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L E T T R E S .
ç u ' i i pourroit venir quelqu'un qui en ne parlant que d'après moiyprétendroitmavoir dévancè.
T o u s deux t rouvèrent , comme ils l 'ont die dans leur r appor t , que mes obfervations
é t o i e n t neuves ; & comme l'un (Sc l ' a u t r e avoienceu labont ^ de me communiquer des
m o r c e a u x de zéolite qui m'ont fervi de preuve, ils auroient jugé tout autrement
d e mes obfervations , lî M. Defmarei i eflt fait p a r t à l'académie en 1771» de ce
q u i a é t é infér é dans fon m émo i r e en 1777.
M a i s voici, Monf i eur , quelque cliofe de plus f o r t , c'eft que M. Defmareii: n' a
c o n n u que par moi que la zéolite fe trouve parmi les matières volcaniques. Je fis
c e t t e découvert e en 1775. ^ ^ précieufe colleûion de M. le préfident Ogier étoit
a l o r s en ma difpofitioo. J e communiquai mes idées à M. Defmareii, ainfi que je
l ' a i dit dans mon mémoire, en lui faifaut comparer les gangues des zéolites de
F oe r o ë & d'Iilande, avec les ter res volcanifées que nous venions d'obferver tout
r é c e m m e n t en Auve rgne . Nous avions fait enfemble un dernier voyage dans cette
p r o v i n c e en 1773, ^ Defmareii ignoroit lî bien ce que je lui communiquai en
e n 1775, que dans ce dernier v o y a g e , dont l 'objet écoit de reconnoi t r e d'une façon
p l u s précife, plufieurs objets volcanifés, nous ne fîmes ni l'un ni l'autre aucune
r e c h e r c h e quelconque, relative à la zéol i te, quoique j'euiTe mo n t r é à M . Defmareft
u n e matière zéoliteufe que ni lui ni moi ne connoiffions alors.
M . Defmarei i , flatté de ma découverte en 1775 , me recommanda de ne rien
d i r e , à caufe d'un r a p p o r t qu'il d evoi t fai r e d u mémoire de M . le b a r o n de Dietricht
f u r les matériaux volcanifés des bords du Rhi n en Souabe.
J e gardai le fecret, parce que je vouloi s avoir des expériences qui miiTent la
c h o f e dans tout fon jour, de maniéré à n e pouvoir elTuyer aucune contradiftion.
L e s expériences ayant été faites & ayant acquis les preuves complet tes, toujours
e n 1775 , je rédigeai me s obfervations. Je voulus les c ommu n i q u e r à M . Defmaref U
i l y avoit alors chez lui deux témoins, l'un eft M. Dufourny de Villiers, de la foc
i é t é libre d'émulation , l 'aut r e eil M . Barbolain qui.étudioit la chymi e & l'hiftoira
n a t u r e l l e . A peine eus-je iu le quart de c e que j'avoss écri t que M. Defmarei i s'éleva
e n ne voulant pas accorder qu'une lave de Foeroë que je lui montrois, contînt la
z é o l i t e : & je ceffai ma levure.
D ' a p r è s ces faits , M. Defmareii n'avoit donc pas encore reconnu en 1775 , la
z é o l i t e , ni en Italie, ni en Auvergne , puifqu' i l me difputa l 'exi i lence de la zéolite
d a n s ma lave de Fceroë. ••
A p r è s avoir lu mes obfervations à l ' a c adémi e , & après le r a p p o r t de MM. d'Aub
e n t o n & Sage, je communiquai à plufieurs favans d i l l ingués , mon mémoire avec
l a colleiftioQ des minéraux qui fervent de preuves. M. le duc de la Rochefoucauld
t r o u v a que l'objet étoit neéf & prouvé. MM. d'Arcet & Rouelle en penferent de
m ê m e . M. d'Arcet ne tarHa pas à me citer, dans fon cour s de chymi e au col lege •
r o y a l , comme auteur de la d é couve r t e ; quelques -uns de fes audi teurs vinrent voir
m e s minéraux; & enfin M. d'Au-bentoii ajouta à l'étiquette d'une iave du cabinet
d u jardin du roi, venue de l'ifle Bourban , dans la c o l k a i o n de M. Commerfon,
q u ' e l l e cont ient de la zéolite.
T o u t e s les per fonnes que je viens de ci ter connoiiTent toutes M. Defmareft , la
p l u p a r t ont m ême avec lui des liaifons part icul ières. Comment feroit-il arrivé que
t o u s ,d' a c cor d avec l'académie, eufTent regardé mes obfervations comme neuves
e n 1776, iî .M. D e fma r e f t eiit communiqué à l ' a c a d émi e en 1771 , quelque obfervav
a t i o n fur la zéolite, telle que celle qu'on lit dans fon mémoi r e impr imé en 1777 ?
C e t t e queftion n'eft pas difficile à réfoudre.
M a i s voici encor e un autre fait qui vous eft relat i f : peu après que j 'eus lu mon
m é m o i r e à l ' a c adémi e , lorfque votre colledion volcanifée du Vivarais. lui fût préf
e n t é e , M. D e fma r e f t , ainfi que M. Guettard, difpaterent l'exiftence de la zéolite
d a n s vos baiâltes. Ce fait eft c o n n u j il fallut l'expérience pour convaincre ces deux
a c a d é m i c i e n s . Sur l'aflertion univerfelle que je vous avois précédé dans cette déc
o u v e r t e , vous avez ét é convaincu, relativement à m o i ; mais perfonne à ce que
je penfe, ne s'eft avifé de vous dire que M. Defmareft fût le premier auteur des
o b f e r v a t i o n s .
Il eft aifé de conclure de cette reunion de faits que M. Defmareft n'avoit rien
d i t de la zéolite dans fon mémoire en 1771, mais indépendamment des fiiits ac-
CiiToires , l ' a c adémi e a jugé en 1776, par le rappor t de fes commi f l a i r e s , que mes
o b f e r v a t i o n s
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o b f e r v a t i o n s étoient nsuves.Ce jugement a c a d émi q u e me donne donc antériorité de
dace & de découvert e fur M. Defmareft. Pourroi t-i l dire qu'il n'en avoit pas conn
o i l f a n c e / il eft vrai qu'il n'étoit pas à la féance a c adémique, lorfque j ' y fis lefture
d e mes obfervat ions; mais il eft vrai suffi que M. d'Aubenton diiïéra de ligner le
r a p p o r t , jufqu' à ce qu'il eût communiqué mon mémoire à M. Defmareft.
C ' e r t donc à tor t (k avec connoiffance de caufe, que M .De fma r e f t a inféré e n 1777,
f e s aiTertions fur la zéol i te, fans avertir que c'étoit une addition, faite à ce qu'il
o v o i t lu à l'académie en 1771. Cet t e addition n'a pu être faite du confentemenc
d e l'académie; elle fe feroit compromife elle-même; mais l'auteur n'a pas penfé
q u ' i l la compromettoit en la mettant en contradiSion avec elle - même. Cette
f a v a n t e compagnie fera fans doute étonnée de cette hardieiTe téméraire.
D e plus encore , le rapport de MM. d'Aubenton & Sage ayant été imprimé
d a n s le journal de phyfique d u mois de janvier de cet t e a n n é e , fi M. Defmareft eût
e u l 'antériorité, il auroi t dûs'infcrire contre ce r a p p o r t , & fon filenceeftuneprsuve
f o r m e l l e cont r e lui.
I l eft vrai que M . D e fma r e f t , après avoir mis pour la premiere fois le mot ^éoluet
p a g e 609 , a a jout é au bas de la page la not e fuivante : » j'ai mis en digeftion avec
« l'acide nitreux la fubftance b lanchât r e qui fert de bale au bafalte noi r , & elle
n m'a donné une gelée; il ne s'en eft diffbus que les par t ies d'un blanc terne, fem-
» blable à la bafe du lapis. J'ai déjà rappellé cette expérience dans la fécondé
« partie de ce mémoi r e ».
C e t t e note e f t fûr ement for t adroi te, elle indui t à penferqueM. De fma r e f t a connu
l ' e x i f t e n c e de la zéolite dans les fchor l s , lors de l'impreiTion de la fécondé partie
d u mémoi r e en 1774 ; mai s en y recourant on t rouve en note, page 7 6 4 , que M.
D e f m a r e f t d i t » qu'il a foumi s les fchorl s & les g a b b r o s aux épreuves ( de l 'eau forte
» & de l'alkli fixe ) que M. Wa l l e r ius indique . . . . qu'il connoî t la part i e foluble...
» qu'elle reiTemble, traitée feule, à la bafe du lapis & même à celle de l'alun...
O r , en 1774, M. Defmareft étoit fûrement fort éloigné de penfer que la bafe du
l a p i s eût quelque ident i t é avec la zéol i t e ; il n'auroi t pas manqué d'en avertir ; mais
j e lailTe à faire des réflexions fur l ' a c cor d ou non accord de ces deux notes, relat
i v e m e n t à la zéolite comme zéol i te, & non pas comme reiTemblant à quelqu'autre
f u b f t a n c e .
U n e me refte p lus , Monf ieur ,qu' à ajouter une obfervation pour terminer cette
Q u o i q u ' i l paroiiTe d'abord que M. Defmaref t ait voulu dire de la zéolite toute
a u t r e chofe que ce que j'en ait dit dans m o n mémoire , c e p e n d a n t il n' a réellement
d i t que ce que j'ai avancé avant lui.
J ' a i dit que je ne penfois pas que l'on dût ranger la ^éolice parmi les produciions des
volcans, & que je la regardois comme une réproducîion de la décompofition d'une terre
volcanifée ; c'eft p réci fément ce qu' a di t M . Defmareft. Q u e l'on analyfe fcrupuleufem
e n t fon mémoi re, après avoir vu qu'ayant dit, page 659 > q ^ e « les fubftances
» calcaires 6c les zéolites dans les laves ou terres cui tes, doivent leur origine aux
»» raatieres premieres des laves altérées le moins qu'il eil polfibie » ; o n conclura
c o m m e lui , page 6 7 0 , « que le feu a y a n t divifé & dilperfé les p r inc ipe s de la zéolite
» au milieu des laves, ils ont été ou enveloppés par ces laves , ou dépofés à l'aide
d u véhicule de l'eau, dans les fentes des laves infiltrés jufqu' à l 'état calcé-
»K donieux.
I l eft clair que les aler t ions de M. Defmaref t ne font que redire ce que ) ai dit
a v a n t lui ; il eft vrai qûé je n'ai pas parlé d'infiltration jufqu'à l'état calcédonieux ; mai s
j ' a i fait ment ion d'un jafpe rouge qui a enveloppé la zéol i t e infi l trée par la diflblut
i o n martiale qui a color é le jafpe.
C o m m e je ne crains point d'être démenti dans tout ce que j'ai avance dans
c e t t e l e t t r e , vous pouvez , Monl î eur , en faire tel ufage qu'il vous plaira.
J e vous prie d'être perfuadé de tous les fentimens avec lefquels j'ai l'honneur
d ' ê t r e , Monlîeur, votre t rès-humbl e & très - obéi iTant fetviteur. P A S U M O T ,
ingénieur-géographe du roi, &c.
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