mille du volcan, d'où fortit la deri)
niere grande éruption de 1669 j dont le comte de Winchelfea, qui
» fe trouva alors à Ca t ane , au retour de fon ambaflade de Conftanti-
« nople, donna une relation très-circonftanciée très-curieufe à l a
« cour, qui fut bientôt après imprimée à L o n d r e s , ôc dont j'ai vu une
» copie à P a ï enne , dans la bibliothèque du prince Torremuzza. Nous
» paifâmes la nuit du 24 dans le c o u v e n t des bénédi£lms , 5c nous em-
» ployâmes le matin d'après à examiner les ravages qu'avoit fait cette
n terrible éruption fur le riche pays piémontois. Lalave fortit dans une
» vigne à un mille de Saint-Nicolas; & par des explofions fréquentes
» de pierres & de cendres, y éleva une montagne que je juge de la
» hauteur d'un mille, 8c de 3 milles au moins de circonférence à fa bafe.
» La lave qui en for t i t , 6c fur laquelle il n'y a encore aucun fîgne de
» végétation , a 14 milles de longueur , & dans plufieurs endroits 6 d e
» largeur. Elle vint jufqu'à Catane, détruifiC une partie de fes murs,"
» enfevelit un amphitheatre , un aqueduc, & plufieurs autres monumens
)) de fon ancienne grandeur, qui avoient jufques-là réfifté aux injures
» du temps, 6c fit dans la mer un trajet alfez confidérable pour y for -
M raer d'abord un port fûr & beau , mais qui bientôt après fut comblé
» par un nouveau torrent de la même matiere enflammée : circonftance
» qui afflige encore aujourd'hui les habitans de Catane , qui n'ont point
j) de port. Il n'y a pas eu depuis d'éruption aufli confidérable , mais l'on
î) voit les fignes certains de plufieurs éruptions antérieures qui ont été
)) plus terribles.
"ïniption qtil
lórme dans une
TigneAuti mille
<ie Saint.Nico-
Jas. une montagno
d'un mille
duhauteurSi de
conférence à fa
fcafe.
Lave de 14
milles de lonfur
6 de
rdanscerendroits.
» A z ou 5 milles aux environs de la montagne élevée par cette érupn
tion , tout eft inculte 6c couvert de cendres : mais avec le temps ce
» terrein & cet t e montagne feront auffi fertiles que plufieurs autres de
« fon voifinage, qui ont auifi été formées par des explofions. Si l'on
« pouvoit favoir avec certitude les dates de ces explofions , elles feroient
» très-curieufes, 6c on en tireroit des conféquences pour fixer le temps
« néceflaire pour le retour de la végétation. Selon l'état différent des
» montagnes élevées par des éruptions , celles que je préfume être les
» plus nouvelles , font couvertes de cendres feulement; d'autres, d'une
)) date précédente, le font de petites plantes & d 'herbes , & les plus
« anciennes font couvertes des plus grands arbres que j'aie vu. Je crois
» que la formation de ces dernieres eft d'une date trop ancienne pour
» être à la portée de l'hiftoire. Au pied de la montagne élevée par l'é-
» ruptionde l'année 1669, il y a une foife par l a q u e l l e , au moyen
» d'une corde,nous defcendîmes dans différentes cavernes fouterreines,
» qui fe ramifioient 6c s'étendoient très-loin ; tellement que nous n'ha-
» fardâmes pas de nous y enfoncer, le froid d'ailleurs y étant exceÎ^
Caverne5 que
l'Etna.
fif, Scun vent violent éteignant f réquemment quelques-uns de nos flam-
» beaux. Il y a apparence que ces cavernes contenoient la lave qui
» f e
L E S VOLCANS BRULANS. 49
)> fe fît j o u r &. s'étendit, comme je viens de le d i r e , jufqu'à Catane.
)) On connoît plufieurs de ces cavités fouterreines dans d'autres parties
)) de l'Etna, telle que celle que les payfans nomment h Baracca-f^eci)
chia ; une autre, la Spdonca délia Palomba ( parce que les pigeons fau-
)) vages y font leurs nids); & la caverne Thalia dont parle Boccace :
)) quelques-unes font des magafins pour la neige; toute la Sicile & i'ifle
») de Malte tirant du mont Etna cette produSion effentielle dans un
» climat chaud. Je crois qu'on en découvriroit bien d'autres encore ii
» on les cherchoit particulièrement près & au deiTous du cratere , d'où
j) des grandes laves font forties ; car l'immenfe quantité de matiere
» que l'on voit au delTus du fol , fuppofe néceflairement des grands
» vuides au defîbus.
)) Après avoir paffé le mat in du 25 à faire ces obfervations , nous
» traverfâmes la fécondé région, ou la région du milieu de l ' E t n a ,
» appellée la Selvofa , une des plus belles chofes de ce genre. D e cha-
» que côté il y a des montagnes ou des fragmens de montagnes élevées
î) par différentes explofions anciennes ; il y en a quelques-unes prefque
» aufli hautes que le V é f u v e ; une fur-tout (comme nous l'affura notre
)) guide le chanoine , qui l'avoic mefurée ) , a près d'un mille de hau-
» teur 6c 5 milles de circonférence à fa bafe. Elles font toutes, ainii
)) que les riches vallées qui lesféparent , plus ou moins couver tes, même
» dans leurs cráteres, de chênes, de châtaignier s 6c de fapins plus
» grands que ceux que j'ai vu ailleurs ; ôc c'eft de-là principalement
)) qu'on tire les bois de conftruâion pour l'ufage des chantiers du r o i
» de Naples. Cette partie de l'Etna écoit déjà célebre par fes bois du
» temps des tyrans de Syracufe ; 6c devant néceflairement, comme j e
)) l'ai déjà d i t , s'écouler bien des fiecles entre l'éruption Scie moment
» où la lave peut être propre à la v égé t a t ion , nous pouvons de - là Grande antu
» nous former une idée du grand âge de ce r e fpedabl e volcan. Les "
» châtaigniers étoient l'efpece d'arbres la plus commune dans les en-
« droits que nous traverfâmes; 6c quoique très-grands, on ne fauroit
» les comparer avec quelques-uns d'une autre partie de la région Sel-
» vofa, appellée Carpinetto. J'ai entendu dire par plufieurs perionnes, 6c
» particulièrement par notre chanoine qui a mefur é le plus grand châ-
» taignier de ce canton, app.ellé le châtaignier de cent chevaux, qu'il
)) a plus de 28 cannes napolitaines de circonférence ( 149 pieds 6c
» 4 pouces ) i la canne napolitaine étant de 64 pouces de france,
» vous pourrez, monfieur, juger de la taille immenfe de cet arbre
H fameux. Il eft c reux, mais il y, en a un à côté qui eft fain & preí -
)) que aufli gros. Je n'allai point voir ces arbres, parce qu'il ,'auroit fallu
» employer deux jours à ce voyage, 6c qu'il faifoit trop chaud. Il eft
» étonnant que des arbres puillent fleurir dans un terrein fi peu pro-
» fond, car ils ne peuvent pénétrer beaucoup fans trouver un rocher
» de lave. La plupart des racines des grands arbres, de ce côté - là,
» font fur terre , 6c par l'impreflion de l'air ont acquis une écorce
)) pareille à celle de leurs branches. Dans cette partie de la montagne
» fe trouvent les plus beaux beftiaux de la Sicile : nous avons remar-
» qué qu'en général les cornes de boeufs de la Sicile font une fois auflî
» grandes que celles des beftiaux que l'on voit ailleurs. Au refte,les
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