z o S RE C H E R C H E S
p r e n d r e une couleur citrine ; décantez & verfez alors la liqueur dans
a u t a n t de verres féparés qu'il y a de difFérens lots ; prenez enfuice avec
l a pointe d'un petit tube de verre quelques gouttes de cet acide qui a
p a l l e fur les laves ; noyez-les dans un verre ordinaire plein d'eau de
p l u i e ou d'eau diitillee j jetez-y deux ou trois gouttes de bon alkalL
p h l o g i f t i q u é , & vous remarquerez fur le champ un beau précipité de
b l e u de Pruile.
L a pouzzolane rouge, celle qui eft d'un brun rougeâtre , le bafalte
& quelques laves poreufes fourniflent les teintures les plus chargées &
les plus fortes j mais toutes les autres matieres donnent une belle coul
e u r plus ou moins foncée e n rai fon du plus ou du moins d'altération que
l e fer a éprouvé à l 'époque des éruptions volcaniques. Verfez encore
f u r la poudr e qui ef t au fond de vos verres du nouvel acide marin j laiiTez
l e tout en digeftion pendant vingt-quatre heures ; l'acide s'imprégnera
e n c o r e d'une couleur citrine ; d é c ant e z de nouveau ; met tez toujours en
r é f e r v e la liqueur chargée des molécules ferrugineufes, & continuez
c e t t e manoeuvre pendant pluiîeurs jours -, v ous vous appercevrez alors
q u ' à mefure qu'un rïouvel acide marin vient s'approprier le fer des laves,
l e u r couleur s'afFoiblic i elles blanchiifent. Si vous continuez quelque
t e m p s cette expérience qui, quoique très-facile en apparence , exige
n é a n m o i n s beaucoup de p a t i enc e & une certaine dextér i té , v o u s viendrez
à bout de décolorer entièrement vos matieres, qui vous offriront une
f u b f t a n c e blanche, homogene , de la nature du quartz en poudre. J'ai
o b f e r v é que lî cette pouiîiere, quoique déjà décolorée, n'a pas entièr
e m e n t perdu tous fes principes fer rugineux, elle eft toujours fufible &
r e f l e m b l e alors à une efpece de feld-fpath pulvérulent : fi au contraire
o n vient à bout d'en enlever tout le fer , cet t e poulTiere eft alors de la
n a t u r e du quartz pur & infulible. Si on veut favoir enfuite exaÛemenC
l a quantité de fer qu'on a extrait des laves par l'intermede de l'acide
m a r i n , l 'opération fera facile par les lotions & les fîltrations de l'acide
q u ' o n a mis en réferve.
M , Sage eft le premier qui m' a mis fur la voi e de faire cette fuite
d ' e x p é r i e n c e s ; il a fait u n travail à peu-près femblable fur la lave noire
d u V é fuv e , dont il rend compte à l a page 325 du tome I de fes élémens
d e minéralogie.
I l réfulte des expér iences dont j e v iens de par ler & de pluf ieurs autres
q u ' i l feroi t trop long de rapporter ici:
1 ° , Que toutes les laves en général ont pourbaf e une matiere quartz
e u f e ou vitrifiable , unie avec beaucoup de fer , & que leur fufîbilité
n ' e f t due qu'à ce même fer.
2®. Q u e le bafalte eft de toutes les mat ieres vol canique s , cel l e qui eft
l a plus intimement liée ÔC c omb i n é e avec les élémens fer rugineux} que
l e fer y eft très-voifî n de l'état métal l ique, ôc que c'eft à cette caufe
q u ' o n peut attribuer la faci l i t é qu' a le bafalte de fe fondre.
3®, Q u e les laves fe trouvent plus ou moins altérées, foit dans leur
d u r e t é , leur contexture ou leur couleur , en raifon des différentes mod
i f i c a t i o n s qu' a éprouvé le principe ferrugineux attaqué par les fumées
v o l c a n i q u e s plus o u moins acides, plus o u moins imprégnées de phlogiftiq
u e o u de fubftances fal ines fixes ou volatiles.
S U R L A P O U Z Z O L A N E . ÎO$>
40. Cette fimilitude dans le réfultat de mes expériences fur les laves,
a n n o n c e une identité parfaite dans la matiere qui les compof e toutes :
d o n c les pouzzolanes , les tufa , les laves tendres , rouges, jaunâtres ou
d e différentes couleurs, les laves poreufes , les laves c omp a r e s font les
mêmes quant à leur elîence , & ne different que par les modifications
q u e le feu 6c les vapeurs qui s'en émanent y ont occafionné : donc fi la
m a t i e r e ferrugineufe , comme il y a lieu de le croire, a le pouvoir de
d o n n e r de la confiftance de la dureté aux corps avec lefquels elle
s ' u n i t , la fubftance qui en contiendra le plus fera fans doute la plus féc
o n d e en p r incipes propres à fourni r ce l ien, ce g luten invi f ibl e qui joint,
qui refferre les molécules & produit ce que nous appelions la dureté :
d o n c la pouzzolane rouge ou d'un brun rougeâtre étant une des prod
u i r i o n s volcaniques non-feulement la plus riche en fer , mai s celle oii
c e minéral fe trouve atténué & le plus à découver t , doit produire les
e f f e t s les plus marqués en ce genre ^
E n voilà allez pour donner une idée de la pouzzolane ; il eft temps
de paffer à l 'objet d'utilité qu'on en retire dans l'art de bâtir y c'eft de
q u o i je vais m'occuper dans la divi i lon fuivante.
D O S E S ET PROPORTIONS DANS LES.CIMENS DE POUZZOLANE.
O N peut employer la pouz zolane dans l'eau ou hors de l 'eau : quoique
f a principale vertu , celle qu'on a toujours regardée comme la plus utile
• Si. la plus intéreiî'ante , foit relative à la propriét é qu'elle a de.prendre
c o r p s dans l 'eau, &C d ' y former un ciment inattaquable aux f lots, q u i augm
e n t e même fans ceffe de dureté, je ferai voi r qu'on peut en tirer un.
p a r t i t rès-avantageux dans la conftruftion de plufieurs ouvrages expofés
à toutes les intempéries de l'air.
L a pouzzolane a c e l a d'agréable, que le ciment qu'on en forme n'exige
a b f o l u m e n t aucune'manipulation difficile & compliquée ; ce qui n'eft
c e r t a i n e m e n t pas un petit avantage, car les perfonnes accoutumées à
d i r i g e r des conftruftions , connoi f l ent les peines qu'on a de faire mettre
e n oeuvre, d'une maniere exafte, les pratiques fouvent les plus fimples ;
o n fait que pour p e u qu'el les exigent de foin, les m a noeu v r e s s'en ennuient,
s ' e n dégoûtent &C r e v i e n n e n t promptement à leurs premiers erremens
q u e l'habitude les a a c coutumé à regarder toujours comme ce qu'il y a
d e mieux.
I c i le ciment ou le mort ier, foit qu'on le deftine à être employé fous
l ' e a u ou en plein air, fe fait comme tous les mortiers ordinaires, en
m é l a n g e a n t la chaux nouvel lement éteinte avec la pouzzolane , l e fable
& l e s recoupes de pierre lorfque le cas l 'exige, dans les proportions que
j e vais indiquer , en y jetant de l 'eau & en broyant le tout à la maniere
o r d i n a i r e , comme fi on faifoit un mortier commun. O n ne fauroit cer-
« Le bafalte eft à !a vérici pour ie moins auiTi cliargi
de principes ferrugineux <iiie la pouzzolane , parce
qiiec'eftlui qui donne naiflance à cette dcmiere; mais
comme le fer s'y trouve enchaîné par les liens d'une
efpece de vitrification particulière & de l'efTence du
bafalte , il ne pourroit être fubftituë A la pouzzolane
qu'autant qu'on le diviferoic en parties très-fines,
6c dès-lors cette pouzzolane faftice feroit â peu-près
auiTi bonne que celle que la nature p
• • ' r
.are ;.mais il y
auroit de grandes difficultés pour réduire en poudre
un corps auflî dur ; cependant les Hollándois qui mettent
tout â profit ont eu I'lnduftrie d'imagmer des
moulins où ils r¿duifent en ponfTicre le bafaîte en
prifmes & les laves poreufes dures, q_u'ils vendent
ÍOUS le nom de pouzzolane, & qui en eftec en a toutes
les qualités. .. :
G g g
,1»