^ i S RE C H E R C H E S
/-mi eft gravée dans le journal de M. l'abbé Rozier ; j 'y renvoie le le fleur;
j'ajouterai feulement ce que dit M. Achard à la fin de cette defcription,
c'eft-à-dire , que je vais donner la conclufion de la lettre qui renferme
le réfultat de l'opération.
)) L'eau fe filtre alors fort lentement par les deux diaphragmes
)) Se parl e fable broyé qui eft entr'eux, & s'attache en gouttes & en
„ deflbus Pour que l'expérience réufliile , ces gouttes ne doivent
» fe fuccéder que dans Tefpace d'une demi-heure à l'autre , £c même
,) davantage.
» Après l'expiration de la dixieme femaine , j ai obtenu de cette
» maniéré de petits cryftaux fort durs & tranfparens i ils n'avoient
» aucune couleur lorfque je n'avois pas mis de la terre métallique dans
„ le tube i mais lorfque j'y eus mis un peu de chaux de ter , ils
» avoient une belle couleur rouge , approchant de celle_ du rubis.
» Lorfque je n'ai mis que de la terre calcaire dans ce tube, j'ai obtenu
» alors les cryftaux bien plus promptement a- >»
I l fuit naturellement de tout ce que nous venons de déduire , que la
régénération de la pierre calcaire convertie en chaux, n'eft pas une opération
prompte & rapide.
I l faut dix femaines à M. Achard pour former des cryftaux par le
moyen du procédé ingénieux qu'il a découvert ; mais qu'on faife attention
que ce chymifte exige que l'eau dont on fe fert comme diflolvant,
foit fortement &. continuellement imprégnée d'air fixe ; il recommande
de redonner toutes les huit ou toutes les douie heures du nouvel acide
volatil à l 'eau, & d'y en introduire par un double appareil propre à en
développer une grande quantité. On voit donc qu'en multipliant les
moyens , en forçant pour aÎnfi dire la nature , il faut cependant foixantedix
jours pour pouvoir obtenir des cryftaux.
Qu'on daigne à préfent jeter un coup d'oeil fur quelques procèdes
modernes qui viennent de nous être communiqués, pour former avec la
chaux divers cimens qui ont la propriété d'acquérir de la folidité & de
la dureté d'une maniéré très-prompte ; ils paroiifent fi fort s'e'carter des
loix de la nature , qu'il me femble qu'on doit être très-circonfpea pour
les mettre en ufage dans des ouvrages en grand b.
„nefodàédeginsie leitres, sjuiUtt i j j S , paset
b A'^eu ne plaife que )e veuille par-là déprécier les
le M. Loriot & de M. de la Fay
a On lit dans le mercure de France , du ^ juillet,
les détails fuivans , que ie lefteur verra fans douce
Magellan , de la (ocUcé royale de Londres,
» a fait voir à l'académie des fciences, dans Ion af-
» femblie du 17 iuin, ( 1778 ) deux cryftaux artificiels
„ qui lui ont éU envoyés de Berlin par M. Achard. Ils
n ont ézé formés, l'un en faifant filtrer très-ienrement
»> à travers de la craie, de i'eau faturée d'acide, connu
« fousJenom^'flir/ii;l'autteen&ifantfiltfercetce
i, même eau à travers la terre qui fercde baie à 1 alun.
», Le premier reiTemble finguliérement, par fa forme
» & fes propriétés, à un cryftal de fpath calcaire ; le
.. fécond , i une aiguille de cryftal de roche , & il en
« a toute la dureté. M. Baumé a publie un procédé
»> pat lequel il étoit p^uvenu i feire de l'alun avec
», du cryftal de roche. En rapprochant ces deux expé-
»> riences, il paroic que la terre de ¡'aiun n'eft que le
cryHal de roche privé d'air fixe , & que le cryfta!
déroché n'eft quelaterredoTaiun devenue, comme
„ les alkalis, fufceptible de fe cryftallifer par fa combi-
H naifon avec l'air fixe. » Mercure de France par
recherches de 1«.x^miu. w. ui. —-— — - -
citoyen qui s'occupe d'objets qui tendent à l a^ncementde5artsutile5,
adesdroicsànotrereconnoiflance.
L'ouvrage de M. Loriot, intitulé mémoire fur une ¿Zcoui'erce
daos l'an de bâtir, eft intéreíTant, & quoique
)e fois éloigné de croire que fon procédé eft celui qu ernployoient
les Romains, en partant même du paflage de
Pline, qui fert d'appui & de fondementau mémoire de
M. Loriot, néanmoins cet ouvrage mérite l'efttme du
public. Le procédé d'errçloj^er la chaux vive reduite
en poudre eft propre J la vérité à donner une certauic
dureté au ciment, parce que cette chaux vive ajoute
de l'acide à l'eau qui tient la chaux éteinte en diflblution
, & commence à la revivifier d'une maniere
très-prompte ; mais cette régénération eft d'autant plu»
fujetteà n'avoir qu'une adliélion faftice, à peu-près femblable
â celle du gypfe dans l'eau, qu'elle eft occafionnée
par un effl't trop précipité. D'aiileurs , la métllbde de
M. Loriot a été regardée somme un peu uop compli-
Mais
S U R L A P O U Z Z O L A N E . ti ^
Mais, pourra-t-on me dire , donnez vous-même de meilleures méthodes
, des moyens plus fürs & établis fur des principes mieux analyfés
? Je répondrai, copiez la nature, ou plutôt efforcez-vous de l'imiter de
loin , non pour tenter d'exécuter comme elle des ouvrages qui bravent
la durée des temps , nous n'avons ni le loifîr, ni les moyens, mais du
moins en la prenant pour modele , tâchons de ne pas nous écarter ii
diredement du plan qu'elle femble nous tracer.
Toutes les fois donc que nous voudrons élever des monuniens publics,
dont la durée doit répondre à la magnificence, puifqu'ils font faits, ou
du moins qu'ils doivent l'être, pour tranfmettre à lapoftérité des exemples
d'héroifme , de vertu, de patriotifme , ou pour fervir de dépôt aux
fciences 6c aux arts qui honorent l'humanité , dès-lors nous ne devons
abfolument rien négliger de tout ce qui peut tendre & concourir à
porter de tels monumens à leur perfection. Quelle idée les peuples de
l'antiquité , tels que les Egyptiens, les Grecs & les Romains ne nous
ont-ils pas donné de leur grandeur , de leur magnificence Se de leur
favoir en ce genre? Mettons comme eux le plus grand choix dans les
matériaux que nous devons employer dans nos conftruilions j cherchons
moins ce qui peut être le plus à notre portée, que ce qui peut convenir
à la perfeaion de l'art} nous ne ferons plus expofés alors à voir périr
tomber en ruine des monumens que nous avons vu conftruire fous
nos yeux, qui étoient faits pour immortalifer à jamais le iîecle qui les
avoit produits, & les artiftes qui les avoient dirigés. Au lieu d'employer
des routines groiTieres, qui s'éloignent directement des procédés de la
jnature ; au lieu de mettre en oeuvre des méthodes compliquées & embarraflantes,
Amplifions au contraire les chofes. L'hiftoire naturelle
qui étale à nos yeux mille objets précieux & utiles que nous foulions autrefois
aux pieds, la chymie qui vient de s'élever & de s'ennoblir parla fageife
.de fes méthodes, par la multiplicité de fes moyens, nous fourniiTenC
mille refiburces qui doivent néceflairement rapprocher les arts de leur
perfection.
L'art de bâtir eft celui qui peut profiter le plus avantageyfement de
plufieurs découvertes. Nous fommes forcés de convenir que jufqu'à préfent
nous n'avons rien de fur, rien de fondé en principes fur l'art des
cimens : voyons s'il ne feroit pas poflible detrouver quelques points d'appui
qui puflent nous fervir de regle & nous mettre au moins fur la bonne voie.
I l eft certain que la théorie de la régénération de la pierre calcaire
réduite en chaux, eft un fil propre à nous diriger & à nous conduire
dans cette route non frayée } mais malheureufement elle nous apprend
quée pour le commun des ouvriers, qui ont déjà beaucoup
de peine à exécuter les chofes les plus fimples :
toutes les différentes chaux, môme fouvent les meilleures,
ne s'accommodent pas de ces mélanges, & il parole
que ce nouveau procédé eft négligé dans ce morn
ent.
M. de la Faye, dans fes recherchis fur la preparation
que ¿es Romains donnoient à la ckaux, a traité ce
fujet d'une maniéré ttés-détaillée & mâmefcientifique,
&quoique cet auteur, en difant que les anciens faifoient
du véritable granit, ficqu'on pouvoir môme en fabriquer
encore, ait pré venu contre lui les naturalifte s,néanmoins
onnepeutqu'applaiidirà fa/nani'i ri i/epripa ri r/ac/jau«
pour Us conjlruclions j fa façon de la diflbudre, quoiqu'un
peu gênante, lorfqu'ii s'agit de grands travaux,eil
néanmoins très-bonne, parce quelle tend à divifer la
chaux & à en développer l'air fixe. Lorfqu'on eiî dans
le cas de faire ufage d'une excellence chaux vive , on
peut fe difpenfer de mettre en ceuvre la pratique de
M. de la Faye ; mais toutes les fois qu'on fera forcé
d'employer de la chaux d'une qualité médioere, )e
confeille, j'exhorte fort d'enfbire ufage. Voyez U page
34. du tome I de fonlivre, où cette méthode fe trouve
détaillée. Aurefte, l'ouvrage de M. de là Faye renferme
des recherches intéreiTantes. On lit à la fin du fécond
volume plufieurs lettres tres-curieufes de M, de Bruno
fur k maniere de bâtir dans les Indes.
M m m