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C1IATF.AU DE ROCHKiMAl RE,
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turels tie bafalte en colonnes cUfpofées en plufîeurs fens , dont on a fu
proEter adroitement pour y élever deflus, des parapets, des murs avec
d'antres colonnes tranfportées : les premiers préfentent de lourdes
mafles qui étonnent par leur couleur fombre & par leur organifation ;
les féconds annoncent la hardiefle des hommes, Si contraftent merveilleufement
avec les boulevardsque la puilîaiice de feux foutefteins a élevés,
mais le temps a tout altéré &. on voit avec furprife & avec admiration
les ruines de la nature parmi les ruines de l'art.
C'eft lorfqu'on a traverfé tous ces débris d'anciens bâtimens, qu'on
parvient à la derniere cour : on eft véritablement frappé du fpeftacle
qui s'y préfente ; c'eft une butte bafaltique prodigieufemeut élevée ;
on refte ftupéfait & on eft à chercher d'où a pu venir une mafl'e auflj
étonnante , auffi ifolée , ainfi perchée fur un plateau volcanique. J'ai
fait defliner ce morceau. Voyeiplaiichc II.
Il eft certain que la tournure & la configuration de ce rempart de bafalte
offre un tableau bien fmgulier ; la difpofition des prifmes mérite aulfi
toute l'attention des naturalifles. C'eft fur la plus haute fommité de la
butte qu'étoit bâti le dernier retranchement ou le donjon inacceftible
qui préfidoit à la défenfe & à la confervation du château dont on voit
les reftes ; on y monte par un efcalier qui a plus de quatre-vingt marches
, très-adroitement pratiqué dans une fiflure de lalave, & qu'on n'a
pas pu faire fentir dans le defl'ein, parce qu'il eft dans une partie oppofée
à celle qu'on a voulu repréfenter. ^ ^ ' •
Lorfqu'on eft parvenu au plus haut du donjon où il eft poilible de
monter, on eft faifi d'étonnement & d'une efpece d'horreur de fe trouver
fur un mont ifolé, d'une élévation fi prodigieufe .taillé à pic & efcarpé
de toute part ; on a d'autant plus lieu d'être furpris, qu'en montant
de Rochemaure au château on ne s'apperçoit pas que la montagne
foit ainfi ifolée, & on la croit attenante avec une autre plus élevee
encore, contre laquelle elle paroît adoflée ; mais ici un fpeaacle nouveau
fe préfente , on voie d'abord que la partie qui fait face au Rhône
eft abfolument inaccellible & a plus de fix cents pieds d'élévation^; du
côté du fud la vue fe précipite dans une ravine volcanique efcarpée , d'une
largeur & d'une profondeur confidérable ; on y découvre des chûtes Sc
des courans d'anciennes laves, qui defcendent par ondulation jufques
dans la plaine ; un ruifl'eau d'eau coule avec fracas là où étoit jadis
une riviere de feu , & y forme une cafcade bruyante ; d'autre part fi on
fe tourne du côté de l'oueft , on apperçoit une vafte & profonde déchirure
efpece d'abîme d'autant plus effrayant , que la terre eft ici d'une
couleur noire & brûlée, & qu'on ne peut pas douter que ce ne foit
une ancienne bouche à feu. Il faut abfolument que le naturalifte qui
voudra vifiterRoc/iemaiire, defcende dans cette excavation ; l'abord en
eft rapide , les efcarpemens en fontrudes , la profondeur en eft au moins
de quatre cents pieds, & la largeur de foixante & dix toifes dans certain^
es parties ; il faut y defcendre avec précaution ; on y verra avec
plaifirdes mafl'es immenfes d'une efpece de tuffa qui contient beaucoup
de fchorl noir en petits cryftauxoaogones, terminés pardes pyramides
triedres ; la plûpartfont dégradés , mais on en découvre cependant daiw
le nombre quelques-uns d'une belle confervation ; on y apperçoit aufli