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426 SU R UN A N C I E N MONUMENT.
mais j'avoue, qlielqu'envie que j'aie^eu de les examiner, qu'il ne m'a
pas été poffible d'avoir cette facisfaâion: en voici la cauie. j'ai annoncé
que la tète étoic couverte d'une couronne faite en forme de caique;
oil croiroit naturellement trouver fous cette couronne une chevelure
ou quelqu'autre chofe qui dût y reflembler, mais point du tout ; le premier
objet qu'on apperçoit, ei\ une efpece .de tiflu noir aflez commun
, qui couvre totalement le defîus le derriere de la. tête , ix cache
entieremenc les oreilles. Sous cette premiere enveloppe on en remarque
une fécondé formée par des lifieres de foie noire, & enfin une
troifieme en toile de fil j le tout eft très-étroitement lié, ôc fortement
relîerré contre la téte. J'euiîé paiîionnémenc defiré de voir ce qu'il
y avoir fous cette triple enveloppe, mais on croyoit ne m'avoirdéjà
que trop accordé, en me permettant de tirer la flatue de fa niche,
il n'auroit falki rien moins que des ordres fupérieurs pour pouvoir la
dépouiller de toutes fes coëirures, & voir la tête dans fon érat naturel.
Je confeiie cependant que je ne pus m'empêchei de palier tout doucem.
ent mes doigts fous cette fuite de bandeaux , pour tâcher de découvrir
les oreilles ; mais hélas ! à mefure que j'avançois, j'entendois le
déchirement des bandelettes deflechées, comme cuites par la vétufté;
c etoit autant de déchirures que je craignois de faire à l'ame des
honnêtes eccléfiaftiques qui avoient bien voulu feconder ma curioiité.
La téte me parut abfolumeut liiîe Scfans chevelure j je ne puis qu'exhorter
melfieurs les chanoines, fî jamais on eft dans le cas de refaire d^
nouvelles coeffes à là ftatue qui en a grand befoin, d'examiner foigneufement
cette tête, & de la faire deiîner. Je n'oublierai pas de dire
qu'en paflanc mes doigts fous les enveloppes dont j'ai parlé, je fentis
dans la région du col, une efpece de relief à demi-cylindrique , à peu
près de la groûeur du petit doigt, qui fe prolongeoit depuis la naiffance
du col,jufqu'à la nuque où elle alîoit fe perdre; cette fmgularité,
vue ¿découvert &bienétudiée,pourroitdonner des lumieres fur la
quàlité eilentielle de cette figure, qui pourroit bien n'avoir pas toujours
été une image deftinée à repréfenter la mere de Dieu.
Il faut s'arrêter ici & dire un mot de la couronne qui n'eft point
d'un métal précieux, elle eft en cuivre doré,ayant la forme d'un cafque
travaillé à jour dans certaines parties, deux portions mobile's de ce caf--
que fe prolongent jufqu'au deflbus des oreilles ; ces efpeces d'oreillet-'
tes, quoique mobiles,font attachées à la couronne. La gravure exaâe
que j'en ai fait faire me difpenfe d'autres détails fur fa forme. Je re-j
marquai avec plaiiir qu'elle eft ornée de plufieurs camées antiques ,
parmi lefquels on voit deux belles têtes en relief, dont une de femmequi
me parut être une Julie , & une d'homme que je n'ai pas eu let
emps d'étudier ; on y en voit une troifieme qui eft environ de la grandeur
d'un écu de trois livres, qui repréfente la tête & la partie du devant
d'un très-beau cheval ; on voit à côté de ce couriîer un homme dontia
tête eft couverte d'un bonnet fait àla maniéré des Parthes, avec un très--
petit manteau légèrement jeté fur fes épaules nues, ainfi que le refte
du corps. Ce perionnage préfente à un autre homme, habillé dans le
niêmecoftume, un très-jeune enfant nudjcet homme aiïïs fur une efpecede
ciiaife antique, au pied de laquelle eft un fanglier, paroîc recevoir
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cet enfant avec emprefîement; ce fujet relatif peut-être à la naiiîance
d'Adonis, mérite une étude particulière ; iî j'euile eu le temps de le faire
deiîiner, je n'aurois pas manqué de le faire graver. La pierre eft une
agate onix, les figures font d'un très-beau relief & d'un ailez bon travail.
L'artifte a profité adroitement des couleurs de la pierre qui font
vives, pour enrehaufler les draperies. Le derriere de la couronne eft
encore orné d'une pierre antique , prefqu'auiîl grande que la précédente,
qui repréfenre une lionne en relief. On voit encore fur cette couronne
quelques pierres faufles, imitant des émeraudes, des rubis, &c. Je ne
parlerai pas de la fécondé couronne qui eft fur celle-ci, parce qu'elle
n'en vaut pas la peine.
De la Draperie & des autres ornemens de la Statue.
LA draperie eft groilîérement fculptée en bois, il n'y eft pas queftiori
de plis. Les toiles qui y font collées, ainfi que je l'ai déjà dit, font peintes
àla détrempe, non àla maniere de nos indiennes, mais avec des
couleurs épaiiîes 6c folides qui imitent celles des momies Egyptiennes.
L'habillement eft une efpece de tunique qui eft cenfée fe fermer pardevanc,
6c qui prend depuis le col jufqu'aux pieds ; elle eft fort étroite
êc fort reiTerrée dans la partie qui forme la taille , tandis qu'en defcendant
elle s'élargit en maniere de jupe , mais toujours fans plis : les manches
n'excedenc pas le coude où elles fe terminent en manchettes
ëvafées; de fécondés manches qui enveloppent étroitement le bras , fe
prolongent jufqu'aux poignets.
La partie de la robe depuis le col jufqu'à la ceinture, eft à fond verd,
mais d'un verd faux qui tire fur le bleu j les ornemens qu'on ydiftîngue
& dont j'ai fait defîiner exaftement les contours, font d'un blanc jaunâtre.
La jupe eft peinte en rouge ochreux, les lozanges &les autres
ornemens donc on l'a décorée, font d'un blanc terne; ceux qu'on a voulu
figurer pour imiter les agrémens & la garniture de la robe qui fe ferme
pardevant, font de couleur jaune; le bas de la jupe où l'on a voulu repréfenter
des efpeces de franges, font de la même couleur. On voit fur
la bordure des manchettes gauches de la robe, des caraderes que j'ai
fait defliner avec une exaftitude fur laquelle on peut compter. Voye^
la planche qui eji à la fin de ce mémoire.
Quoique les pieds de la ftatue paroiflent attenans à la jupe, ils en font
détachés, & les jambes fe prolongent même intérieurement d'environ
trois pouces & demi fous le vuide qui forme la jupe; elles font entourées
de plufieurs bandelettes peintes en noir; on voit encore une ouverture
d'environ trois pouces de longueur fur un pouce de largeur, pratiquée
dans le bois non loin de la naifîance des jambes ; cette ouverture qui
forme un redangle, a cinq pouces de profondeur, il me paroît qu'elle
a pu fervir à fixer la ftatue, ou fur un piedeftal, ou fur une chaife qui •
ne devoit pas être celle fur laquelle on la voit à préfent.
La face de la ftatue & fes pieds, ainfi que je l'ai déjà dit, font noirs,
mais les mains font peintes en blanc.
On ne découvre abfolument aucune élévation, aucun relief fur la
partie où devroit être placé le fein; il n'exifte aucun veftige de gorge.